Chapitre 12

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Kelly n'en menait pas large. Elle avait soudainement froid, l'adrénaline retombant, aussi, elle croisa les bras et se frictionna rapidement. Dans le détail, elle expliqua ce qui l'avait conduite ici, comment elle avait trouvé les coordonnées GPS cachées dans les 4 papiers, les tâtonnements, mais n'était sûre de rien, aussi elle y avait été sur un coup de tête, ne pensant pas avoir raison. Elle affirma avoir contacté tout le monde lorsqu'elle en eut confirmation, elle-même surprise d'avoir trouvé. Kelly expliqua que l'homme s'était enfui au moment où elle régla son téléphone sur le mode silencieux ce qui fit plus de bruit qu'autre chose, elle s'était lancée à sa poursuite, mais il avait tiré afin de l'empêcher de le poursuivre, dit-elle en montrant la douille.

— Bon, on va voir ce qu'il nous a laissé ? demanda Kelly, impatiente. Ce sera peut-être l'indice qui nous permettra de comprendre ce qu'il veut et surtout pour l'arrêter.

Le Commissaire la regardait, assez énervé contre elle, par son imprudence elle aurait pu être blessée ou pire, mais surtout l'inconnu s'était échappé, à cause de son inconscience. Depuis qu'il la connaissait, il s'était pris d'affection pour elle, pour ses qualités personnelles et professionnelles, mais aujourd'hui elle l'avait déçu et il pouvait lire dans ses yeux et au vu de sa nervosité qu'elle savait qu'elle l'avait énormément déçu.

En arrivant devant l'unité de stockage, Kelly, le Lieutenant Thomasson et le Commissaire prirent la mesure de la mise en scène. Manifestement, l'inconnu avait eu du temps pour peaufiner son jeu macabre. Il y avait tant d'éléments que la vue d'ensemble était comme regarder à travers un kaléidoscope. Il fallait regarder les éléments séparément pour pouvoir appréhender la vue d'ensemble et comprendre le message laissé à leur attention. Le mannequin en plastique avec une perruque de cheveux noirs, coupés courts, un badge de police ne laissait pas de doute sur la personne représentée. Kelly le regardait, fascinée, tandis que ses collègues la regardaient, elle. Son double en plastique était pieds et poings liés, à ses côtés un autre mannequin était allongé au sol, un liquide rouge sous la tête. Ensuite, partout, des affiches et des photographies. Des ambulances, des nombres, des personnes en tenues bactériologiques. Une boîte, à demi-ouverte, semblait contenir des papiers. Donnant les clés de sa voiture à un agent en uniforme et expliquant où elle était garée, celui-ci alla chercher sa mallette tandis qu'elle entrait dans l'unité, en faisant très attention à ne toucher à rien. Utilisant un stylo, elle souleva le couvercle de la boîte, découvrant d'autres photographies, un rouleau de scotch. Une des photographies sur le mur était partiellement recouverte d'une feuille avec des nombres. La soulevant légèrement, elle tomba sur un plan de la ville. Allant se placer au niveau du mannequin, Kelly vit que le regard vide de son double en plastique était fixé sur le plan.

— Il a refait le coup du plan, dit-elle, mais il est tellement petit qu'il sera difficile de cibler une zone. À mon avis, il faudra prendre en compte les documents autour et dessus. Ça doit forcément être un ensemble. Les ambulances, les nombres. Le message est clair. Il va faire des victimes, beaucoup de victimes. Je suis désolé Martin, dit-elle en regardant le Commissaire. On aurait probablement pu l'attraper.

— Je ne crois pas Kelly. Je pense qu'il t'attendait. Il espérait que tu le trouves afin de t'enlever. C'est ce que signifie le mannequin. Par contre, qui est celui qui est mort ? Peux-tu l'enjamber et voir s'il y a un indice sur qui il peut s'agir.

L'agent arriva en courant, tendant sa mallette à Kelly qui se dépêcha de l'ouvrir afin d'enfiler des gants.

— Alors. Rien de précis au niveau du dos. Pas de portefeuille dans les poches arrière. Impact de balle à l'arrière du crâne, qui que ce soit, il sera abattu par derrière, voire exécuté. Je le retourne. Pas de plaque de policier autour du cou ni à la ceinture. Mais rien pour... ah ! Un dessin, dit-elle en écartant les pans de la chemise collée sur le torse du mannequin à cause du faux sang liquide. Des plaques militaires. Martin, Tom, il faudrait le déshabiller afin de voir s'il n'a pas un tatouage révélant quel corps d'armée. Vous voulez m'aider ? Prenez des gants, des pinces et des ciseaux dans la mallette. Patiemment, Kelly découpait la manche gauche du mannequin jusqu'à arriver à un écusson, vierge, et un mot, Liber.

Fausse piste (WATTYS WINNER 2022)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant