Ored-Hans partie 4

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« Un prince ne dors ainsi, veux-tu que le monde te qualifie de paresseux ?»
Souriant, il ouvrit des yeux enfantins et se redressa, prêt à se rouer sur Adrien, mais la réalité le désempara bien assez vite, à peine ses yeux s'accoutumèrent à la lumière du jour qu'il réalisa qu'il n'était pas au palais et que ce n'était pas Adrien qui le réveillait mais le commandant, Marius de Siuan.  Le prince le dévisageait et suivait chacun de ses movements pendant qu'il tirait les voiles du rideau pour laisser passer les rayons de soleil. La pièce s'illumina de plus belles et les faisceaux dessinaient des ombres lumineuses sur le parquet.
Marius avait, sans s'en rendre compte, répétait les mots d'Adrien quand il venait le sortir du lit à son retour d'un long voyage. C'était une chose courante avant, l'aîné s'en allait accomplir les tâches du vieux roi à travers les contrées du royaume comme au dehors. Il devait affermir le pouvoir de son père par la présence et les décisions, mais une autre vérité était que, par le voyage, il fuyait les aspects dramatiques de sa vie et éviter de créer de nouvelles attaches. Il rentrait généralement au palais tard dans la nuit, s'entretenait brièvement avec le roi puis allait se coucher, et le lendemain il sortait le jeune Aménadiel du lit avec exactement les mêmes mots, ce quelle qu'en soit l'heure.
- nous avons beaucoup à converser. Habille-toi, nous t'attendons dans la salle de repas. Tu devrais beaucoup apprécier le petit-déjeuner alors viens vite avant que Roland n'avale tout.
- il n'a qu'à le faire, je n'ai pas faim, et j'ai besoin de réfléchir... seul.
Dans sa voix se trouvait la colère qu'il adressait à Marius de ne point être son frère. Il avait était assez sec et hautain pour déconcerté tout autre de ses chevaliers, mais pas Marius. Celui-ci le fixa simplement, et ce réflexe traître le fit perdre tout semblant d'avantage. Il se mordit la lèvre.
- dépêche-toi. Il sortit en laissant la porte ouverte, pour le signifier de ne pas tarder. D'ailleurs, il lui avait ordonné de s'habiller, non point de prendre préalablement un bain.
Aménadiel était déjà habillé, chaussures aux pieds. Point étonnant que son sommeil ne fut pas très confortable même s'il avait eu le réflexe de se couvrir. La vielle il s'était effondré comme une tour et n'avait pris aucune précaution avant de se coucher, même sa dague était toujours dans le petit fourreau attaché à la ceinture de son vêtement.
Il s'était endormi sur son bras gauche et tout son poids faisait pression sur le poignet. Ainsi, son désir de saigner suite aux coquillages du collier prit forme, la chose le fit sourire. Il avait essuyé la petite traînée de sang sur sa main avant de descendre.
Les marches craquaient sous ses pas, s'il avait espéré venir par surprise pour entendre ce qui se disait en son absence, la vieille maison venait d'en décider autrement.
En face de la salle où Marius et Geoffroy avaient longuement discuté se trouvait la salle de repas.
Elle était plus longue que large, pour but d'y disposer une très longue table, pouvant accueillir une quinzaine de personne, et pourtant, seulement 5 étaient conviées ce matin là : le prince, Marius, Geoffroy, Tristan et Roland.
-par tous les dieux tu devrais couper ces cheveux Altesse, grommela ce dernier, la bouche pleine.
Effectivement, les cheveux d'Amenadiel atteignaient maintenant le bas de son dos.
- c'est vrai qu'il ressemble à une jeune fille avec ça.
- Tristan...
le regard soutenu de Geoffroy le fit comprendre. Lyla avait des cheveux aussi long. Et pourtant Aménadiel ne fit aucun rapprochement entre cette plaisanterie et la jeune paysanne.
D'un pas lourd et conquérant, il descendait les dernières marches et s'assit sur la première chaise qu'il vit. Sa place, sur le flanc droit de la table, faisait face à Roland qui avalait les petits pains les un après les autres en deux bouchers. Les mets que Marius avait vantés se raffinaient surtout par leur fraîcheur pour les fruits, le poisson et les œufs et par leur chaleur pour le pains, les gâteaux et le thé.
Le silence régna le temps pour Marius de revenir à table, il s'assit ensuite devant, à la place du chef, et servit du thé dans deux tasses, une pour lui et glissa l'autre au prince. L'odeur était charmante, il la connaissait, c'était le thé de l'Ouest qu'il avait bu depuis sa fuite à Idernhan.
Le parfum chaud du thé lui ouvrait le ventre, elle se mêlait à celle du pain qui sortait du four, des œufs récemment cuits et de tout ce qui ornait gracieusement la table. Mais il ne voyait pas comment il pouvait manger devant les témoins de son déshonneur.
Quand un homme se sent coupable, il tente de se racheter ou alors de se punir de toutes les manières possibles. Il lui semblait avoir commis un acte dont on ne peut se racheter, alors il s'infliger des sentences dans tout. Il voulait que sa chair souffre ainsi il oublierait peut-être les douleurs de son esprit.

La dernière des guerresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant