Exode

13 3 0
                                    

Un vent froid balayait le chemin qui séparait Ored-Hans de Thoss

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Un vent froid balayait le chemin qui séparait Ored-Hans de Thoss. Là, les herbes asséchées par l'hiver en approche craquaient sous la pression des hommes qui marchaient en lignes régulières. Sur la première d'entre elles, Aménadiel et Marius dirigeaient la troupe depuis plus d'une journée. Cinq jours plus tôt, le chevalier qui devait leur ouvrir la marche était revenu, n'apportant aucune nouvelle susceptible de briser leur volonté et entraînait dès lors la compagne. La Légion d'Ambre avançait en un corps massif, mais rapide. En neuf années de fuite, les chevaliers avaient acquis l'aptitude de se déplacer rapidement, quelle que soit la terre sur laquelle ils avançaient. Ils étaient tout aussi agiles sur un sol régulier et ferme que sur un sol plus hostile.

Seules les 15 premières lignes et quelques sections latérales aux dernières avançaient à cheval, les autres étaient à pied. Le blason de la légion était fièrement porté à l'avant et à l'arrière des corps, signe d'une compagne sans possible retour.

Sur la route de chaque grande cité se trouvent des repères indiquant la distance restante à parcourir avant les portes. Ces repères, de grandes pierres taillées, rectangulaires et hautes, variaient en nombre selon les lieues restantes.

Ils arrivèrent bientôt là où les autres chevaliers devaient les attendre. Il fallait descendre une légère pente avant d'y arriver, et déjà, on pouvait distinguer le haut parfaitement poli des deux géantes pierres qui se dressaient devant les portes, comme flottantes, de la cité, dans une sorte de vue fantastique. À la surprise générale, ce n'étaient pas deux silhouettes qui les attendaient, mais bien quatre. Aménadiel et Marius eurent le même réflexe et firent s'arrêter les troupes.

À une trentaine de mètres, au sommet de la pente, le regard vigilant du Prince allait du visage des quatre hommes aux alentours, quettant le moindre signe d'une attaque en approche.

Dans le ciel d'un bleu mélancolique, des oiseaux allaient et venaient, chantaient des airs heureux et énergétiques de migrations, encouragés par le soleil qui devenait lui-même froid.

« Toutes les guerres se font dans l'hiver », songeait-il en regardant ce spectacle. Trois mois durant, le ciel aura cette teinte triste, le soleil cette fausse vigueur et le sol sera couvert d'un épais tapis immaculé. Plus jeune, ce temps le ravissait. Il se plaisait à le regarder, à l'abri derrière une fenêtre, et réchauffé par un feu permanent et un manteau en fourrure d'ours. Ensuite, ce fut le contraire, quand il eut à survivre à une guerre au même instant qu'au froid.

En se mordant la lèvre, il observa encore les hommes en bas, dont ses deux chevaliers qui les appelaient en agitant les mains. Comme ils étaient quatre, il prit trois chevaliers avec lui en laissant Marius au sommet de la pente. Une fois à la base de celle-ci, il s'arrêta à quelques pas pour que les autres s'avancent. Ses deux chevaliers le joignirent et les deux autres hommes s'inclinèrent et firent les trois pas qui les réunirent.

– Altesse, commença l'un d'eux, je suis Tissard, second du général Sheeda, pour te servir.

Le jeune homme, très jeune même pour être second, balayait nerveusement ses yeux sans jamais les attarder sur le prince. Il avait une cicatrice sur la tempe droite, sans doute un souvenir de bataille comme celle de Geoffroy. Sur sa tête, une grossière et juvénile tignasse obscure nuançait terriblement le bleu de ses yeux, semblable à la mer. Ce contraste le fit penser à la Reine Gwendoline, avec ses cheveux blonds et ses yeux ténébreux. Le jeune visage de Tissard était balancé par un corps plus robuste, grand, large et bien sculpté, d'où l'ironie qui dessinait un sourire sur le visage du prince. Un corps de guerrier qui logeait un esprit visiblement tendre. Tissard répondit nerveusement à ce sourire.

La dernière des guerresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant