19-BeauxBâtons à Poudlard

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Même après deux semaines, la conversation qu'Evelyn avait eu avec Luna ne voulait pas quitter son esprit. Devant le miroir, elle examina son reflet et essaya de se percevoir de la même façon que celle-ci la voyait. Comme une rose, comme un papillon... Elle leva sa paume vers le ciel, à droite de son visage, ferma ses doigts, puis, après avoir concentrer sa magie au centre de sa main, les ouvrit sur un papillon saphir.

Elle l'examina avec une attention particulière, mais elle ne vit toujours pas la ressemblance. Elle soupira, puis décida de changer l'illusion sur un papillon de nuit. Peut-être que sa perception d'elle-même avait simplement été trop influencée par les commentaires dégradants de sa mère, mais elle se trouva une plus grande affinité avec celui-ci. Terne, magnifique si l'on regarde de près, mais pas autant que celui diurne, et détesté par les observateurs paresseux et les peureux antipathiques.

-Qu'est-ce que tu fous avec une bestiole dans ta main? s'écria Pansy, dégoûtée.

Evelyn sursauta.

-Qu'est-ce que tu veux, Pékinois?
-La salle de bain ne t'est pas exclusive.

Elle la poussa d'un coup de hanche afin d'avoir accès au miroir et commença à se maquiller. Evelyn, énervée, fit tomber le papillon sur sa tête. Pansy s'époumona de panique, secouant ses cheveux dans tous les sens.

-Enlève-moi ça! Enlève-moi ce putain de truc!

Evelyn eut un sourire mauvais.

-Quel truc?

Pansy la regarda avec fureur, puis remarqua la dizaine de papillon nocturne soudainement apparue sur les bras d'Evelyn. Cela ne lui prit visiblement qu'une seconde pour comprendre ce qui se passait vraiment.

-Salope!

Elle se jeta littéralement sur elle, mais Evelyn l'esquiva d'un pas de reculons. Pansy s'écrasa au sol. Avant que la blonde ne l'ait vu venir, un sort ricocha contre le seuil de porte. Aussitôt, elle retira sa baguette de ses cheveux, ceux-ci s'affaissant lourdement contre son dos. S'ensuivit un duel qui se termina, pour la seconde fois, avec la baguette de la brune à frange dans les mains de la vélane. Ceci sembla calmer légèrement la première. Peut-être était-ce aussi l'absence de papillons.

-Tu n'es vraiment qu'une pauvre et misérable salope! On verra bien qui rigolera le dernier quand Léo Dupuit sera parmi nous.

Pansy regarda l'horloge accrochée au-dessus de la fenêtre.

-Quelle ironie! s'exclama-t-elle, sourire venimeux aux lèvres. Il arrive aujourd'hui! Dans 6h précisément!

Evelyn blêmit. Elle faisait tout pour ne pas penser à ce futur imminent et affreux qui l'attendait. Elle lança la baguette de Pansy au visage de cette dernière et s'éclipsa. Tout juste sortie de la salle commune, elle fut interpellée.

-Delacour. Dans mon bureau.

Evelyn soupira, mais obéit. Une fois tous deux assis, le professeur Maugrey commença:

-Il est tout à fait respectable que vous ne veniez pas aux leçons parascolaires que je vous aie proposé, même si je crois toujours qu'elles pourraient vous être grandement utiles.

Il la fixa un instant, son œil fonctionnel soutenant son regard, tandis que celui électrique la dévisageait de la tête aux pieds.

-Par contre, il n'est absolument pas tolérable que vous décidiez de ne pas vous pointer dans mes cours!
-J'étais malade!
-Bullshit! Vous avez peur, Delacour. Vous transpirez la peur. Et c'est cette faiblesse qui va vous tuer si vous ne la surmontez pas.

Evelyn était ennuyée.

-Ou elle pourrait tuer l'un de vos proches.

Son ton rendait clair de qui il parlait. Evelyn serra les dents. Maugrey posa un poing lourd sur la table, la faisant sursauter.

-Que ce soit bien clair, jeune fille, je ne tolérerai aucun autre écart de votre part.

Sur cet avertissement, Evelyn quitta le bureau.

*

-On peut toujours manquer le dîner, si tu préfères, proposa Théo.
-Je vais survivre, dit-elle avec un sourire plat.

Ils s'installèrent à leur place habituelle, soit au centre de la table des serpents.

-Tu aurais dû changer d'école quand tu en avais l'occasion, ricana Pansy en passant à côté d'elle.
-Ne l'écoute pas... commença Théo en posant une main sur la sienne.

Aussitôt, Evelyn la retira.

-Je sais, répondit-elle, sèchement, il y a des lustres que ce qu'elle dit ne m'atteins plus.

C'était un mensonge et Théo, à voir son expression, le savait très bien, mais il n'insista pas.

-Mes chers élèves, je vous pris d'accueillir vos compères de BeauxBâtons et de Durmstrang avec chaleur! annonça Dumbledore.

À peine eut-il prononcé le dernier mot que les portes s'ouvrirent sur des robes bleu pastel. Les filles pénétrèrent les premières en un spectacle d'illusions de papillons. Lorsque Fleur croisa le regard d'Evelyn, elle lui fit un clin d'oeil. Les garçons suivirent de près, et quand, à son tour, Léo Dupuit la regarda et lui adressa un sourire provocateur, elle blêmit. De la bile lui monta à la gorge et une envie pressante de fuir la prit.

Elle regrettait maintenant d'avoir retirer sa main, alors elle posa sa tête sur l'épaule de Théo. Sans poser de questions, il l'entoura d'un bras protecteur. Elle se rapprocha, l'étreignit à la taille et inspira profondément le parfum familier de son meilleur ami. Au loin, elle vit Cédric Diggory observer Léo Dupuit avec une expression troublée. À l'avant, les élèves de BeauxBâtons firent une chorégraphie de danse qui semblait être un mélange de ballet et de contemporain. Ensuite vint le tour des étudiants de Durmstrang. Ils firent une étrange démonstration de force avec du feu et des bâtons.

Les premiers rejoignirent la table des Serdaigle (Evelyn en pleura presque de soulagement) et les seconds, celle des Serpentard. Après une chanson de la chorale de Poudlard souhaitant la bienvenue aux deux écoles, le buffet apparut en une variété de mets d'origine française. Evelyn se détacha de Théo et, avant qu'il ne retire son bras de sa hanche, elle posa sa paume contre le dos de sa main tout en entrelaçant leurs doigts. À la recherche d'une approbation, elle leva les yeux sur le visage de Théo pour être confrontée avec un sourire ravi qu'il essayait tant bien que mal de camoufler.

Sur le moment, elle en oublia tous ses soucis.

-Tu es la personne la plus importante dans ma vie, Théo. Avec comme seule exception mes soeurs, même si ce n'est pas le même...

Elle se tut en entendant un ricanement.

-Avec autant de son passé à notre disposition, tout le monde saura enfin qui est vraiment Evelyn Delacour, entendit-elle Pansy dire à Draco.
-Le même? s'enquit Théo, ramenant son attention sur lui.

Elle prit un moment pour rassembler ses pensées et essayer de se rappeler de quoi elle parlait.

-Le même type d'amour.

Théo fouilla dans son regard. Semblant trouver ce qu'il cherchait, il déposa un doux baiser sur la tempe d'Evelyn. Ses joues devinrent cramoisies.

Ce fut à cet instant qu'elle réalisa que non seulement des meilleurs amis n'agissaient pas comme cela l'un envers l'autre, mais qu'ils ne réagissaient pas comme cela après une marque d'affection qui pourrait être purement platonique.

Ou peut-être l'avait-elle déjà compris lors de leur premier baiser et elle n'avait tout simplement pas osé formuler cette pensée avant aujourd'hui.

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