Comme des bulles de savon

Hebdocriture du 31 juillet | La Création

Allo!

Cette semaine, pour l'Hebdocriture, il nous fallait décrire la création du monde.

Voici donc ma version.

Bonne lecture!

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Création

Iel était toujours seul/e. Où qu'iel aille, quoi qu'iel fasse, personne, jamais, prenait le temps de lui accorder quelconque attention. Les grand/es et fort/es lae trouvaient faible et petit/e, les intellectuel/les lae jugeaient niais/e, les passionné/es l'estimaient sans intérêt. Sans compter que les discret/ètes lae considéraient comme fantasque et extravagant/e! Même les nul/les, les rejects, les souffre-douleurs et les bouc-émissaires trouvaient le moyen de l'ignorer!

Iel en était venu/e à croire qu'iel ne comptait même pas pour du beurre, que pas même les électrons, les protons et les neutrons voulaient d'ellui.

Une fois, lae maître/sse proposa au groupe de réaliser un projet. Les apprenti/es devaient lui offrir une création. Iels pouvaient travailler en solo ou en équipe, lae maître/sse ne leur imposait rien. Iel espérait seulement que leurs discussions, leurs jeux et leurs réflexions se concrétisent en quelque chose de nouveau.

Sol fut lae premier/ère à revenir avec une orbe lumineuse. Iel déclara que ça allait les aider à mieux voir et comprendre ce que tout le groupe faisait.

Terra, qui en avait assez de flotter sans savoir où étaient qui et par où tous/tes s'en allaient fournit la gravité.

Mais la foule était tellement nombreuse et chacun/e voulait ajouter sa participation. Iels parlaient en même temps, hurlaient les un/es par-dessus les autres. C'est donc pourquoi Chronos, un/e élève très sérieux/se organisa des tours de rôles et, à l'aide d'un boulier, iel ajouta le Temps.

Gaïa était tellement excité/e d'ajouter sa participation qu'iel en échappa toutes ses billes! Celles-ci se mirent à tourner autour de la lumière à cause de la gravité, ce qui créa des planètes rocheuses.

Réalisant sa maladresse, Gaïa se mit à pleurer de honte et tenta de remanier son oeuvre, ce qui eut l'heurt d'emmêler les boules encore plus, créant des projectiles et des objets fous que lae maître/sse appela des astéroïdes et des comètes.

Naïa, incapable de décider de ce qu'iel ajouterait et voyant son tour arriver pleura tellement que ses larmes se renversèrent partout, créant des rivières, des mers, des océans. Lorsqu'on lui demanda ce qu'iel voulait créer, iel renifla un bon coup et déclara que finalement, iel avait créé l'Eau.

Un/e autre élève jeta les miettes qui traînaient au fond de ses poches, laissant le hasard créer pour ellui. Les miettes devinrent des plantes, des arbres, des fleurs...

Éole, un/e élève très paresseux/se, soupira, épuisé avant même d'avoir commencé à travailler. Son souffle produisit le Vent.

Ensuite, on décida de décorer la création collective en ajoutant des représentations des apprenti/es. Ainsi apparurent les poissons, les insectes, les amphibiens, les reptiles, les mammifères, les oiseaux... Les apprenti/es les déposèrent sur la Planète afin que e soit joli.

Tout le monde parlaient de plus en plus fort et s'excitaient, ravis de leur création commune. On avait décoré les prés de fleurs, les arbres de fruits, d'oiseaux ou de petits rongeurs. Les couleurs étaient magnifiques, resplendissantes sous l'éclat de la lumière de Sol;. À l'aide des billes de Gaïa et de la Gravité de Terra, Nix avait créé le Cycle de la Nuit et du Jour.

Tous/tes s'étaient entendu/es pour incliner légèrement la boule décorée de façon à ce que toutes les décorations puissent profiter de leur tour sous la plus belle lumière.

Et c'est une fois que la création fut terminée qu'on réalisa que personne n'avaient pensé à ellui.

Les élèves et le/a maître/sse s'immobilisèrent, lae fixant du regard. Iels ne savaient plus où se mettre, iels n'avaient pas envie qu'iel vienne gâcher leur chef-d'oeuvre! Après tout, iel n'était jamais assez pour quiconque, sa création serait certainement insuffisante pour leur oeuvre.

— Peut-être que tu pourrais commencer la prochaine fois? proposa lae maître/sse.

Mais non. Il n'y aurait pas de prochaine fois, iels le savaient tous/tes. Iels avaient mis toute leur énergie, tout leur coeur à créer ce système. Sol avait donné toute sa lumière, Terra et Gaïa toute leur force, Naïa toutes ses larmes... Éole était à bout de souffle à force d'avoir créé le nordet, le shinook, le sirocco, l'alizée, le mistral et tous les autres Vents. Chronos avait beau regarder sur son boulier, il n'y aurait pas de place à l'horaire pour créer à nouveau avant longtemps.

— Mais vous avez oublié un détail, dit-iel, un éclat de malice au fond du regard.

— Ah non, fit lae maître/sse. Ce travail est parfait, c'est une création réussie!

Mais pour une fois, iel ne se tut pas. Iel n'en pouvait plus de ne pas être écouté. Iel s'approcha du système qu'on avait créé sans ellui et regarda tour à tour tous les autres divinité/es dans les yeux, les pénétrant jusqu'à leur noyau.

Alors, d'une voix forte, iel dit:

— Je suis Chaos et je donne la Vie!

Aussitôt, les aigles décorant les plus hautes montagnes s'envolèrent, les chèvres se mirent à grimper, les requins à nager... Le lion fit entendre son rugissement, terrifiant les antilopes si délicatement posées dans la savane.

— Mais, fit Naïa, encore larmoyant/e, avec la Vie, ils vont pouvoir mourir?...

— Bien sûr, répondit Chaos. Mais avec la Mort, ils pourront aussi naître!