Tout était différent, du sol au plafond.
Les murs, qui, avant, étaient recouverts de peinture de tout genre, étaient à présent d'un blanc aveuglant. Le sol même, avant de bois, n'était plus à présent que de marbre. Tous les meubles avaient été remplacés, tout ce qui était simple et accueillant était remplacé par un mobilier plus luxueux et sobre. Cela ressemblait bien à son frère.
Il ne l'avait pas revu depuis neuf ans, de même que le Palais. Et comme ce dernier, Antar avait changé, il avait pris quelques rides, avait perdu de ses muscles, quoique pris en taille. Il était aussi plus souriant et semblait plus fragile.
Pourtant, il ne se laissa point amadouer par l'apparence inoffensive et même sage de son frère. Il ne le savait que trop bien. C'est pour cela qu'il était sur ses gardes, de même que ses chevaliers. Tous avaient le regard vigilant et observaient attentivement tous les mouvements autour d'eux.Ses derniers jours dans le palais, il y a neuf ans, avaient été atroces, son père venait de mourir et tout le monde était sous tension. Personne ne savait qui serait le nouveau roi.
Le feu Roi Argandiel n'avait jamais eu d'enfant, malgré ses trois mariages. Et il n'avait pas non plus de frère, sa seule parenté était une tante et ses enfants, toutes des filles. Il n'y avait donc par de véritables prétendants.
Sauf, bien entendu, lui et ses frères qu'Argandiel avait adoptés.
Ils étaient six. Et chacun d'eux entendait bien prendre la place de leur père.Il était encore un enfant quand il avait fui le Palais, et même la capitale. Accompagné d'une légion de 500 chevaliers commandée par Marius.
Il avait fui parce que la guerre venait d'éclater et qu'il n'était pas assez fort pour rivaliser avec ses frères.
La ville était à feu et à sang quand Marius le fit lâcher. Les cinq légions restantes, chacune de ses cinq frères, se livraient à toute la barbarie qu'Argandiel réprouvait plus que tout.
La guerre avait commencé quand Adrien était mort. Il était, pour ainsi dire, celui qui avait le plus de chance de monter sur le trône, non seulement parce qu'il était le plus âgé, mais surtout puisqu'il était aimé de tous.
Dès qu'il fut mort, les sages ne savaient au juste qui choisir pour devenir roi, alors ils autorisèrent ce qui était fait avant : la guerre.
La guerre comme un tournoi dont le vainqueur porterait la couronne d'Argandiel.Des frissons parcouraient son dos lorsqu'il entrait dans le grand couloir, conduisant à la salle du Trône, c'était dans ce couloir qu'il vit le corps sans vie d'Adrien. Sa tunique blanche était maculée d'une grosse tache de sang au niveau du ventre et de l'épaule. Son épée était encore dans son fourreau, il n'avait même pas eu le temps de se défendre.
Le commandant de sa légion mettait déjà la main à l'épée et criait à la vengeance, sa fureur était dévastatrice, et il le faisait bien. Quelle qu'aurait été la décision des Sages, la guerre était inévitable.
Quand ils approuvèrent la guerre, Antar porta les premières attaques, il avait toujours été prêt pour ça. Sa légion était plus forte, plus entraînée et plus impitoyable que les autres. En voyant cela, la plus grande partie de la garde royale se joignit à lui. Pour cela, tous les autres princes n'eurent d'autre choix que la fuite.Il avait été le premier à fuir, et à présent, le premier à revenir.
Les deux grandes portes de la salle du trône s'ouvrirent devant lui, lentement, paraissant peu à peu les deux immenses trônes.
Il ne pouvait pas les voir sans penser à son père. Il doit se mordre la lèvre inférieure pour éviter qu'elle ne tremble de chagrin.Sur le trône réservé à la Reine, une femme s'y reposait ennuyeusement. Quand elle le vit entrer, elle se redressa en vitesse et arrangea les plis de sa robe.
Le jeune prince ne lui accorda aucun intérêt et se contenta d'examiner la pièce et constata, avec regret, que tout était différent.
À peine avait-il fini son inspection que les portes s'ouvrirent à nouveau pour laisser place à Antar.
Après l'avoir accueilli à l'entrée, ce dernier avait été appelé en urgence.
– Tu connais bien le chemin, avait-il affirmé en souriant.
Antar le prit encore dans ses bras puis l'entraîna jusqu'aux trônes en riant.
– Mon cher frère, voici mon épouse. Gwendoline, duchesse et reine.
– Ma chère, je te présente mon plus jeune frère, le prince Aménadiel.
Elle lui sourit tendrement et il inclina légèrement la tête.
Elle était assez belle, cela n'étonna point Aménadiel, son frère avait toujours eu bon goût en matière de femme. Blonde, apparemment d'assez grande taille. Elle lui semblait être à peine plus âgée que lui, mais il ne se fia point à son jugement peu certain.– J'espère que vous nous ferez l'honneur de votre présence au bal ce soir.
Sa voix était régulière et charmante, tous comprenaient aisément qu'elle ait le sang noble.
Des mèches de cheveux étaient attachées à l'arrière de sa tête et les autres tombaient délicatement sur ses épaules. Ils étaient brillants comme jamais Aménadiel n'en avait vu. Ses fines lèvres roses s'étiraient souvent en un petit sourire, presque maternel. Il se demanda d'ailleurs si elle avait déjà porté des enfants.
Aménadiel, qui ne l'avait dévisagée que trop longtemps, s'éclaircit la voix avant de répondre d'un ton ferme.– Je vous suis reconnaissant de cette invitation... commençait-il avant de se rappeler que c'était la première fois en neuf ans qu'il s'adressait à une tête couronnée, et quelle magnifique tête. Il devait le reconnaître, la reine Gwendoline était d'une beauté frappante.
– Mais je regrette, je m'en vais juste après.
- Après le bal ? Dit-elle avec un sourire d'insistance. Il parut désemparé, Marius se serait mieux débrouillé que lui.
– Non, après cet entretien, je veux dire.
Antar, qui regardait la conversation avec un sourire satisfait, tenta d'aider sa femme à le convaincre.– Par bonté, mon frère, ne la laisse pas te supplier, elle est trop fière pour cela. Ce bal serait tout à fait distrayant et idéal pour marquer la paix entre nous. Il sourit tendrement.
« J'ai hâte que tu la vois dans sa robe bleue, avec ton neveu dans les bras. »
Aménadiel s'était visiblement énervé et son regard paisible se changea en une flamme de colère.– La paix ? Crois-tu que c'est la paix que je tends ?
Il fit une pause pour maîtriser sa voix qui prenait une tonalité agressive.
– Tu as essayé de me tuer neuf fois en neuf ans. Je ne t'apporte donc pas un gage de paix, mais une déclaration de guerre.
Antar éclata d'un rire bruyant qui fit sursauter son épouse dont le visage s'était décomposé.– Petit arrogant, crois-tu avoir la moindre chance ? Tu devrais plutôt me remercier de n'avoir pas tenté plus que ça de t'atteindre.
Son air jovial se changea en un glacial, sauvage, animal. Dans ses yeux verts passa même une teinte bestiale.– Un seul de mes mots et tu n'es déjà plus de ce monde. N'oublie pas que c'est au roi que tu parles. Sur ce, il s'assit sur le trône et prit la main de Gwendoline.
— À genou, et j'oublierais ton impolitesse dans ma maison, devant mon épouse. Et à nouveau, nous redeviendrons frères, comme Argandiel le voulait.Aménadiel reconnut qu'il s'y était mal pris, et se trouvait dans une position dangereuse. Instinctivement, il porta la main à son épée en regrettant son arc oublié.
Un élan de peur lui murmurait d'obéir, de se ranger du côté d'Antar, car il n'était toujours pas assez fort. Que s'il restait sur sa décision, il mourrait ce jour même, dans le palais où était déjà mort Adrien, son frère aîné.
Mais lui, comme tous les fils d'Argandiel était plein de fierté. Un prince ne se met à genoux que devant son roi, et Antar ne l'était pas pour lui. Un petit coup d'oeil sur ses deux gardes permit de voir qu'ils étaient prêts.
Il sourit à Antar, s'incline à nouveau devant la Reine et tourne le dos. Même s'il savait qu'il offrait une occasion parfaite à son frère. Ce dernier, d'ailleurs, avec la voix la plus sereine, se contenta de dire.– Tu veux la guerre ? Et bien que la guerre soit.
Hey,
voilà le premier chapitre de mon histoire, j'espère de tout cur qu'il vous a plu !
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La dernière des guerres
Aventura«Quand un roi meurt, c'est son premier fils qui lui succède. Ces fils sont son héritage à travers le temps. Et Argandiel ne nous a laissé que vous. A croire qu'il est maudit » Les seuls héritiers d'un roi sont ses six fils adoptifs, chacun plus am...