Une semaine plus tard, Victor était à Paris.
Tout s'était fait rapidement. La grande maison avait été nettoyée puis fermée. On avait posé des tissus sur les meubles pour éviter que la poussière les salisse. Le jardin avait été rafraîchit une dernière fois. Tante Marie-Louise, ayant prit une semaine de congés, s'était donné pour but de s'occuper du jeune Louis. Sans qu'il s'en rende compte, elle lui imposait un nouveau départ. C'était une sage décision.
Les au revoir furent brefs. Les riches amis de son père, ou du moins, connaissances courtoises, se demandaient ce que ce jeune homme allait devenir avec toute cette fortune. L'entreprise paternelle avait été revendue, Louis n'ayant aucune connaissance en statistique, il n'aurait pu la tenir, ce qui ajoutait encore plus à son patrimoine. Bref. Il savait qu'il n'aurait jamais vraiment besoin de travailler, comme ses enfants et ses petits enfants.
Il s'ennuyait encore plus. Envoyant ses candidatures dans diverses écoles, il avait redoublé d'énergie et d'effort pour peindre de nouveaux portraits, tous aussi disgracieux les un que les autres.
Madame Sy avait défendu à son mari ainsi qu'à son fils cadet, Oumar Baptiste, de faire le moindre commentaire. Il est en deuil, disait-elle.
Nous étions actuellement le soir. Par chance, la famille était réunie. Ils étaient beaux, ensemble.
La joie de tante Marie-Louise rayonnait sur son visages. Ses rides se plissaient harmonieusement alors qu'elle souriait à son époux, Ali.Ali était malien, chef cuisinier dans un restaurant luxueux. Ses horaires étaient contraignants, mais, courageux, il ne se plaignait jamais. Son teint était noir profond. A l'inverse de son épouse, il n'avait aucune ride sur son visage, bien qu'ils avaient à peu près le même âge. Son crâne était chauve. Il était court de taille, et légèrement enrobé. Son visage était fin. C'était un bel homme.
Oumar Baptise, le fils au nom inhabituel, était légèrement plus âgé que Victor. Métisse, il avait hérité de la taille de son père, et de la finesse de sa mère. Il était menu. Ses cheveux étaient frisés, bruns foncés, et son teint était légèrement jaunâtre. Il avait les yeux marrons clairs, et, un beau sourire. Son front était large, son nez fin, ainsi que ses lèvres. On lui disait souvent qu'il était mignon, jamais plus.
Ils étaient tous les trois assis autour d'une grande table en verre. La décoration chez Marie-Louise était minimaliste, et moderne. Le verre, le plancher beige clair, les murs gris anthracite créaient une atmosphère épurée. Les pièces semblaient spacieuses. Quelques tableaux d'art minimalistes, payés entre 2 500 et 3000 euros étaient posés élégamment sur les murs.
Victor était assis avec eux. Il était observateur. Cette harmonie familiale, il ne l'avait jamais connue. Il se surpris à les envier pendant un instant.
Oumar, voyant que Victor était silencieux, décida de l'intégrer dans la conversation :
-As-tu eu des retours sur tes candidatures ?
Victor répondit calmement :
-Aucune. J'attend surtout la réponse de l'école supérieure privée d'art de Paris. C'est surtout celle que je vise.
Personne ne répondit rien. Ils avaient tous relevé le peu d'enthousiasme dans la voix du jeune homme. Rapidement, Mr. Sy renchérît sur un autre sujet.
-Cherie, tu te souviens au Mali lorsque...
De nouveau, Victor ne participait pas à la conversation.
Victor était ennuyant. Et c'était parce que lui même s'ennuyait. Lorsqu'il peignait, il ne ressentait rien. En fait, il était concentré seulement, et cela lui faisait oublier sa lassitude.
Il parlait peu, observait beaucoup. Il n'avait pas beaucoup d'ami, plutôt renfermé, il n'était pas très sociable. Plusieurs fois, Ali et Marie-Louise avaient demandé à Oumar de lui présenter ses amis, de le faire sortir. Ce dernier refusait toujours.
-Il ne s'amuserait même pas ! Disait-il.
Et il avait raison.
Après le repas, Victor regagna sa chambre spacieuse. L'appartement était immense. Situé dans un immeuble du 16ème arrondissement, sur la ligne de métro 9, tour était très calme. Ils avaient un grand salon avec baie vitrée, un piano, une salle consacrée à la musculation pour Oumar, ou Victor s'était empressé d'installer son matériel de peinture.
Il y avait en tout 4 chambre et deux salles de bain. Une cuisine, de taille moyenne, et c'est tout. Ils vivaient bien.
La chambre de Victor était assez spacieuse, pour un appartement parisien. Il y avait une jolie vue sur le voisinage, et un lit double. Les murs étaient de couleur lavande. Il y avait de la moquette brune. Sur la table de chevet de couleur grise, il avait déposé son cahier à dessin, qu'il emportait souvent dehors afin de dessiner ce qu'il voyait lorsqu'il se baladait.
Les 7 tableaux qu'il avait réalisés étaient posés dans sa chambre. Ils sentaient la peinture à l'huile.
Il les regarda, et ne ressenti rien. Pas même de la fierté, pas même du dégoût. Il regarda les visages aléatoires qu'il avait dessiné. Un jeune homme, une femme âgée, un enfant... son art n'avait pas de style précis, et même si ce n'était pas un problème, cela amplifiait ce sentiment qu'il ressentait. Son art ne dégageait rien.Victor s'allongea dans son lit, soupirant.
Pourquoi fais-je tout cela, pensa-t'il.
Il avait lu des tas d'interviews, d'artistes. Tous étaient passionnés. Certains peignaient la nature, d'autres étaient amoureux de l'océan, puis il y en a qui dessinaient des muses...
Il n'avait pas de passion.
Il se leva soudainement, et alla toquer dans la chambre de Oumar, qui, son téléphone à la main, fut surpris d'être interpelé par Victor.
-Oumar, est ce que tu peux me suivre, s'il te plaît, dit il seulement.
Victor semblait pâle, très pâle. Son regard si terne d'habitude avaient une étincelle étrange. Ses sourcils étaient plissés, légèrement, trahissant un mécontentement.
Oumar s'executa sans rien dire, jusqu'à arriver dans la chambre du jeune homme. Suivant le regard de Victor sur ses tableaux, il comprit.
-Tu veux que je sois honnête, c'est ça ?
Victor murmura :
-Oui, dis moi la vérité.
Oumar s'assît sur le lit double, passa une main dans ses cheveux épais, et, fixa son pantalon de nuit du regard.
-Je pense qu'il te manque un peu de maturité artistique.
Victor comprit immédiatement.
-Merci,dit il, immobile.
Il devint ensuite silencieux. Oumar quitta la pièce après lui avoir souhaité une bonne nuit.
Quelques secondes après, pour la première fois depuis le décès de son père, il pleura.
Lundi. Dix lunes après le décès de son père. C'est à partir de ce jour que son deuil commença réellement.
Il était triste. Il ne parlait plus, ne mangeait presque plus, restait allongé dans son lit toute la journée. Il était mauvais à la peinture, il avait tout jeté. Toutes ses toiles sauf son matériel.
La famille Sy s'inquiétait. Un psycologue était venu mercredi, et s'était heurté à son silence. Il avait conseillé à la famille de lui laisser de l'espace pendant quelques temps.
Victor était sensible. Il l'ignorait jusqu'ici. Dans ses pensées tourmentées, il se dit que là découverte de la laideur de son art avait déclenché chez lui cet épisode dépressif.
Il pensait beaucoup. A son père, à sa vie dans but. Le psychologue revint deux jours plus tard. Il n'écoutait rien de ce qu'il disait, sauf une phrase qu'il retint :
-Sortez. Observez le monde, trouvez votre inspiration dans le monde.
Il se fit alors violence, un mardi soir, pour sortir.
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Le culte de la beauté et de l'art
RomanceVictor, riche héritier orphelin emménage à Paris dans l'objectif d'intégrer une célèbre école d'art. Essuyant de nombreux refus, il se décourage et sombre dans la solitude. La rencontre d'une jeune femme lui fera se découvrir un don exceptionnel p...