Chapter 5

1.4K 53 18
                                    

*PDV de T/P*

Je me rasseois sur mon siège en paraissait le plus calme possible. À l'intérieur de mon corps, c'est un véritable feu d'artifice. J'ai des papillons dans le ventre, mon coeur bat la chamade, mes jambes flageollent, mes mains tremblent et mon cerveau ne veut pas oublier l'image de son cou, sa mâchoire, ses lèvres...

Je prétends une envie pressante et fonce dans les cabinets. Je me regarde dans le miroir. Rien à changer de l'extérieur mais je me sens complètement différente à l'intérieur. Je secoue la tête et me passe de l'eau froide sur le visage. La fraîcheur me fait le plus grand bien et m'aide quelque peu à ordonner mes idées.

Je repard à la table. Il m'attend. Il a entamé sa tasse de café mais n'a pas encore touché à son crumble. Il est sensationnel, avec ses cheveux attachés. Son visage est plus dégagée et je peux voir la cicatrice sous le bas de son oeil ainsi que les égratignures présentes.

J'attrape ma cuillère et entame mes desserts. C'est si bon ! Je ferme les yeux pour savourer chaque bouchée. Je me tourne enfin vers lui.
- Tu veux goûter ?
- Pourquoi pas ?, répond-il nonchalamment.
- Mais tu me laisses goûter ton crumble en échange alors.

Je prends un peu de fondant dans ma cuillère et lui tends le manche. La cuillère atterrit dans sa bouche. Il hoche la tête au rythme de ses mastications, l'air satisfait.
- Il n'est pas mal, ce fondant.
- Bien sûr ! C'est pour cela que je l'ai choisi voyons.

Mais je pense surtout à sa bouchée. Vient-on de réaliser un baiser indirect ? Je me penche vers son assiette de crumble mais à mon tour, sa cuillère prend d'assaut ma bouche. Je mâche lentement en savourant chaque miette.
- Il est à la myrtille !, m'exclame-je, c'est vraiment délicieux.

Je passe ma langue sur mes lèvres. J'aperçois une lueur brillée brièvement dans ses yeux avant qu'il ne se concentre sur sa tasse.
Nous finissons nos assiettes respectives, puis Aizawa se dirige vers le comptoir pour payer. Je fourre quelques serviettes en papier dans ma poche. Il me rejoint et on quitte le café.

On marche dans un silence apaisant. On arrive rapidement devant Yuei. Je me tourne vers lui, prête à le quitter quand je vois une traînée de sang sur sa joue. Je prends une grande inspiration et me mets sur la pointe des pieds avant de passer mon pouce sur sa joue meurtrie. Il sursaute à mon contact soudain mais ne recule pas pour autant. Je sors une serviette de ma poche et essuie délicatement le sang. Il me remercie et je m'éloigne à contrecœur.

- Alors, comment as-tu trouvé cette sortie, demande-je
- C'était intéressant. Merci.
- Merci à toi d'être venu, Aizawa.
- Tu peux... m'appeler Shôta, dit-il en hésitant.
Mes battements de coeur s'accélèrent et je brûle d'envie de parcourir à nouveau sa chevelure.

- Eh bien, moi aussi, ça m'a beaucoup plus, Shôta. On se voit demain donc.
- Cette fois, tâchez d'être présente, mademoiselle T/P, ou je serais contraint de vous renvoyer.
Je soulève une robe imaginaire et incline la tête.
- Bien monsieur. Cela ne se reproduira plus.

Je lui fait un grand sourire et le salue en m'éloignant lentement. Je tourne légèrement la tête dans sa direction et je vois qu'il a fait de même. Je me retourne et continue ma route quand une voiture verte émeraude passe devant moi et s'arrête à ma hauteur. La vitre se baisse pour laisser apparaître une tête brune qui se penche vers moi.

- Tiens mais ce ne serait pas T/P, par hasard ?
Je soupire bruyamment mais ne m'arrête pas.
- Allez, monte dans la voiture, je te dépose.
- Non merci, Hideo. C'est très gentil de ta part mais j'habite à quelques pas d'ici.
- Oh allez, s'il te plaît !
- Dois-je me répéter ?
- Ok, ok. Mais ça te dirait de venir à une fête avec moi ce week-end, comme ma partenaire ?
- Je suis sûre que beaucoup de filles prendraient cette place avec plaisir, Hideo. Et puis, j'ai déjà quelque chose de prévu.
- Mais c'est pas juste. Je suis sûr que c'est avec un autre homme.

Il croise les bras, une mine boudeuse sur le visage et je rie.
- Allez, bonne nuit Hid'.
- Bonne nuit, T/P, marmonne t-il. D'ailleurs, tu es en beauté aujourd'hui. Tu as vu quelqu'un...
Je laisse ces paroles derrière moi et entre enfin chez moi.

Je vais sur mon balcon, et m'installe dans mon transat.
Du haut de l'immeuble où je vis, j'ai une magnifique vue sur le ciel, les lumières de la ville étant trop basses pour l'atteindre.
Le soleil se couche, teintant le ciel d'orange rosé et de violet aux reflets bleu nuit. Regarde t-il lui aussi le ciel ?

Je prends mon téléphone et lui envoie un message:
"Le soleil illumine le ciel aujourd'hui. C'est si beau."
Je m'abstiens d'ajouter "mais il ne t'arrive pas à la cheville."
Il me répond: "Oui."

Je souris et pose mon portable sur mon ventre. Je contemple le ciel jusqu'à ce que toute trace du soleil est disparu, laissant place à un croissant de lune et des étoiles.
Je fais ma toilette et mets mon pyjama avant de me glisser sous ma couette. Il est l'heure de dormir .

Le réveil du lendemain fût le plus difficile. J'avais mille et une chose à faire avant de partir à mon lieu de stage. Heureusement, elle s'est déroulée sans encombre. En fin d'après-midi, je quitte enfin l'école. Jen m'attend dans sa voiture. Je monte mais avant de fermer la portière, je scrute le bâtiment. Une chevelure noire s'éloigne d'une fenêtre. Je souris et fais un signe de la main avant de m'installer confortablement dans mon siège.

- C'était qui ?, me demande ma meilleure amie avant de démarrer en trombe.
- Juste Shôta.
- Tu l'appelles par son prénom. J'attends des explications. Ne t'inquiètes pas, la route est très longue, ma chère. N'omets aucun détail.

S'ensuivit un long questionnaire de sa part, pire que ceux que l'on délivre au commissariat. On se relaye sur la route pour permettre à l'autre de de reposer.
- La prochaine fois, je prends le train, marmonne-je

Je m'arrête à une station service pour faire le plein. Jen dort comme un bébé sur la banquette arrière. Je dépose une couverture sur son corps et verrouille la voiture avant d'aller m'acheter un chocolat chaud. Je me brûle le bout des doigts en prenant le gobelet et revient à mon siège. J'attrape mon téléphone et regarde mes messages. Je m'arrête sur l'un d'eux en particulier.
"Fais bonne route."

Je m'engage sur l'autoroute tout en l'appelant. J'ai besoin d'une personne avec qui parler sinon je vais m'endormir et je n'arriverai jamais chez mes parents.
Il répond quelques secondes plus tard.

"T/P ?" Sa voix est légèrement ensomeillée et son ton est plus grave que d'habitude. Je me sens rougir.
- Oui, c'est moi. Je te dérange ?
"À ton avis, aurais-je décroché ?" Je l'imagine passé une main dans ses cheveux.
- Je ne sais pas. Peut-être.
"Que le vaut l'honneur de ton appel."
- Je... voulais entendre ta voix à vrai dire...

_______________________________________

Aizawa Shôta x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant