13-Chamailleries

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Désolé pour la confusion concernant la couleur des yeux de Théo. Dans un précédent chapitre (le 8), j'ai écrit qu'il avait les yeux bleus, mais ses yeux sont noisettes. Je l'ai d'ailleurs modifier pour éviter plus de confusion. Bonne lecture! ;)

*

Evelyn prenait du soleil, la tête sur les cuisses de Théo.
Il y avait de cela une heure qu'ils avaient complété leur dernier examen. La main dans les cheveux d'Evelyn et les pieds dans l'eau du lac noir, Théo soupira de contentement.

-Plus qu'une semaine pour se pavaner dans le château, sans aucun cours pour nous gâcher la journée.

Evelyn lui sourit, complètement détendue par le massage crânien qu'elle recevait. Le bruissement des arbres émit par la douce brise estivale, le gazouillis enchanteur des oiseaux, le ruissellement de l'eau et les conversations éparses des élèves berçaient ce sentiment de bien-être.

-Le monde est si beau, mais si cruel, murmura Evelyn en contemplant le ciel sans nuages.

Un silence apaisant accompagna sa réponse. Elle braqua son regard sur le visage de Théo, qui l'observait déjà avec un léger sourire. Elle le lui renvoya, puis ferma les yeux, la sérénité s'ancrant en elle. Lentement, elle sombra vers le sommeil.

-On a jamais reparlé de ce qui s'est passé entre nous, commenta soudainement Théo.

Evelyn se tendit, émergeant violemment de son état de tranquillité.

-On était sur la drogue, il n'y rien de plus à dire.
-C'est exactement ce que tu avais dit avant de m'embrasser une deuxième fois.

Evelyn se releva brusquement et planta ses yeux saphir dans ceux noisette de Théo.

-En étant droguée, encore une fois, dit-elle sèchement.

Il sonda son regard.

-Tu sais, Evelyn, tu es très importante pour moi, mais tu ne peux pas m'embrasser et dire que ce n'était rien.

Evelyn voulut protester, mais il continua sur sa lancée.

-Je veux dire, une fois? Ça peut être une erreur de jugement, un peu trop de drogue ou n'importe quelle autre excuse. Deux fois?

Il secoua la tête.

-Deux fois, ce n'est pas une erreur. Qu'il y ait de la drogue incluse ou non, tu le voulais. Tu le désirais même. Et ça, ça veut dire quelque chose.

Evelyn écarquilla les yeux.

-Je...

Elle chercha ses mots, puis opta pour une autre approche.

-Pourquoi as-tu attendu aussi longtemps avant de me parler de tout ça?
-Parce que je voulais que ça vienne de toi et que je ne voulais pas te forcer la main ou quoi que ce soit, mais j'ai besoin de savoir...

Quand la suite ne vint pas, elle s'inquiéta:

-Savoir quoi, Théo?

Il hésita.

-Savoir quoi? insista-t-elle.
-Si tu ressens la même...

Il se tut, fixa un point lointain, puis plongea ses prunelles dans celles d'Evelyn. Il replaça tendrement une mèche derrière son oreille et garda sa main sur sa joue.

-Evelyn, je ne veux pas détruire notre amitié, mais je ne peux pas... je ne peux plus ignorer ce que je ressens pour toi.

Il lui offrit un petit sourire.

-Fais ce que tu souhaites de cette information, la décision t'appartient. Si tu veux qu'on soit plus, ce serait génial, mais si tu ne veux pas, je vais respecter ton choix.
-Je ne peux pas, murmura-t-elle.

Elle ne se sentait pas prête à donner sa confiance au niveau romantique.

-C'est correct.

Il lui caressa la joue du pouce avant de laisser tomber sa main.

-Désolé...
-Ne t'excuses jamais d'avoir dit non.

Des larmes embuèrent la vision de son interlocutrice.

-Ce n'est pas contre toi, Théo. Je n'ai... je ne p... je ne suis juste pas capable.
-C'est correct. Viens ici.

Il ouvrit ses bras et Evelyn s'y réfugia. Elle inspira son parfum de sapin et de menthe, se terrant dans cette odeur réconfortante. Elle espérait seulement qu'il soit encore là quand elle sera prête à ouvrir son coeur.

*

Le hurlement strident de Pansy réveilla Evelyn. Cette dernière n'avait pu résister à l'appel de son lit malgré l'anticipation. Se levant d'un bond, elle ne put réprimer le sourire mauvais qui s'empara de ses lèvres. La scène était hilarante : Pansy paniquait devant la dizaine de serpents qui grouillaient sous ses couvertures.

Certes, Evelyn avait appris de ses erreurs. Voilà pourquoi ils n'attaquaient pas. Ils ne faisaient qu'effrayer sa rivale. Quand la panique cessa finalement, elle sauta pratiquement sur Evelyn. Daphné n'était pas là, alors il n'y avait personne pour calmer la situation.

-Stupide vélane, tu vas le regretter!

Elle lui lança une série de sort qu'Evelyn bloqua aisément. La colère l'empêchait de viser juste, même si elle amplifiait sa magie. Lorsqu'elle reçut une coupure à la joue, elle contrattaqua avec un expelliarmus que Pansy ne réussit à arrêter.

-Si tu veux te venger, il faudra attendre à l'année prochaine. Douze heures n'est clairement pas assez pour détruire ma vie avec une rumeur, dit Evelyn, roulant les yeux.

Pansy s'avança et se planta devant elle, méprisante.

-Si tu reviens l'année prochaine, je te promets un enfer comme tu n'en auras jamais vécu.

Evelyn essaya de retenir un rire, en vain.

-Mes menaces n'ont rien d'amusant, s'insurgea Pansy.

Evelyn ne put effacer le sourire venimeux qui suivit son éclat.

-Tu es aussi épeurante qu'un pékinois. Tu jappes et tu jappes, mais tes morsures sont pratiquement invisibles.

Malgré la gifle que Pansy lui donna, elle garda son rictus.

-J'appelle ça un coup de patte, pas une morsure, pékinois.
-Moi, j'appelle ça un instant de chance. Tu as l'avantage du temps et tu as ma baguette, mais j'ai un été complet pour préparer ma vengeance, sang-mêlé.
-Je suis terrifiée, ironisa-t-elle.

Pansy serra les poings, hésita, puis se détourna afin de s'occuper des serpents. Après un moment, elle quitta la salle, probablement pour aller chercher Daphné. Evelyn, lassée, retourna se coucher.

Ce qui la terrifiait vraiment était ce qui l'attendait le lendemain.

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