AVANCER ET ÊTRE TROUBLÉE

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Elle était là, en chair et en os. Ce n'était pas son spectre mais bien elle.

Il y avait longtemps elles avaient connu le bonheur, des années brèves d'ailleurs, Dakota s'en souvenait. Tout comme sa mémoire lui rappelait ce mal obsédant que cette même femme lui avait causé. Ce souvenir était vif, inaltéré par les mois, et toujours aussi blessant, humiliant, atroce de douleur.

Dakota était stupéfaite, profondément troublée par cette visite inattendue. Un frisson la saisit. Était-ce causé par le froid ou alors était-ce Épicure ? À cette question, elle refusa d'y réfléchir, elle préféra se détourner du regard inquisiteur de son ex copine et prendre la fuite. Son cœur battait à s'en rompre. Elle ne savait pourquoi tout comme elle ne pouvait s'expliquer la raison pour laquelle elle respirait si vite.

- Attend, lui dit Épicure en la retenant par le bras.

Dakota frémit au son de sa voix. Tout son corps fut saisi de chair de poule, son cœur se mit à battre avec une vitesse folle.

La gorge nouée, la tête baissée, Dakota grommela une protestation incertaine. Epicure raffermit son emprise sur son bras et la retourna pour qu'elles soient l'une en face de l'autre :

- J'ai besoin de te parler Dako.

- Désolé, c'est impossible, déclara-t-elle sèchement.

Brusquement Dakota lui retira son bras et la regarda une dernière fois puis lui tourna le dos. Epicure ne put nier la froideur de la jeune fille ni même l'hostilité que dégageait ses yeux :

- Je t'en supplie Dakota, je sais que j'ai dû te faire souffrir, mais je dois te parler, dit-elle la voix suppliante.

- C'est inutile de la supplier, elle ne veut plus rien avoir à faire avec toi. Tu peux t'en aller, lui intima Tania qui vint se placer auprès de son amie.

Epicure regarda vers Tania, puis elle tourna la tête vers Dakota. D'une indifférence réelle pour elle, la jeune fille s'adressa de nouveau à Dakota, ignorant royalement l'injonction qui venait de lui être faite :

- Dakota je sais que tu as mille raisons de me détester, et je ne peux pas t'en vouloir pour ça. Mais je te demanderais d'avoir pitié de moi et de me laisser m'expliquer. Nous devons toutes les deux avoir une conversation pour guérir des blessures que j'ai causées.

Un silence malaisant s'imposa. Puis, Dakota lui répondit d'un ton mal assuré :

- Nous n'avons rien à nous dire depuis bien longtemps.

Les yeux fuyant ceux d'Épicure, Dakota avait la tête baissée. Epicure attendit quelques secondes, puis elle se décida à parler de nouveau, faisant fi du comportement méprisant de Tania à son égard :

- Je ne te demande pas de me pardonner ou de me prendre en pitié. Juste accorde-nous la possibilité de m'expliquer, de donner des réponses à tes questions. Je suis à Lutèce pour quelques jours, je séjourne non loin du chez-toi, je te communiquerai l'adresse par message, dit-elle en regardant de manière brève Tania. Réfléchis-y bien.

Epicure offrit un dernier regard à Dakota, puis s'en alla en se retournant une ou deux fois, le visage plombé par la tristesse, les yeux portant l'expression d'une lueur inqualifiable.

- Elle me passe vraiment en travers de la gorge celle-là. Quel culot ! Se pointer là et exiger une rencontre ! déclara Tania en la regardant s'éloigner.

Dakota la suivait des yeux, ne sachant vraiment quoi penser de cette rencontre. Durant des années, elle avait été habité par la colère, la rage, la peine, la douleur. De violentes émotions qui savaient s'opposer à d'autres créant ainsi de la contradiction. Car bien des fois, après ces derniers, elle avait couvé en elle du désir, de la tendresse, de l'affection, de l'espoir et même du regret. Mais aujourd'hui, elle ne ressentait rien de particulier. Au début, elle lui avait résisté par colère, puis la crainte de se laisser aller à ses désirs l'avait rendu fuyard. Que ressentait-elle encore pour Épicure ? Ça elle ne le savait pas.

Tania la regarda :

- J'espère que tu ne comptes pas t'y rendre Dako...

- Pour te dire vrai, je pense que oui. Nous devons régler cette affaire une bonne fois pour toutes.

Tania roula des yeux, soupira et fit une moue réprobatrice :

- Tu ne devrais pas y aller. Ignore là comme elle t'a toujours ignoré. Ce sera la punition parfaite !

Dakota ne lui répondit pas, sa tête prise dans des réflexions sur Épicure, chose qui lui était déjà lointaine :

- C'est quand même fou, dit-elle en se parlant à elle-même, durant des années je l'aurais pardonné et je me serais jeté dans ses bras uniquement parce qu'elle était venu jusqu'ici. Mais aujourd'hui, cela ne m'a pas traversé l'esprit. C'est vrai qu'en la voyant beaucoup de choses sont remontées en moi, mais aucune ne ressemblant à l'envie de tout lui pardonner et de recommencer avec elle.

- Et tu as bien fait, rétorqua Tania.

- Sauf que tout de même, je souhaite discuter avec elle une dernière fois. Savoir pourquoi elle s'est comporté ainsi avec moi durant tous ces mois. Lire dans son regard la vérité.

Tania ne pouvait être aveugle face au désir de son amie de se rendre à ce rendez-vous et elle en avait peur :

- J'ai l'impression que quoique je dise ça ne changera rien, tu as déjà pris ta décision, dit-elle en soupirant.

- Oui, je ne peux faire autrement. J'ai besoin de tourner cette page de ma vie définitivement. Trop longtemps elle m'a obsédé et si aujourd'hui je veux vraiment l'oublier, je dois aller à ce rendez-vous. Ainsi je n'aurais aucun regret et je ne tourmenterais pas de cela.

Tania soupira une énième fois, sauf que cette fois-ci elle assortit cela à un hochement de tête. Elle aimait trop son amie pour continuer à vouloir l'empêcher d'y aller. De plus cela n'aurait rien changé, elle savait Dakota têtue. Elle capitula :

- Si c'est ce que tu souhaites, je ne peux plus rien y faire. Saches tout de même que je suis contre ta décision, mais tu es mon amie et je te soutiens...

Hésitante, elle se décida à continuer :

- J'ai peur que tu ne succombes une nouvelle fois à elle, malgré tout.

- Pour te dire vrai, j'ai moi aussi peur, mais peur des responses qu'elle me donnera face à son comportement. Car crois-moi, Épicure avant de s'en aller retiendra un autre visage de moi. Je ne compte plus encaisser, je vais aussi lui crier mon ressentiment.

Soudain, le téléphone de Tania se mit à vibrer avec insistance. Elle ne voulut pas y répondre, mais Dakota l'encouragea à le faire. Elle s'y résolut.

Intriguée, Dakota regarda Tania dont les traits changeaient à une vitesse fulgurante au cours de la conversation. Parfois surprise, des fois dégouté, et le dernier qui ne la quitta plus jusqu'à ce qu'elle ait raccroché : triste.

- Ma chérie, je ne sais pas comment t'apprendre ça. Mais vaut mieux que tu le saches maintenant que de l'apprendre de son statut.

Dakota plissa le front, et se demandait pourquoi Tania avait cette attitude dramatique :

- Mais qu'est-ce qu'il y a ?Raconte-moi donc !

Dakota faillit perdre pied. Au fur et à mesure que les lèvres de son amie remuaient, elle sentait le monde tourner autour d'elle. Elle ne voulait pas croire cela vrai. C'était impossible. Tout sauf ça. Tout, mais pas ça ! Non !

La main tremblante, elle alluma son téléphone malgré Tania qui ne le lui conseillait pas.

Son doigt cliqua sur le statut de Danielle. Effectivement Kloe n'avait pas menti à Tania. Sauf qu'elle c'était trompé sur la personne pour qui Danielle avait écrit ces mots :

« Merci mon amour pour cette magnifique soirée. »

Non, Danielle n'avait pas fui la soirée de Franck à ses côtés pour aller dîner au Plaza Athénée avec elle. Kloe s'était trompée, ce n'était pas à elle que ces mots étaient destinés.

SIGO A TU LADO  ( GxG )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant