AVANCER ET S'ARRÊTER

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« Je suis désolé Dakota ! On devrait se revoir, pour parler. Écris-moi ! »

Ce message ça faisait une semaine qu'elle l'avait reçu mais qu'elle n'y avait pas répondu.

Cela faisait bien une semaine jour pour jour qu'elle ne répondait plus à ses messages, une semaine qu'elle ne voyait plus ses status, une semaine qu'elle l'avait expulsé de sa vie. Une semaine que Danielle avait détruit leurs couples.

Une semaine que c'était la fin.

Lentement, la porte de la chambre s'ouvrît, une raie de lumière mit un peu de couleur dans cette chambre baignée dans l'obscurité. Franck referma la porte derrière lui, il s'approcha de la lampe de chevet et l'alluma, il s'assit sur le lit, prêt de sa sœur. Une main posée sur son épaule couverte comme le reste de son corps par une étouffante couette :

- Dako, tu devrais sortir pour prendre un bol d'air, t'enfermer ne va rien y changer, et tu le sais ma chérie.

- T'inquiète Francky, dit-elle d'une voix à peine audible.

- Je sais que le dire ainsi est facile, mais avec l'ouragan Épicure j'avais bien cru que tu mourrais, mais tu as survécu. Alors je sais que tu survivras à la tempête Danielle. Car tu es plus forte que ça.

Lentement, Dakota se releva et s'assit. Elle se rapprocha de son frère puis le prit dans ses bras :

- Que ferais-je sans toi Francky ? Merci de toujours être là pour moi.

- Je serais toujours à tes côtés, dit-il en partageant affectueusement son étreinte.

Dakota lâcha son frère et ne put s'empêcher d'être reconnaissante de l'avoir dans sa vie. Durant cette semaine, il ne s'était jamais passé une journée sans que ce dernier ne vienne partager sa peine. Il était là, assis, là suivant pleurer, et la prenant dans ses bras lorsqu'elle en manifestait le besoin, ne disant aucun mot, laissant à Dakota l'espace nécessaire pour avaler cette pilule, lui offrant une épaule pour pleurer et ne lui privant pas d'une présence réconfortante.

- Si je suis venue aujourd'hui, c'est aussi un peu par égoïsme, déclara-t-il en riant rapprochant son pouce et son index.

- Qu'est-ce que c'est ? ne put s'empêcher d'en rire sa sœur.

D'une voix beaucoup plus sérieuse, qui se voulait convaincante, Franck continua :

- Tu devrais aller là voir. Depuis une semaine elle campe devant l'immeuble sous ce froid. De six heures jusqu'à vingt-deux heures. Je sais qu'Épicure n'a pas été la meilleure personne, mais accorde lui cette conversation. Cela a l'air important pour elle.

Mitigée, Dakota accueillit peu bien cette nouvelle. Pourtant elle ne devait rien à Épicure se dit-elle, en plus elle ne souhaitait voir personne encore moins tenir une conversation avec elle. C'était plus qu'elle ne croyait pouvoir supporter :

- Je ne sais pas...

- Ma chérie, fais le pour moi, ais pitié de ton pauvre frère qui descend toute la journée pour lui apporter des croissants et des cafés chauds, dit-il un peu plus badin.

- D'accord, s'y résolut sa sœur en réfrénant un rire et en roulant des yeux. Je vais la voir, si ça peut te permettre de lézarder sur le torse d'Évrard devant Netflix.

- Chérie tu me sauves là, je ne serais plus obligé de quitter le corps chaud de mon mec pour me jeter dans le froid, dit-il en riant. Bon, je file. Je te laisse te charger de la livraison de croissant et de café de ce midi, j'ai déjà assuré celle du matin. Je m'en vais profiter de mon mec, à plus Dako, dit-il en riant, courant jusqu'au salon.

Dakota ne put s'empêcher de s'en amuser. Il était incorrigible. Et elle l'adorait. Elle pouvait tout perdre sauf son Francky, se dit-elle en souriant.

Un dernier soupir, et Dakota ouvrit la porte de l'immeuble. Comme elle s'y attendait, elle y trouva Épicure adossée à la façade, grelotant presque malgré l'épais manteau qu'elle portait.

Sans lui adresser la parole Dakota lui remit le sachet de croissant et le café encore brûlant qu'avait apprêté Franck. Surprise, Épicure réceptionna le tout, mécaniquement.

L'ignorant, Dakota se mit à marcher. Épicure était à ses trousses :

- Dakota, s'il te plaît permet-nous de parler. Il y a un restaurant à deux pas d'ici, on pourra y causer en toute tranquillité.

- Je n'ai rien à te dire, si c'est pour mon pardon tu l'as déjà. Alors va-t-en à présent et tache de mettre une croix sur nous.

- Dakota je t'en prie, ne réagis pas comme ça, laisse-moi au moins m'expliquer, dit-elle en courant essayant de maintenir la cadence endiablée de la fille devant elle.

Les mains dans les poches, le pas hardi, Dakota marchait tel un légionnaire s'en allant à la guerre.

Épicure réussit enfin à la rattraper et s'empressa de la retenir par le bras :

- Dakota je t'en prie, juste dix minutes, pas plus, lui demanda-t-elle le regard suppliant.

Dakota arrêta de marcher et plongea ses yeux dans ceux d'une Épicure faible, amaigrit. C'était la première fois qu'elle prêtait réellement attention à elle.

Épicure était devenu l'ombre d'elle-même si toujours aussi digne dans sa tenue. Elle avait perdu beaucoup de poids et le manteau qu'elle portait ne pouvait pas le cacher. Ses joues étaient creuses, son teint pâle et la lueur se ses yeux ternes. Tandis que ses cheveux, avaient été coupé. Il n'était pas difficile de comprendre que sous son bonnet noir, sa tête était lisse.

Dakota essaya de ne pas se concentrer dessus, et d'une voix qui était calme mais qui se voulait ferme elle lui dit :

- Écoute Épicure, comme je te l'ai dit je ne déteste plus. Je t'ai pardonné tout ce qui s'est passé. Je ne vais pas nier que j'en aie beaucoup souffert, mais le temps est passé et a fait ses miracles. Et je pense sincèrement que je n'ai plus rien à te dire, alors cette conversation que tu souhaites ne m'intéresse plus. À présent prends soin de toi et adieu.

Dakota se retourna et décida de continuer sa route. Bizarrement, elle se trouvait légère. Son cœur n'avait plus ce poids pesant en lui. Elle n'aurait jamais cru que c'est ainsi qu'elle mettrait fin à sa relation avec Épicure. D'une manière si calme et simple. Elle s'était imaginé pleurer, lui rappelant tout le mal qu'elle avait dû endurer par sa faute. Mais non, cela c'était fait sans tout ça. Et cela lui convenait. Elle s'en étonnait.

Brisant la cohue des véhicules et des pas autour d'eux, la voix d'Épicure raisonna avec force :

- Arrête de jouer à la gamine ! cria-t-elle, sa patience entièrement engloutie par son désir d'avoir cette conversation avec Dakota.

Dakota resta immobile durant un instant, puis lentement elle se retourna vers Épicure. Cette dernière recula presque à la vue des traits de son visage. Il était colère :

- C'est moi la gamine ? Tu es sérieuse là ? gronda-t-elle. Qui de nous deux laissait l'autre en vue ? Qui de nous à traiter l'autre comme une merde alors qu'elle était censé être sa copine ? Qui de nous a tué ce que l'on était ? Qui de nous à humilier l'autre ? Qui !? cria-t-elle avec rage. Alors quand tu ouvres ta bouche, réfléchi à deux fois avant de dire de la merde ! Maintenant va-t-en, car je n'ai plus rien à te dire !

Regrettant son impulsivité, Épicure regarda Dakota s'éloigner avec des pas encore plus vifs, la colère suintant d'elle, le regard interdit des gens autour d'elles ne la dérangeaient pas.

SIGO A TU LADO  ( GxG )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant