Fausse piste (WATTYS WINNER 2022)

Chapitre 23

— Merci, Jake, murmure Kelly, la tête sur son épaule.

Jake avait passé son bras autour de l'épaule de Kelly et avait posé sa main dessus. Elle s'était braquée une seconde avant de se laisser aller, étant en confiance.

— J'étais persuadée qu'il tenterait quelque chose.

— Moi aussi, Kelly. S'il n'agit pas demain, nous nous serons plantés et il sera passé à son plan initial. Peut-être a-t-il anticipé notre plan ou il a planqué un système d'écoute ailleurs. Il va falloir tout étudier sous un autre angle. Quand ont commencé les mises en scène, en sortir chaque point, quel est le point commun entre toutes.

— Moi. Si tu regardes l'ensemble, je suis le dénominateur commun, accentué avec le mannequin et mon enlèvement.

— Tu penses qu'il n'y a pas de braquage, que c'est une mise en scène ? Qu'il veut simplement s'en prendre à toi ?

— Tous les faisceaux d'indices me conduisent à cette conclusion, oui. Quelqu'un m'en veut. Personnellement ou professionnellement. Il va falloir sortir toutes les enquêtes sur lesquelles j'ai travaillé, tous les dossiers où j'ai témoigné au tribunal, écouter toutes mes émissions, vérifier chaque commentaire... Il y a forcément quelque chose qui va en sortir.

— D'accord. Je reste avec toi, je ne te lâche pas, Kelly.

— Justement... Il y a un truc que je ne comprends pas, qui ne cadre pas. C'est le mannequin du militaire mort à mes pieds. Nous ignorions tout de toi alors, comment a-t-il su ?

— Je te l'ai déjà dit, des ennemis j'en ai, mais ce sont surtout des fantômes. Si tu veux que je te parle de mes missions et de ce que j'y ai fait, je le ferai, j'ai confiance en toi, mais tu auras peut-être une autre vision de moi.

— C'est la guerre, tu étais en terrain hostile.

— Oui, mais j'ai fait des choses pour obtenir des informations, des choses... terribles.

— Tu l'as fait pour obtenir des informations pour sauver des vies, ce n'était pas gratuit, tu n'y prenais pas plaisir.

— Non, pas du tout même.

— Alors je le supporterai. Tu as tué ?

— Oui.

— De loin, de proche, avec une arme, un couteau.

— Oui, tous ces cas de figure.

— Tu as torturé.

— Oui.

— Je n'éprouve aucune aversion pour toi. Tu as fait ce qui devait être fait, Jake. Mais je ne crois pas que tu sois sa cible et ce mannequin n'était pas toi, nous ne nous connaissions pas encore. Il y a un autre militaire mêlé à cette affaire.

— Est-ce lui, et il est sur une mission suicide, sachant qu'il va mourir et pas toi ? Est-il porteur d'une maladie et cherche-t-il à nous prévenir ?

— C'est un tordu, il a juste à venir nous trouver, à aller dans un hôpital.

— Possible qu'il ait peur des hôpitaux.

— Pourquoi avoir tué le conducteur du métro ?

— C'est un tordu, tu viens de le dire. Peut-être le conducteur a-t-il voulu l'aider, il était au mauvais endroit au mauvais moment, tente de comprendre Jake, soulagé de ne pas être le mannequin mort, bien qu'il ait désormais une cible dans le dos lui aussi.

— Je vais me coucher, je suis fatiguée, tu... euh... veux venir ?

— Merci, Kelly, mais je vais rester ici. Demain matin, on pourra passer chez moi, que je récupère deux ou trois trucs ?