23-Révélation

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Depuis l'arrivée de Fleur, Evelyn eut droit à des cours particuliers presque tous les matins. Aujourd'hui ne faisait pas exception. Les leçons étaient principalement centrées sur la magie sans baguette, mais Fleur lui apprenait aussi des sorts de guérison.

Ce fut après l'un de ces cours qu'elle trouva enfin le courage de poser la question qui lui brûlait tant les lèvres. Comme à leur habitude, quand elles étaient toutes les deux, elles conversèrent dans leur langue maternelle, le français.

-Qui est mon père, Fleur? Mère doit te l'avoir dit. Après tout, tu es sa favorite.

Fleur afficha une expression peinée.

-Désolé, mais non.
-Et tu n'as aucune idée de qui cela pourrait être? Je veux dire, des fourchelangues, ça courent pas les rues.
-La génétique peut courir dans la famille sans que ton père soit nécessairement fourchelangue.

Evelyn soupira d'impuissance.

-C'est le seul indice que j'ai.
-Je peux t'aider si tu décides d'effectuer des recherches.
-J'en ai fait à BeauxBâtons et ça n'a rien donné.
-Peut-être qu'à Poudlard ce sera différent.

Evelyn ne pouvait qu'espérer que sa grande sœur ait raison. Elles sortirent ensemble de la salle de cours qu'elles empruntaient et se séparèrent passées la porte. Deux couloirs plus tard, Evelyn eut le malheur d'être interpellée par une voix agaçante.

-Pékinois, toujours un plaisir!

Elle se retourna et son faux sourire disparut. Léo Dupuit, aux côtés de Parkinson, l'observait avec avidité.

-Que se passe-t-il, mon ange? Tu n'es pas contente de me revoir? s'enquit-il en français.
-Appelle-moi comme ça encore une fois et je te coupe la langue.
-Pourtant, tu adorais ce surnom l'année dernière.
-Les gens changent.

Pansy soupira d'impatience.

-Ce n'est pas pour ça qu'on est là, Léo.

Avec un sourire mauvais, il annonça:

-J'ai tout raconté à Pansy, alors si tu tiens à ta réputation, t'es mieux de te tenir tranquille.
-Et quelle version lui as-tu donné au juste? Celle où tu es la victime ou la vraie?
-Celle qui montre tes vraies couleurs, mon ange.

Aussitôt, Evelyn sortit sa baguette de sa manche et la piqua sous son menton, des éclairs dans les yeux.

-Evelyn! s'exclama Théo, au loin.

Elle fixa Dupuit d'un regard dur avant de ranger sa baguette et de se tourner vers son meilleur ami.

-Que fais-tu ici?
-Je te cherchais.

Il leva les yeux et en apercevant les personnes qui lui tenaient compagnie, il fronça les sourcils.

-Tout va bien?

Elle lui fit un sourire forcé, mais fut coupée par son agresseur.

-C'est ton nouveau jouet? demanda-t-il, mâchoire serrée.
-C'est ta prochaine victime? répliqua-t-elle en pointant Pansy du menton.

Si c'était même possible, la tension augmenta encore d'un cran.

-Tu dois être son nouveau copain. C'est un plaisir de te rencontrer, dit Léo en tendant la main à Théo.

Ce dernier l'observa sans y toucher, alors il la retira.

-Fais juste attention avec elle. Elle adore charmer, puis jouer à la victime quand elle en subit les conséquences.
-Fais attention avec lui, répliqua Evelyn en regardant Pansy. Il adore être gentil jusqu'à ce qu'il te propose un joint.

La brune leva les yeux au ciel.

-Comme si j'allais écouter un seul mot qui sort de ta bouche impure.
-Peu importe, soupira Evelyn.

Elle passa son chemin, Théo à ses côtés. Juste avant de tourner le coin, Léo lança:

-Tu es aussi coupable que moi, mon ange.

Evelyn s'immobilisa, puis murmura:

-Crache-Limaces.

Léo Dupuit eut une nausée, mais Evelyn était déjà dans l'autre couloir lorsqu'il vomit sa première limace.

-C'était largement mérité, approuva Théo.

Evelyn eut un sourire en coin. Quand ils furent assez éloignés, elle s'arrêta. Son cœur accéléra la cadence devant ce qu'elle s'apprêtait à faire. Après avoir lancé quelques sortilèges qui empêcheraient quiconque d'entendre ce qui serait dit entre les deux, elle commença:

-Quand je t'ai révélé ce que j'ai vécu, j'ai omis certains détails plutôt importants.
-Tu n'es pas obligé de m'en parler...
-Non, j'ai besoin d'en parler. Est-ce que je peux te faire confiance pour que tu ne révèles ça à personne?
-Oui, bien sûr.

Elle prit une profonde inspiration, puis se lança:

-Comme tu le sais, j'ai certaines difficultés à contrôler mes dons de vélane et même si je suis maintenant capable de les bloquer en tout temps, ça n'a pas toujours été le cas. La première fois que j'ai fumé le cannabis, mes barrières ont cédée. C'était Dupuit qui était avec moi puisque c'était son joint et son idée, alors, à cause de l'envoûtement, il m'a en quelque sorte sauté dessus. En d'autres mots, il était rendu fou de moi.

Elle voyait l'appréhension dans les yeux de Théo et dû prendre son courage à deux mains pour continuer son récit.

-Alors que ses mains balayaient mon corps, j'ai finalement trouvé comment remettre mon sortilège sous contrôle. Le problème était qu'il continuait. Quand il était sous le charme, c'était excusable, puisque c'était entièrement ma faute, mais quand j'ai réalisé qu'il ne s'arrêterait pas...

Evelyn avala sa salive avec difficulté.

-J'étais toujours sous l'effet du joint, dont je suis à peu près certaine qu'il ait mis quelque chose de plus dedans (une drogue de viol peut-être), et ma baguette était hors d'accès, alors il en a profité et il m'a violé.

Elle respirait lentement dans le but de calmer les tremblements qui la secouaient et de faire descendre la boule qui bloquait sa gorge. Elle reprit quelques secondes plus tard.

-Après, il a lancé la rumeur comme quoi je l'avais charmé pour le forcer à avoir une relation sexuelle avec moi. Tout le monde l'a cru. Même mon ancienne meilleure amie.

Des larmes roulèrent le long de ses joues et elle fit de son mieux pour ravaler un sanglot.

-J'ai donc commencé à me faire harceler jusqu'à me faire courir après. Quand je me suis finalement défendue, avec un serpent venimeux, c'était parce qu'ils avaient prévus me mettre une corde au cou, même si le noeud aurait été supposément facile à défaire. C'était leur idée d'une punition pour ce que j'avais apparemment fait subir à Dupuit.

Le silence résonna longuement. Lorsqu'elle trouva enfin la force de croiser le regard de Théo, elle fut confrontée à de la rage pure plutôt qu'à la pitié à laquelle elle s'attendait. Cependant, en voyant les yeux d'Evelyn sur lui, son expression s'adoucît.

-Est-ce que je peux... commença-t-elle.

Il hocha légèrement la tête et l'attira dans une étreinte. Les pleurs qui suivirent étaient libérateurs. Après sa grande confession, Evelyn se sentait plus légère, comme si le poids qui ornait ses épaules s'était évaporé au fur et à mesure que les paroles s'étaient déversées.

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