4-Revanche

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Evelyn était en proie à une insomnie. Depuis sa mauvaise farce sur Pansy, il y avait de cela deux jours, elle n'arrivait pas à s'endormir. D'ailleurs, la promesse de vengeance de celle-ci et son sous-entendu quant à l'état de sommeil profond d'Evelyn l'avait mise sur ses gardes.

Après plusieurs heures à se retourner dans son lit, à regarder par la fenêtre obscure qui donnait sur le lac Noir et à réviser ses notes sans succès de concentration, elle décida finalement de quitter le dortoir. Juste avant, elle s'habilla en confortablement avec des vêtements moldus qui appartenaient à Tracey et se servit de sa baguette comme élastique pour son chignon.

Cette coiffure lui avait été montrée par sa sœur, Fleur. Elle avait eu un mal fou à la maîtriser, mais Fleur n'avait jamais perdu patience. Comme à son habitude, elle énonçait des critiques constructives que beaucoup auraient qualifiées d'acerbes. Seulement, elle connaissait sa sœur et savait qu'elle s'exprimait de cette façon au naturel.

Evelyn arriva au sommet de la tour d'astronomie et étouffa un rire surpris. La tête blonde qui observait paisiblement les étoiles se retourna.

-Que fais-tu ici, Delacour? Et qu'est-ce qui est si drôle?
-Seulement ma malchance habituelle.

Il se renfrogna.

-Que fais-tu ici?
-N'est-ce pas évident? Je t'espionne, Draco Malfoy. Je préfère consacrer mes heures de sommeil à cette tâche sacré plutôt qu'à dormir.

Il plissa les yeux.

-Que fais-tu vraiment ici?
-Oh, je sens que si je ne réponds pas, ce détail te torturera toute la nuit, n'est-ce pas?

Il soupira et se passa une main sur le visage.

-Peu importe, je n'ai pas la tête aux devinettes.

Evelyn s'avança vers la rambarde et lui fit face.

-Le fameux Draco Malfoy a donc des sentiments. Qui l'aurait cru?

Elle ricana et il la regarda avec dédain.

-Tu es vraiment une plaie, Delacour. D'abord, je dois t'endurer en potion. Ensuite, tu ridiculises ma meilleure amie et, enfin, tu me voles mon unique havre de paix.

Elle haussa les sourcils, puis énuméra les solutions sur ses doigts.

-Plains-toi au professeur Rogue, change de meilleure amie et trouve-toi un autre havre de paix. Simple comme bonjour!
-Tu ne comprends toujours pas, n'est-ce pas? Tu n'es pas la bienvenue ici. Personne ne passe d'un internat à un autre par hasard et, quand Pansy trouvera la raison de ce changement, elle ne se gênera pas de l'ébruiter.

Evelyn était habituée aux rumeurs. Sa beauté de vélane faisait d'elle une cible facile. Elle se souvenait de l'une particulièrement vexante lancée par une camarade de classe:

-Elle m'avait assurée qu'elle n'avait pas étudié pour l'examen et la voilà à avoir la meilleure note de la classe. D'après moi, sa note est dû à autre chose, si tu vois de quoi je parle. En plus, on voit bien les regards que lui lancent le professeur.

Evelyn n'avait que douze ans à l'époque, rendant les murmures aussi pervers que malsains. Le professeur s'était fait interroger, mais il avait gardé son poste, au grand désarroi de certains.

-Les rumeurs ne me font pas peur.

Il éclata d'un rire froid.

-On verra bien.

Puis, il quitta la tour. Evelyn se tourna vers les astres et soupira. Les rumeurs avaient déjà détruits sa vie une fois. Elle avait rejeté la proposition de Durmstrang pour aller à Poudlard, qui avait la réputation d'être accueillant et chaleureux. Elle commençait à penser qu'elle avait fait une erreur.

Toutefois, cette conversation avait résulté en épuisement, alors Evelyn retourna à son dortoir, où elle s'assoupit.

Le lendemain matin, Evelyn attaquait Pansy avec tous les sorts offensifs qu'elle connaissait.

-Tu le mérites, sale vélane! cracha cette dernière.

La colère aveugla Evelyn. Une fraction de secondes plus tard, Pansy avait la peau mauve flash. Après un sourire victorieux, Evelyn s'enferma dans la salle de bain. Elle s'affaissa contre la porte, s'asseyant sur la céramique. Elle toucha sa tête fraîchement rasée et, en ramenant ses genoux contre sa poitrine, éclata en sanglots.

Éventuellement, Daphné vint s'assurer de l'état d'Evelyn. Celle-ci lui ordonna insolemment de cesser de l'importuner. Au cours de la journée, elle ne sortit de la pièce que pour rejoindre son lit à baldaquin. Les autres filles étaient allées à leur cours, elle avait donc la tranquillité désirée. Malheureusement, elle ne dura pas.

-Evelyn, tu ne pourras pas rester cacher éternellement, dit Daphné.
-Pas éternellement, juste le temps que mes cheveux repoussent.
-Est-ce que je peux venir alors? Je t'ai apporté ton dîner.

Evelyn considéra ses options. Elle ne voulait voir personne et à l'idée de manger, elle se sentait coupable, mais elle avait faim et Daphné n'était pas une compagnie désagréable. Evelyn ouvrit le rideau et son amie se glissa à l'intérieur, assiette à la main. En levant les yeux, elle resta bouche bée.

-Je suis affreuse, je sais, pas besoin de me le rappeler, dit Evelyn d'une voix rêche.
-Non, c'est tes cheveux, ils...
-Ils ont disparu, je sais.

Daphné secoua la tête.

-Accio miroir.

Un petit miroir aux gravures extravagantes atterrit dans la main de Daphné.

-Regarde.

Devant son reflet, Evelyn sursauta. Sa chevelure blond argenté lui arrivait à la mâchoire.

-Comment est-ce possible? J'aurais dû les sentir frôler mon front, mes oreilles ou même ma nuque.
-J'ai l'impression que ton don de vélane y est pour quelque chose, beauté.

À ce rythme, Evelyn était certaine de retrouver sa coupe habituelle avant le matin du lendemain.

-Pansy est-elle toujours aussi mauve?
-Non, Pomfrey l'a remise à neuve, autant la peau que les cheveux.
-Est-ce qu'elle m'a dénoncée?

Daphné secoua la tête, puis changea de sujet. Pour faire bonne figure, Evelyn avala le contenu de l'assiette en décrivant BeauxBâtons. Daphné, curieuse de nature, posait mille et une questions.

-Depuis tantôt, tu me détailles BeauBâtons, mais tu ne me donnes pas ton point de vue.
-Mon point de vue?
-Oui, comment tu trouvais BeauxBâtons? Est-ce que t'aimais ça, là-bas?
-J'adorais cela, mais je détestais les gens. Ou les gens me détestait, je ne sais plus vraiment.
-La haine était-elle pire que celle entre Pansy et Malfoy et toi?
-Dans les deux cas, bien pire.

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