La première bataille: part 1

24 5 0
                                    

Le Nord d'Inad-Ale, où se trouvaient notamment le château et les maisons de quelques hauts membres de la cour et des personnages riches ou non que la royauté aimait avoir près d'elle, se trouvait à quelques milles seulement du campement militaire de Praad. Ce dernier représentait le camp militaire le plus important de tout le royaume, et il était aux ordres indiscutables d'Antar.
C'est un peu plus à l'est de Praad qu'une partie des chevaliers d'Aménadiel s'était établie en attendant son retour.
Il avait été convenu avec Marius qu'Aménadiel devait entrer dans la capitale avec tous les chevaliers partis d'Ored-Hans avec lui, trois centaines de guerriers, vêtus pour guerroyer, afin de ne laisser aucune équivoque sur les intentions de sa visite, et surtout, afin de riposter à une éventuelle attaque. Mais quand le prince avait vu le camp de Praad et les milliers de soldats qui y siègent, l'idée dérisoire de le traverser et de pénétrer la capitale avec une poignée minime d'homme s'était férocement greffée dans son esprit.

Il regretta la fierté qui l'avait comme condamné à afficher une téméraire bravoure face à Antar  une fois qu'il se souvint qu'autant qu'ils avaient dû passer par Praad pour arriver, ils devaient également la traverser pour s'en aller. Et au retour il ne se sentait plus pousser des ailes, la conscience de sa vulnérabilité était si grande qu'elle l'empêcher de réfléchir. 

Il souffrait de cette fragilité d'esprit qui contraint à changer une décision préalablement pesée par fierté ou par instinct. Marius disait que c'était là une marque d'audace ou le témoignage de son esprit rebelle, mais lui même s'en voulait de cette attitude effrontée qu'il avait peine à reprouver.

Ils étaient sur une petite colline dans la clairière qui initie au bois de Praad, de là ils pouvaient voir à travers et au dessus des arbres les tentes et constructions de pierre qui constituent le campement militaire.

Aménadiel se souvenait de cet endroit, il y était venu une fois quand il avait neuf ans et c'était Antar qui l'y avait conduit. c'était en plein hiver et le paysage était épuré, d'un blanc envoutant. La colline n'était pas couverte de fleures ni d'herbes mais d'un épais tapis de neige qui capturait les empreintes de leurs pas. C'était le jour où Antar avait été nommé et il s'offrait la fantaisie de montrer le campement dont il était le nouveau général. Comme Adrien se trouvait à Amary et que l'idée de voir Praad n'intéressaient ni Arian, ni Aragon et encore moins Azan, Aménadiel avait été le seul à accepter sa proposition.

Ils étaient tous deux et regardaient un bois opalin et à cet instant Aménadiel ne comprenait en rien l'air grave et solennel de son frère.

-Qu'est-ce qu'on est sensé voir? Sa voix de fausset avait pris une intonation plaintive et capricieuse. C'était l'époque où il comprenait et assumait être le cadet. Et les absences fréquentes d'Adrien avaient eu pour conséquence de ramener toute l'attention sur lui. Mais ce jour avait été consacré à Antar et il en était un peu jaloux. Les félicitations et la sollicitude que tous lui témoignaient et en particulier leur père l'avaient irrité tout au long de la journée.

Antar avait posé un genou à terre pour atteindre sa taille; malgré cela la hauteur de la tête d'Antar était plus grande que la sienne.

Son frère s'était mis à diriger son index vers le bois pour désigner quelque chose dans les arbres.

-Regarde ces tentes rouges et ces trois édifices, tu les vois ? Aménadiel avait énergiquement approuvé en hochant la tête.

Une drôle lueur avait apparu dans les prunelles émeraudes d'Antar.

-tout ceci représente ce pourquoi je me suis tant battu, depuis le jour où j'ai quitté les rues de Hadar, depuis le jour où une épée me fut offerte pour la première fois. 

La dernière des guerresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant