Chapter 14

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- Je pense que j'ai quelque chose à te demander.
- Je t'écoute.
- J'ai oublié mes clefs sur mon bureau au lycée.
- Ah, c'est problématique.
- Ça te dérangerai de m'éberger cette nuit ?
- Non, pas de problème. Tu dors sur le canapé par contre. Je n'ai pas une pièce en plus pour des invités, c'est beaucoup trop cher.
- Merci.

Bien sûr T/P, tu t'attendais à quoi sérieusement.
- T/P ?
- Oui ?
- Tout va bien ?
- Oui, pourquoi ?
- Tu parais triste, c'est pour ça.
- Tu arrives à me voir dans le noir ?
- Bien sûr. Tu peux m'en parler, tu sais. Je pense que je suis digne de confiance.
- Elles vont bien tes chevilles ?
- Oui, pourquoi elles n'iraient pas bien ?

- Laisse tomber. À vrai dire, tu as raison. Mais je ne veux pas t'embêter.
Il se rasseoit sur le canapé. Je me tourne vers lui.
- Mon chat, Moustache, n'est toujours pas rentrer et je m'inquiète. Il rentre toujours avant 22h mais il est déjà 23h passé.
- Tu veux qu'on aille le chercher ?
- Maintenant ?
- Bien sûr. S'il est important pour toi, c'est encore plus urgent. Il ne faut pas perdre de temps.

Je me lève et allume la lumière avant d'éteindre la télévision.
- Attends moi à l'entrée. Je récupère mes clés de voiture.
Je cours dans ma chambre, attrape mes clés et ouvre l'armoire. Je refoule les images qui me viennent à l'esprit et prends un gilet.
Je le rejoins et mets une paire de chaussures. Je claque la porte et on prend l'ascenseur. Il met quelques temps avant de venir.

Des adolescents ont inondés la pauvre cabine. Aizawa me tire dans la mêlée et je suis inondé dans des paires de bras, de chapeaux multicolores et des téléphones. Un garçon me donne un coup dans les côtes. Il me coupe le souffle et je me courbe en me tenant le ventre. Je respire un coup malgré les relents d'alcool et de parfum qui habitent l'ascenseur. Aizawa écarte le garçon d'un coup de bras et se met devant moi.

- Tout va bien ?, chuchote t-il.
- Pourquoi tu chuchotes en fait, dis-je sur le même ton. Et je vais bien, juste un coup très désagréable. Tu t'inquiètes pour moi ?
- Oui.
Je ne m'attendais pas à autant d'honnêteté. L'ascenseur s'arrête plusieurs fois et des gens montent encore. Mais ils veulent qu'on tombe en chute libre et mourir ? C'est vraiment une fin pitoyable. Je suis écrasée contre le torse d'Aizawa. Ça commence à devenir une habitude, ces temps-ci. Il hausse un sourcil en signe d'excuse. Je ne le blâme pas.

On arrive enfin dans le hall de l'immeuble, après des grincements douteux de l'ascenseur. Je sors en vitesse et cours presque vers ma voiture. Je monte et claque la portière. Aizawa a réussi à suivre mon rythme sans aucun problème. Il n'est pas un pro héros pour rien. Je démarre en trombe.

Je conduit en silence. Personne ne parle. Je vais d'abord dans le parc où l'on a l'habitude d'y aller. Il n'est pas là. Je regarde au alentour de la poste. Rien. Le magasin de croquettes. Rien. Même à côté de chez Jen. Mais toujours rien. Il ne reste qu'une option. Je vérifie devant la S.P.A où je l'ai adopté. Je ratisse tout les lieux avec l'aide d'Aizawa. Mais on ne trouve rien. Je m'appuie contre ma voiture. Je soupire douloureusement. Je suis vraiment triste. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave.

Shôta pose sa main sur mon dos et le caresse doucement. Je dois avouer que ça m'apaise.
- Bon, on rentre ?
- D'accord. Mais je conduis.
Je ne proteste pas et lui donne mes clés. Je m'installe sur le siège passager et regarde le paysage défilé par la fenêtre.

- Je suis désolée de gâcher la soirée. Je ne pensais pas que ça aller autant m'affecter. Je ne sais même pas si je peux appeler ça une disparition. Je me sens vraiment irresponsable et nulle. Oui, nulle. J'ai l'impression que toutes les choses que j'ai accomplies dans ma vie, je ne les ai réussi que grâce à mon entourage. Et quand je tente quelque chose de moi-même, il arrive un malheur ou tout foire...

Depuis quand je laisse mes émotions prendre le dessus moi. Il gare la voiture et sors. Je reste un instant les yeux fermés. Ma portière s'ouvre et il me tend sa main. Je la prends. Il m'aide à descendre et verrouille la voiture. Il me place devant lui.

- T/P, écoute moi. Tu es une personne formidable, d'accord ? Je te trouve vraiment forte, gentille, drôle même sans essayer de l'être. Ton chat est sorti mais il voulait juste prendre l'air. Il reviendra, je te le promets. Il ne te laissera pas toute seule. En tout cas, à sa place, je rentrerai pour ne pas t'inquiéter.

Je renifle.
- Tu vas me faire pleurer Shôta. Tu n'as pas honte de faire ça à une jeune femme.
- Si c'est pour que tu retrouve ton sourire, je n'ai aucun scrupule.
Je bat des paupières pour refouler les gouttes qui veulent tomber et sourit sincèrement.
- Merci. Moi aussi je te trouve incroyable. Je suis vraiment contente de t'avoir rencontré.

On arrive au hall mais on prend les escaliers.
- Tu es prête à monter 10 étages à pied ?
- Bien sûr. C'est mon quotidien, comme l'ascenseur est toujours exploité.
On commence notre ascension, ralenti par notre conversation. Au 5ème étage, il m'arrête.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ce que je vais dire va paraître très gamin et je vais sûrement le regretter toute ma vie. Mais, ça te dit de voir qui arrive en premier à ton appartement ?

Je lève un sourcil interrogateur. C'est vraiment étonnant de sa part. Néanmoins, j'accepte.
- Bien sûr. Mais on utilise seulement la force de nos jambes alors. Comme ça, pas de triche.
- Pas de problème.

On se place devant la marche. On compte jusqu'à trois et on part en courant. Je monte les escaliers 3 à 3. Il a une marche de plus. J'accélère mais je loupe une marche. Je me raccroche à la rambarde et reprends mon souffle. Il avance encore. Je ne vois plus que sa veste qui flotte derrière lui. Je le rattrape rapidement et on se dispute les dernières marches.

On pose le pied en même temps.
- J'ai gagné !, m'exclame-je.
- Non, j'ai posé mon pied avant toi.
- Non, c'était moi. J'ai bien vu.
Il sourit et m'éblouit une seconde de sa beauté. Mais ça ne changera pas le résultat.
- C'est moi qui est gagné.
Il soupire, résigné.
À ce moment, l'ascenseur sonne et les portes s'ouvrent. Bizarre. Dans cette étage, il n'y a que moi, un couple de hippies et un homme âgé très sympathique. Ça m'étonnerait que l'un d'entre eux soit encore réveillé à une heure aussi tardive.

Je vois une silhouette bien connue se dessiner. Mais qu'est-ce qu'il fait ici ?
- Hideo ?
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Aizawa Shôta x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant