Dire qu'Evelyn était déçue de l'allure supposément élégante du château qu'était Poudlard serait un euphémisme. Certes, il était imposant, prestigieux et féerique, particulièrement grâce à la neige qui enjolivait son apparence. Cependant, il n'était sous aucun prétexte chic ou délicat à la manière de BeauxBâtons.
Avec un soupir, elle atteignit deux immenses portes habilement sculptées. Elles s'ouvrirent à son passage, faisant taire les conversations aussi allègres qu'houleuses des élèves et professeurs. Dumbledore, le directeur de cette école, se leva.
-Exceptionnellement cette année, nous accueillons tardivement une nouvelle élève parmi nous. Venue tout droit de BeauxBâtons, elle rejoint notre école pour des raisons personnelles. Je vous prie de ne pas être trop indiscret et de l'accueillir chaleureusement. Mlle Delacour, veuillez avancez jusqu'au tabouret devant moi.
Elle s'y dirigea et s'assit. Un objet d'une magie très ancienne fut poser sur sa tête: le Choixpeau. Il tomba devant ses yeux et elle sursauta lorsqu'elle entendit une voix résonner dans son esprit:
-Il y a une dose de courage et de défiance là-dedans... j'y vois aussi le désir de s'intégrer...
Evelyn était désenchantée. Elle ne voulait pas qu'un absurde chapeau décèle ce qu'elle ne souhaitait pas s'avouer à elle-même.
-Cependant, tu appartiens à... Serpentard!
On délogea le chapeau de sa figure, l'autorisant à se mouvoir jusqu'à la table qui l'acclamait avec ardeur. Elle s'installa sur le siège libéré par une jolie blonde au regard de biche. Le festin apparut, mais Evelyn n'y fit pas attention. Lançant un regard circulaire à l'endroit du nom de la 'Grande Salle', elle ne se priva pas de porter un mauvais jugement à son allure brut.
Restituant son attention sur les individus de sa maison, ses iris saphir se posèrent sur un visage blafard propriétaire de traits méprisants et d'un regard gris orage. Sa chevelure devait être aussi claire que sa peau. Des lèvres en cœur lui sourirent avec condescendance.
-On admire la vue?
-Admirer est loin d'être le mot, Draco Malfoy. J'opterais plutôt pour critiquer.Son sourire fut détrôner par une étincelle de furie.
-Fais attention à ce que tu dis, Delacour. Ici, à Serpentard, la hiérarchie n'est pas seulement un concept, mais une réalité. Il me suffirait de très peu pour rendre ta vie insupportable.
Evelyn afficha un rictus hostile.
-Aurait-on un léger problème d'orgueil? À ta place, j'éviterais toute confrontation de la sorte avec ma personne. Un accident serait si vite arrivé.
Le doute se logea juste assez longtemps sur les traits froid de son opposant. Ils se toisèrent avec une aversion nouvelle, tels lion et hyène. À sa gauche, un raclement de gorge arracha Evelyn à ce duel de regards. Son attention se braqua vers ce dérangement aux yeux de biche. Evelyn arqua un sourcil.
-Ce n'est jamais une bonne idée de s'attirer les foudres de Malfoy, dit-elle simplement.
-Est-ce une menace ou un conseil? s'enquit Evelyn.Un sourire en coin illumina le visage de son interlocutrice.
-À toi de voir. Au fait, je m'appelle Daphné Greengrass.
Evelyn se présenta à son tour. Puis, un garçon à la chevelure noisette et au sourire joueur lui tendit la main au-devant Daphné.
-Théodore Nott.
Elle le dévisagea.
-T'inquiètes, elle ne mords pas, dit-il, désignant sa main du menton.
Méfiante, Evelyn la serra sobrement. Cette civilité fut interrompue par une méprisante camarade à la frange brune.
-Es-tu de sang pur? Je n'ai jamais entendue parler du nom Delacour avant.
-Le contraire m'aurait étonné, puisque Delacour est un nom français, répondit Evelyn. Ma lignée est presqu'aussi ancienne que cette école.Un métis rasé la scruta. Posément, il lâcha:
-Ancienne, mais pas strictement pure.
-Pardon? s'insurgea Evelyn. Qu'est-ce que tu insinues?
-Plutôt récemment, il y a eu l'ajout de sang de vélane à cette lignée, n'est-ce pas?Evelyn se tut.
-Aussi, ta famille est reconnue pour sa gloire, sa richesse et son élégance, pas la pureté de son sang.
Evelyn croisa les bras, feignant la défiance.
-Qu'en sais-tu?
-J'ai mes sources, dit-il avec un air suffisant et un sourire en coin.Evelyn serra les dents et survola la table du regard. Elle remarqua les assiettes presque vides de certains étudiants. Lentement, elle se servit une côtelette de porc sans aucun accompagnement. Les conversations s'étaient orientés vers les congés de Noël, dont les élèves venaient de sortir. Evelyn, ne voulant pas songer à ses propres vacances, se concentra sur son plat, forçant bouchée après bouchée entre ses lèvres. Rapidement, le dessert apparu. Sa respiration s'accéléra et elle fut reconnaissante de l'inattention envers sa personne. Nauséeuse, elle s'éclipsa furtivement.
Ne connaissant pas l'emplacement des toilettes, elle se résolut à dégobiller sur la neige à l'entrée du château. Honteuse, elle sortit sa baguette et dissipa son dégât. Sa respiration retrouva une cadence presque normale lorsqu'un bruissement lui soutira un sursaut. Pointant sa baguette sur l'intrus, son cœur voulut saillir de sa poitrine. Impossible, se dit-elle.
-Est-ce que tout va bien? Je t'ai vu te glisser hors de la Grande Salle, blême comme un drap. Aussi, tu es nouvelle et je voulais m'assurer que tu te perdes pas.
Ses traits exprimaient l'honnêteté et la bonté. Evelyn douta de sa première impression.
-Comme tu peux le remarquer, je me porte très bien toute seule.
-Parfait, mais si t'as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas, dit-il, retournant tranquillement vers le château.
-Tu m'as pas dit ton nom.Mieux vaut prévenir que guérir, se récita-t-elle.
-Cédric Diggory.
Puis, il tourna le coin, quittant le champ de vision d'Evelyn. Celle-ci marcha vers le mur le plus près et s'y adossa.
-Ce n'est pas lui, souffla-t-elle.
Les souvenirs, aussi bons que mauvais, l'assaillirent. Après tout, elle venait de dégoter le sosie de Léo Dupuit, son ancien meilleur ami et son ultime persécuteur.
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Incomprise
FanfictionAprès son renvoi de BeauxBâtons au milieu de sa troisième année, Evelyn Delacour se voit obligée d'intégrer Poudlard. Rapidement, elle se lie d'amitié avec Théodore Nott, mais elle se crée aussi des ennemis dangereux. Pansy Parkinson qui est prête à...