Chapitre 8

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Je m'élançais hors de la salle à manger, outrée par les propos de ma mère, elle qui m'avait promis de ne plus jamais me forcer à aimer quelqu'un. Je montais aussi vite que je le pouvais les marches menant à la salle de sport. Une fois à l'intérieur, je me changeais avec des vêtements que je laissais toujours ici et me mis à frapper aussi fort que je le pouvais dans le sac de frappe. Les coups s'enchainaient. J'y déversais ma rage, ma tristesse, ma colère et ma peur jusqu'à ce que mes phalanges saignent. Des gouttes ambrées coulaient le long du punching-ball pour venir s'écraser au sol et s'y mélanger avec mes larmes. Comment osait-elle essayer de me mettre en couple avec un garçon que je ne connaissais que depuis deux jours alors qu'elle ne savait rien. J'entendis la porte s'ouvrit dans mon dos mais peu m'importait, tout ce que je voulais c'était frapper ce stupide sac jusqu'à tomber de fatigue. Mais le destin ne le voyait pas ainsi. Je sentis une main se poser sur mon épaule pour essayer de me reculer du sac mais je poussais la personne et continuais de frapper.

« Analia ! Arrête, ça ne sert à rien ! »

Je ne pourrais même pas dire qui me parlait, j'étais trop énervée pour me rendre compte de quoi que ce soit d'autre.

« Analia ! »

Je continuais de frapper encore et encore quand je sentis deux bras entourer ma taille et me porter pour m'éloigner de force du sac de frappe. Je me débattis quelques secondes avant de me laisser aller. Mes jambes me lâchèrent et je tombais à genoux au sol, secouée par les pleurs, rongée par les souvenirs. La personne me prit dans ses bras et je me laissais aller contre son épaule. Je relevais faiblement la tête pour voir le visage de Cameron à quelques centimètres du mien. Je voulais me dégager mais je n'en avais pas la force, et peut-être pas l'envie non plus. Il me caressait les cheveux pour me calmer mais mes pleurs ne cessaient pas, je retenais mes larmes depuis si longtemps que je n'avais plus aucuns filtres sur mes émotions à présent.

« Tout va bien Analia, tout va bien. Calme-toi, je suis là. »

Petit à petit, au fur et à mesure que les minutes passaient, mes larmes se tarirent et je repris le contrôle de mes esprits. Je me redressais et essuyais mes larmes.

« Analia, tes mains ! »

Je regardais mes poings, effectivement, ce n'était pas très beau à voir. La peau s'est déchirée à cause des coups à répétition.

« Rien de grave, j'ai l'habitude. Merci Cameron, retourne manger. Je vais bien. »

Ma voix était faible, on aurait dit la voix d'une personne qui n'a pas dormi depuis des jours. Je sortis de la salle et me dirigeais vers la salle de bain pour désinfecter mes phalanges. Cameron me suivait, je l'entendais derrière moi mais je n'ai pas besoin de sa pitié. J'entrai dans l'immense pièce et sortis des cotons et l'alcool désinfectant avant d'en imbiber un coton. Cameron me le prit des mains. Il saisit mon poignet gauche et commença à désinfecter mon poing meurtri. Il faisait si attention qu'on aurait dit qu'il avait peur de me briser comme une poupée de porcelaine. Aucun de nous deux ne parlait, il n'y en avait pas besoin.

Quelques minutes plus tard, mes mains étaient propres et pansées.

« Tu devrais redescendre Cameron, va finir de manger. Je t'ai empêché de finir ton repas.

-Je reste, tu as besoin de compagnie je pense. Mais si tu ne veux vraiment pas de moi alors je partirais. »

Il me regardait en attendant une réponse. La vérité c'est que même si ce n'est pas la personne que je préfère, j'ai besoin de quelqu'un. Je hochais donc la tête et il sourit d'un air arrogant avant de me suivre dans les couloirs jusqu'à la salle de cinéma.

Le badboy et la prétendue badgirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant