Chapitre 1

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Une ombre, voilà comment je la perçu la première fois que je la vis. Elle était une oasis dans le désert d'ennuis qu'était ma vie, un mirage que l'on ne croit pas réel, une hallucination. Et pourtant, elle était bien là. Une déesse dans un monde d'hommes indignes de sa seule vue. Sa simple vision m'hypnotisait et pourtant, elle n'avait rien de spécial, rien qui la démarquait véritablement des autres. Ses cheveux noirs retombaient en cascade sur ses épaules, comme tout le monde. Ses yeux étaient cachés par des lunettes de soleil mais son visage était normal, sans artifices, sans faux-semblants. Elle portait un simple jean noir, de simples sandales à semelles compensées, un simple crop top noir et une simple veste de blazer ouverte sur le devant. Rien absolument chez elle n'était spécial et c'est peut-être pour ça que c'est elle que je remarquais parmi toutes les filles du lycée, pour sa simplicité, son authenticité. Elle n'était pas maquillée au point de ressembler à un pot de peinture, elle ne portait pas de jupes remontant à outrance ni de décolleté plongeant qui au final ne cache rien du tout. Sa tenue était belle, chic, tout simplement adaptée à l'environnement et aux règles du lycée.

« Non mais tu l'as vu elle ?! Elle se prend pour qui avec ses grands airs de Sainte Nitouche. Non mais vous l'avez vu les filles ! »

Et elle, c'est Britany, ma petite amie actuelle. Elle passe son temps à juger tout le monde sur tout, elle critique ouvertement les gens et surtout, par-dessus tout le reste, par-dessus les moqueries incessantes dont elle ne dispense personne, elle est riche et se croit tout permis à cause de ça. Elle harcèle chaque fille qui a le malheur de m'adresser la parole, soi-disant que je lui appartiens et à elle seule.

Vous vous demandez surement pourquoi je sors toujours avec elle, la réponse est simple : nos parents. Ce sont mes parents qui contrôlent ma vie, mes fréquentations sont dictées par les avantages que cela peut accorder à ma famille. Britany est riche, par conséquent elle doit être proche de moi, même si ce n'est pas ce que je désirais.

La nouvelle passa devant nous en secouant ses longues mèches noires en passant. Elle ne nous accorda même pas un regard alors que toute la cour avait les yeux rivés sur nous. Elle se contenta d'avancer, d'un pas digne, le plus digne que j'ai jamais vu, vers l'entrée du lycée. Son sac noir pendait sur son épaule droite, tout en elle me donnait l'impression d'être face à une reine qui vient reprendre son trône après s'en être fait injustement éjecter.

« Hey toi là, la nouvelle ! »

Elle se tourna vers Britany, par conséquent vers moi aussi et je pus véritablement étudier son visage. Tout en finesse, en élégance, une peau parfaite, légèrement bronzée, sans imperfection.

D'un geste délicat, elle enleva ses lunettes de soleil et nous regarda tous un par un sans parler. Quand il s'arrêta sur moi, j'eus l'impression de plonger dans un océan glacé. Son regard à la fois beau et effrayant me gardait prisonnier de ses deux prunelles noires. Cet échange ne dura qu'un instant mais je me sentis mis à nu, j'avais l'impression qu'en un simple regard elle avait épluché chaque détail de ma vie, qu'elle connaissait mes secrets les plus sombres, qu'elle me connaissait plus que je ne me connais moi-même. Ses yeux parcoururent les membres du groupe et elle s'arrêta finalement sur Britany en souriant avant de murmurer :

« Alors c'est toi ?

-Quoi moi ? demanda hautainement Britany

-La chienne en chaleur qui se croit au-dessus de tout le monde parce qu'elle s'affiche avec le mec populaire. »

Je ne suis pas sure qu'elle aurait dû dire ça. Britany commença à s'énerver et généralement quand elle s'énerve ce n'est pas très beau à voir, surtout pour la personne en face.

« Comment oses-tu ! cria Britany en se levant d'un bond. »

Elle lança son bras vers le visage de la nouvelle mais avant même que quiconque puisse faire quoi que ce soit, son poignet fut arrêté en vol. La brune avait saisi le bras de la blonde avant qu'il n'atteigne son visage. Elle se pencha et observa ma copine sous tous les angles avant de la relâcher et de partir sans dire un mot de plus, sans un seul regard en arrière.

Le badboy et la prétendue badgirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant