AVANCER ET TE DÉCOUVRIR

11 2 3
                                    

Pendant que Dakota disparaissait dans la cuisine, pièce jouxtant la buanderie, Danielle se laissa enfoncer dans le canapé.

Cette effervescence à présent dissipée, elle pouvait rire de l'incident qui lui paraissait cocasse à bien y repenser. Tout à coup elle frissonna et passa ses mains sur ses épaules dénudées.

Dakota s'approcha, lui tendit un pull en prenant place près d'elle :

- J'ai lancé la machine. Ça ne devrait pas mettre long, normalement.

Tout en parlant, elle l'observait pensivement trouvant à Danielle une délicatesse délectable et appréciable, une mignonnerie étourdissante.

- Tu es magnifique.

Danielle sourit. Surprise par la soudaineté du compliment, elle était tout même ravie de ce dernier. Elle défroissa le pull qui n'en avait pas besoin et se leva :

- Merci, murmura-t-elle les joues pourpres. Tu m'accompagnes manger. Ces sandwichs ne vont pas disparaître seuls.

Une fois dissiper le bref moment de gêne, elles allèrent s'asseoir à la salle à manger l'une en face de l'autre :

- Au fait qu'as-tu pensé de l'exam de maths ? Il était un peu dur, avoua-t-elle amusée.

- Un peu dur je l'avoue. De toute façon, avec mon trouble de l'apprentissage rien n'est facile. Sans toi, je ne suis même pas sûre que j'aurais été capable d'avoir les notes que j'ai eu à la session précédente. Tu as veillé des nuits au téléphone pour m'aider à réviser, sans compter tes explications à la fin des cours. Je te serais toujours reconnaissante Dakota.

Flattée, Dakota sourit timidement. Elle était émue par cette sincérité :

- Tu peux être conne des fois, pas besoin de me remercier pour si peu, dit-elle amusée.

- Ne me dis plus ça !

Danielle avait grondé. Sa mine grave troubla Dakota qui ne savait plus trop quoi faire, ni dire :

- Excuse-moi, je... je blaguais, je ne le pensais pas...

- Je sais, mais s'il te plaît ne me traite plus de conne, même si c'est pour rigoler. Ma sœur me le dit souvent, donc j'aime pas qu'on me le rappelle. Je ferais plus d'efforts pour travaillant dessus, dit-elle en baissant les yeux.

Attristée, son cœur faillit déchoir. Comment Martha pouvait-elle traiter sa sœur de conne ? Et comment cette dernière pouvait-elle y croire ? Révulsée, une colère grande se mit à bouillir en elle. Sauf qu'elle l'a contenu. Il ne fallait pas se laisser à des tels état d'âme. Ce qui était important et que son cœur, sa raison, son être tout entier, lui dictait était de réfuter de pareil mensonge :

- Tu n'es pas conne Danielle. Peu importe ce que t'a dit ta sœur, tu n'es pas une idiote. En aucun cas. Comme chacun sur terre tu as des faiblesses. Avoir de la difficulté à lire certains mots ou encore... bref peu les raisons évoquées par ta sœur, rien ne qualifie le fait qu'elle te dise de pareilles atrocités. Tu es une fille intelligente.

Le regard dans le vague, présente mais absente, Danielle semblait ne pas avoir suivi ce qu'avait dit Dakota. Ce qui attrista davantage sa copine. Son accès de mélancolie ne lui échappait pas. Elle était, peut-être, coutumière aux insultes. Elle avait dû s'entendre dire qu'elle était idiote bien des fois pour autant y croire. La pauvre. Cette situation vint amplifier sa sympathie, son affection pour Danielle. Pourtant elle semblait tout posséder, se dit-elle. Belle, jeune, riche, cependant elle avait aussi des blessures secrètes, des pensées la dévalorisant. Cette constatation l'attrista, car malgré sa maladie Danielle était loin d'être dépourvue d'esprit.

Soudain consciente du silence qui s'éternisait, Dakota s'approcha d'elle :

- Je suis encore désolée pour ce mot, mon intention n'était pas de te blesser. Je ne le dirai plus, je t'en fais la promesse Danielle. J'aimerais que tu saches que tu n'es pas dépourvue d'intelligence, bien au contraire.

Danielle l'avait écouté, le regard embrumé de larmes. Elle éprouvait un grand bien-être. C'était la première personne, depuis des années, qui insistait à lui dire qu'elle était intelligente. Sa sœur, ses échecs lui criaient le contraire :

- Tu sais, j'ai peur d'échouer, je ne veux plus échouer et décevoir les autres, dit-elle sous le ton de la confession.

Dakota sentit l'importance de ces paroles, alors elle lui offrit toute sa concentration. Cette dernière continua de parler :

- Mais toi, je ne semble pas te décevoir, et avec toi je n'ai pas peur de mal dire ou de mal faire. En plus, tu crois en moi et tes efforts dans tes études me poussent à donner le meilleur de moi au quotidien.

Lisa était soulagée et libérée. Comme chaque fois ses craintes étaient dissipées lorsqu'elle était aux côtés de Dakota. Cette dernière se montrait toujours bienveillante, mieux encore elle la traitait comme une personne doté de raison. Une attitude qui lui permettait d'être détendu, confiante, naturelle. En sa compagnie, Danielle se sentait toujours à son aise.

- Et moi je sais que tu continueras toujours de t'améliorer, car chaque jour on ne cesse d'apprendre, lui sourit Dakota.

Ne voulant plus insister sur cette conversation car se disant qu'elle avait déjà assez bien été incommode à Danielle, Dakota proposa d'aller rejoindre le canapé d'autant plus que leurs appétits s'étaient enfuis devant cette conversation bouleversante.

Le cœur léger, l'âme en allégresse, Danielle accepta cette proposition. Les deux jeunes filles se mirent à converser sur divers sujets, s'amusant mutuellement.

Danielle n'avait plus connu des heures aussi plaisantes depuis des mois, son attitude casanière l'amenant à préférer les moments devant sa télé. Elle n'avait plus eu l'occasion d'apprécier une si charmante conversation. De plus elle se sentait à l'aise et elle trouvait de nouvelles qualités à Dakota : simple, bavarde, et franche sans frôler l'irrévérence. Danielle ne se rendait pas compte qu'elle nourrissait une chose qu'elle ne voulait pas voir naître.

Soudain, alors qu'elle et Dakota s'attardèrent sur une partie de leur conversation mettant en avant leur faculté à offrir des baisers à nulle autre pareil. Dakota animé du souffle du défi, souhaitant prouver à Danielle qu'elle embrassait mieux que quiconque, pencha sa tête et ferma les yeux. Mais la voix de Danielle la stoppa dans son élan.

- Je... je... je ne peux pas, désolée.

Dakota froissa les sourcils. La mine ahurie, elle cherchait dans sa tête les raisons de ce refus :

- Je... qu'est-ce qui se passe ? J'ai fait un truc qui n'allait pas...

Ne sachant quoi répondre, l'angoisse tordant sa gorge, Danielle fut soulagée lorsque la sonnerie de son téléphone lui vint en aide. Avec précipitation, elle se leva,
et alla répondre à l'appel.

Lorsqu'elle revint, elle alla jusqu'au canapé pour y récupérer son sac devant une Dakota aux yeux ronds :

- Tu t'en vas ?

- Oui, ma sœur m'a demandé de la rejoindre. Apparemment elle a eu un contretemps avec son voyage. Désolée, je dois y aller.

- D'accord, ne put que dire Dakota avec une amertume non feinte.

- Tu me rapporteras le pull demain à l'école, à plus tard Dakota.

Danielle quitta l'appartement, laissant une Dakota ruminant des paroles peu bienveillantes à l'endroit de Martha.

SIGO A TU LADO  ( GxG )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant