7-Séjour à l'infirmerie

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Evelyn pataugeait entre deux mondes liés si étroitement qu'elle ne distinguait plus le réel de l'irréel, le rêve de la réalité. Elle ne savait qu'une chose: les potions qu'on lui faisait avaler était la cause de cette incertitude.

Dans cette folie, Théo chevauchait des licornes, puis fusionnait avec pour devenir un centaure, Pansy se faisait noyer par des sirènes ayant les traits de sa sœur, Fleur, et Draco avait une aura de lumière éclatante, tel le halo d'un ange.

Après une éternité, elle s'échappa de ce pays imaginaire et fut accueillit par des rideaux verdâtres. Elle essaya de se lever du lit aux draps blanc cassé, mais une paire de menottes à son poignet l'en empêcha. Toutefois, elle était trop amorphe pour paniquer. Quelques minutes plus tard, le rideau s'ouvrit sur Mme Pomfrey, qui lui fit passer une série de tests. Insatisfaite, elle lui fit boire de nouvelles potions et Evelyn rejoignit le confort des rêves détraqués.

Ce rituel se répéta durant plusieurs jours, l'unique différence étant qu'elle restait éveillée de plus en plus longtemps. Entre-temps, elle eut droit à la compagnie des jumeaux Weasley, de Camille, de Cédric, de Daphné, qui lui apportait ses notes de cours, et de Théo. Ce dernier était constamment à son chevet, quand les heures de visites et son horaire le lui permettaient.

Durant cette convalescence forcée, elle fit la connaissance d'Astoria Greengrass, l'odieuse petite sœur à Daphné. Tout le long, elle n'avait été que condescendante.

-C'est elle ton amie malade? Je pensais pas que t'avais des amies impures.
-La pureté du sang ne devrait jamais être un facteur décisif quant à si l'on apprécie quelqu'un ou non, Tori.
-Je suis d'accord, quand ça concerne un mélange entre sorcier et moldu, pas avec ce genre de créatures, avait-t-elle dit en dévisageant Evelyn de bas en haut et en retroussant le nez. D'ailleurs, je pensais que les vélanes étaient magnifiques.

Daphné l'avait forcée à s'excuser. Malgré tout, les propos d'Astoria n'avait pas saccagé l'estime d'Evelyn, comme probablement voulut. À la place, une détermination froide s'était emparée d'elle. Astoria n'aura d'autres choix que de réviser ses pensées.

*

Lors de sa dernière soirée, elle posa deux questions à Théo.

-Pourquoi Tracey n'est-elle pas venu me voir?
-Elle se sent coupable de ne pas avoir remarquer ton état.
-Et?

Elle savait qu'il y avait plus.

-Elle a tout raconté à l'infirmière, puisqu'elle voulait t'aider le plus possible...

Théo baissa les yeux.

-Mais Zabini a tout entendu.

Evelyn figea.

-Par contre, il n'y a pas une seule rumeur à ce sujet et ça fait plus d'une semaine, ajouta Théo.

Evelyn ferma les yeux et prit une profonde inspiration.

-Pour l'instant, expira-t-elle.

Il y eut un moment de silence, puis Théo balbutia:

-Est-ce que tu m'en veux? D'être ami avec eux, je veux dire.
-Non.
-Tu es certaine? Parce que je me sens coupable, avec tout ce qu'ils te font subir.
-Et que je leur fait subir. Il n'y a pas d'un côté les bons et de l'autre les mauvais, on fait tous des choses regrettables. Tu es libre de tes choix, Théo, jamais je ne te forcerai à choisir.

Théo l'étreignit subitement. Evelyn hésita, puis, lentement, lui rendit l'étreinte. Depuis toujours, elle craignait les bras d'hommes, alors elle s'étonna de leur douceur et du réconfort qu'ils procuraient. Elle espérait seulement ne pas se tromper sur le compte de Théo comme elle s'était trompée sur celui de Léo Dupuit. Lorsqu'ils se relâchèrent, Evelyn posa sa deuxième question.

-Est-ce que Draco Malfoy est venu me visiter?

Théo arbora une expression surprise.

-Pas que je sache, non. Pourquoi?
-Rien de particulier. J'ai dû l'avoir halluciné dans un de mes rêves insensés.

Dans ses souvenirs, le visage encerclé de lumière de son rival n'était pas aussi brumeux que le reste de ses songes, la portant à se questionner. Le sujet divergea vers les cours et Théo l'aida avec sa pile interminable de travaux, mais son doute persistait.

Le lendemain matin, Mme Pomfrey lui expliqua le régime qu'elle devait tenir et son attente de visites hebdomadaires à l'infirmerie.

Finalement libérée, elle se fit harasser de questions par des personnes à qui elle n'avait jamais adressé la parole. Elle les ignora et dû être rêche avec un deuxième année persistant du nom de Colin Creveey, mais, au moins, elle avait la preuve que Blaise avait tenu sa langue. Pour l'instant.

Elle prit une longue douche, car elle n'avait eu droit qu'à des bains durant sa convalescence et cela lui donnait l'impression d'être encore crasseuse. Ensuite, elle consacra sa matinée à observer le paysage hivernale du haut de la tour d'astronomie. Il était mi-mars, mais la neige perdurait, forte et inébranlable.

Pour déjeuner, elle équilibra glucides, protéines, lipides et vitamines, jugeant les quantités comme l'infirmière lui avait conseillé. L'après-midi, elle se concentra dans ses travaux. Pour dîner, elle évita Tracey et suivit Théo jusqu'à un groupe d'amis avec qui il était familier. Il était composé de deux jumelles, Hestia et Flora Carrow, et de trois garçons, Cassius Warrington, Graham Montague et Adrian Pucey. Flora Carrow incita Evelyn à s'assoir à côté d'elle. Evelyn fit un rapide inventaire des différences entre elle et sa sœur. Hestia avait des traits sculptés, alors que ceux de Flora étaient fins et doux. De plus, Hestia avait les yeux plus rapprochés que sa jumelle.

-J'adore tes cheveux, commenta Flora. Et j'adore ton parfum aussi. Est-ce aux fruits?

Evelyn l'appréciait déjà et le lui montra d'un doux sourire.

-Merci! Et oui, mon shampooing est aux agrumes, mais mon parfum est à l'hibiscus.
-Charmant, ironisa Hestia.

Sa sœur la regarda avec reproche.

-Quoi? Joue à la gentille si ça te tente, mais, moi, je ne fraternise pas avec les impures.
-Moi, je trouve qu'avoir du sang de vélane c'est mieux qu'être sang pur. Au moins, tu as des atouts supplémentaires.
-Suggères-tu être une traitre à ton sang, Flora?
-Les vélanes sont des créatures magiques, ce n'est pas la même chose que les moldus.
-Exactement, ce sont des créatures, rien de plus, cracha-t-elle.
-Je vais vous laisser... commença Evelyn.
-Non, l'interrompit Flora, sans quitter Hestia des yeux, tu restes ici et si ma sœur n'est pas contente, elle se lèvera et trouvera un siège ailleurs.

Les yeux d'Hestia lançaient des éclairs, mais elle ne bougea pas. Elle mangea son repas en silence, alors que Flora engageait Evelyn dans diverses conversations. Parfois, elle changeait de sujet si abruptement que cette dernière en était déconcertée.

Evelyn relevait les yeux de temps à autre sur Théo. À chaque fois, il était perdu dans ses explications ou à l'écoute d'un des garçons. Le seul regard qu'elle croisait était celui océan d'Adrian Pucey. Par moment, il la dévisageait sans retenu, perdu dans ses pensées, les sourcils froncés, comme s'il tentait de résoudre un problème complexe.

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