Chapitre 20

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Kelly se lève, allant dans sa chambre pour passer un tee-shirt et souffler un moment, seule, avant de revenir dans le salon et de s'asseoir à un bout du canapé, dos à l'accoudoir.

— Tu dois me trouver complètement folle de travailler pour les flics avec cette mort sur la conscience.

— Absolument pas, la rassure Jake. Ma conscience est bien plus chargée que la tienne. Je réitère l'offre que tu m'as faite, si tu as envie de parler, je suis là.

— Je ne sais pas comment en parler, Jake, c'est une histoire compliquée et si simple en même temps. C'est l'histoire d'une jeune fille qui était studieuse, le nez en permanence dans ses livres, qui avait de grands projets d'avenir et qui est malheureusement allée à une fête où elle n'aurait jamais dû aller.

— Et c'est à cette fête que...

— Je l'ai tué dans la nuit, alors qu'il dormait, enfin je l'ai réveillé pour qu'il me regarde dans les yeux et prenne conscience qu'en me forçant et en prenant ma virginité, j'allais prendre sa vie.

— Personne n'a jamais retrouvé son corps ? demande Jake essayant de la mettre à l'aise.

— Il y avait des travaux dans la maison où se tenait la fête. Je l'ai foutu dans les fondations de la piscine. Je suis repassée quelques jours plus tard, une dalle de béton avait été coulée sur son trou. C'était il y a quinze ans.

— Comment l'as-tu tué ?

— Il était tellement bourré qu'il s'était endormi sur un transat près de la piscine. Je l'ai attaché et bâillonné. Je l'ai vu se réveiller et son regard paniqué alors que j'étais sur lui et qu'il remarqua le couteau à effiler. J'aurais pu lui couper la bite pour me venger, mais j'ai été directement à l'essentiel. J'ai posé la pointe du couteau au niveau du quatrième et cinquième espace intercostal et je l'ai enfoncé, le regardant droit dans les yeux jusqu'à ce qu'il meure, avant de le faire tomber au fond du trou où serait la piscine, de creuser un trou et de le recouvrir.

— Mais... excuse-moi, mais tu as eu un sang-froid incroyable, Kelly.

— Je venais d'être violée, il m'avait brûlé à coup de cigarettes, me marquant comme du bétail.

— Et si un jour, il y a des travaux et qu'ils trouvent le couteau, il y a tes empreintes !

— Non, j'ai gardé le couteau.

D'un signe de tête, Kelly montre sa cuisine.

— Tu as gardé le couteau, d'accord. Et tu es en train de me faire comprendre que tu l'as chez toi ? Jake regardait Kelly, toute envie envolée.

— Pour me rappeler chaque jour ce que j'ai fait.

— Merde ! jura Jake, surpris.

Il la regardait, aucune larme ne coulait sur ses joues, elle ne ressentait aucune culpabilité, elle était toujours aussi magnifique, encore plus même. Elle avait fait preuve de détermination et s'était vengée d'une façon extraordinaire. Kelly s'excusa d'avoir plombé l'ambiance.

— C'est sûr que la soirée a pris une tournure intéressante, mais je ne le regrette pas, Kelly. Tu me fais suffisamment confiance pour m'avoir révélé ce secret, ça me touche.

— Oui, je te fais confiance, Jake. Je veux que tu saches que je ne suis pas tout à fait prête pour une relation, je n'en ai pas eu depuis mon viol, je n'y arrive pas.

— Ne t'excuse pas, je ne suis pas venu ici pour ça, je me contente de l'affection que tu me portes, je ne suis pas le plus stable non plus. Je t'aime bien Kelly. Tu es une femme magnifique, mais c'est ta personnalité qui m'a plu dès que je t'ai croisé à l'entrepôt.

Fausse piste (WATTYS WINNER 2022)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant