AVANCER ET DES CONFIDENCES

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Un silence embarrassant avait empli la pièce. Dakota remarqua la mine contrariée de Danielle. Sûrement, en voulait-elle à sa sœur de les avoir ainsi abandonnés alors qu'elle était leur invité. Cela contredisait les principes de leur éducation, pensait inexplicablement Danielle, se convainc-t-elle :

- Ce n'est pas grave, cela devait être urgent, si elle a été obligé de nous quitter en plein dîner.

- Je n'en doute pas. Et je m'excuse encore pour elle, dit-elle avec une froideur qui ne la caractérisait pas. Il doit s'agir d'une situation avec son fiancé, avoua-t-elle d'un ton sec.

- Elle est donc en couple ? Je me posais bien la question, mais je n'osais pas jouer la fouine. Elle est très belle, cela ne m'étonne pas qu'on veuille l'épouser.

- Oui, elle a un fiancé. Un imbécile qui ne la mérite pas, mais ce n'est que mon avis.

- Un imbecile, dis-tu ?

- Je n'ai pas tellement envie d'en parler, passons à autre chose, veux-tu ?

Dakota ne voulut pas insister face à l'humeur aigre de Danielle, et la suivit jusqu'au salon. Elle ne trouvait pas l'intérêt de terminer son repas sur une table sans convives.

Avec lourdeur, elle se laissa enfoncer dans le canapé, près de Danielle. Cette dernière cultivait un silence, que Dakota ne trouvait pas la raison d'abattre tant elle ne savait quel sujet de conversation serait adéquat.

Oubliant quelques minutes sa copine et ses soudaines humeurs, son œil se mit à faire le tour de la pièce s'attardant sur le mobilier. Et durant ce moment, sa curiosité fut excitée par un détail qui n'était pas anodin. La seule photographie se trouvant dans cette pièce. Elle reposait sur une table basse, sous la lumière d'un abat-jour.

Distinctement, Dakota reconnut les traits d'une femme distinguée portant sur ses genoux, une petite fille tout aussi bien vêtu et qui avait un sourire magnifique. Il était évident, malgré les traits juvéniles, que c'était Martha. Et la femme la tenant sur ses genoux, partageait avec elle les mêmes yeux et la même forme de bouche. Une parente à elle, sans doute.

- C'est la grand-mère à Martha, déclara Danielle qui avait remarqué qu'elle était absorbée par cette photographie.

- Elle m'a l'air gentil, répondit-elle en regardant en direction de sa copine.

- Oh, détrompes-toi, ne te laisse pas berner par sa mine innocente. Elle déteste les gens comme nous.

- Les gens comme nous ? demanda Dakota le front plissé.

- Les homosexuels, lui répondit Danielle en lâchant un soupir.

Dakota encore surprise par cette révélation, avait, les premières secondes, la bouche qui s'était ouverte mais qui ne laissait échapper aucun mot. Les apparences étaient vraisemblablement trompeuses, finit-elle par penser.

- Pourtant, elle n'en donne pas l'air. Ça doit être tendu entre vous, je veux dire vos rapports.

- Avec Martha, pas tant que ça. Avec moi, on peut dire que ça l'est. C'est à cause d'elle que ma vie a basculé, mais je ne veux pas vraiment parler de ça pour le moment, dit-elle avec une légère contrariété.

Un court silence s'imposa, puis Dakota finit par lui poser la question qui la taraudait :

- Au fait ta sœur et toi... j'ai remarqué que vous n'aviez pas le même nom.

- C'est normal. Nous ne sommes pas sœurs biologiques. Nos mères étaient comme des sœurs. Depuis le berceau Martha et moi entretenions des liens forts. Je ne pense pas que l'on puisse vivre l'une sans l'autre, nous avions traversé des ouragans, dit-elle le regard dans le vague.

Ces confidences surprirent Dakota et elle n'eut pas l'irrévérence de demander plus ample explication. Heureusement pour elle, Danielle la soulagea de sa curiosité :

- Ma famille travaillait comme domestique chez les De Labruyère. Et depuis leur enfance ma mère et la mère à Martha eurent l'une pour l'autre un fort attachement. Elles étaient meilleures amies. Mais lorsqu'elles perdirent la vie, dans un accident, l'année passée, nos vies à tous prirent un nouveau virage.

Danielle marqua une brève pause, la voix étouffée par l'émotion. Dakota la réconforta d'un geste de la main :

- Mon père m'avait promis en mariage au fils d'un riche commerçant de mon village. Sauf que moi, je n'aimais pas les hommes. Un soir, la grand-mère à Martha m'a surpris à embrasser une fille. Elle m'a dénoncé à qui elle le pouvait, et j'ai dû fuir en quelque sorte ma vie. Depuis ce jour, je vis avec Martha, ici, à Lutèce.

Son récit fut accueilli par un profond silence. Dakota se sentait émue par cette confidence et la prit dans ses bras. Danielle s'abandonna à cette douceur et se laissa serrer contre ce corps réconfortant.

- Et ton père, qu'a-t-il fait ?

Un long silence s'établit. Puis sans que Dakota ne s'y attende, Danielle se leva et le brisa :

- Parlons d'autre chose, s'il te plaît.

Dakota le comprit, et s'abstint de lui communiquer toute nouvelle réflexion. Elle lui caressa les cheveux, lui baisa le front, puis passa ses bras autour des épaules de Danielle et l'attira prêt elle. Elle se blottit de nouveau dans ses bras. Dakota prit sa main et se promit intérieurement de ne jamais la lâcher, elle sera dorénavant toujours à ses côtés.

Encore tremblante sous ses caresses, Danielle se détendit et se sentit s'apaiser. Elle était bouleversée par la sincérité de l'amour qu'elle éprouvait pour Dakota. Elle aurait beau le nier, lutter contre ce dernier, elle comprit à cet instant, qu'elles avaient franchi le point de non-retour et qu'à présent, elle était pleinement coupable de ce qu'elle a su créer en s'abandonnant à la sollicitude de Dakota.

Soudainement, la caresse de Dakota la coupa à ses réflexions. La jeune fille baladait sur sa joue, son index qu'elle avait replié. Un frisson délicieux et transcendant se saisit d'elle. Un désir qu'elle reconnut prit possession de son corps. Et elle ne sut réellement comment se firent les choses, Dakota avait saisi ses lèvres dans les siennes. Elle voulut d'abord y résister, mais elle s'y abandonna et capitula face la passion qui la consumait. Leurs cœurs battaient à l'unisson, et d'un seul coup de regard, elles se consultèrent. Mutuellement, elles se dévêtirent et se retrouvèrent allongées l'une au-dessus de l'autre.

Étroitement enlacées sur ce canapé, elles restèrent un long moment, se contemplant dans le silence. Lorsqu'elle la vit frissonner, Dakota remonta la couverture que Danielle avait rapportée durant la nuit. Et d'un geste tendre, elle caressa sa joue.

- C'était agréable, tu sais. J'ai beaucoup aimé. dit-elle en rougissant.

Dakota s'amusa de cet aveu et l'embrassa. Danielle se laissa aller à cet acte d'amour.

- Moi aussi, j'ai apprécié, dit-elle après avoir mis fin au baiser. Mais il faut que je m'en aille, je dois rentrer avant que Francky ne se rende compte que j'ai découché.

Danielle se releva en s'appuyant sur un de ses coudes :

- Je le comprends, ne t'inquiète pas. Au fait, quelle heure est-il ?

- Huit heures trente, lui répondit-elle après avoir consulté son téléphone.

- Huit heures trente, tu dis ? s'écria-t-elle. J'ai un casting dans quarante cinq minutes !

SIGO A TU LADO  ( GxG )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant