Note auteur : bonjour ! J'aimerais avoir vos retours sur mon histoire qui change énormément de ce que j'ai l'habitude d'écrire. J'aimerais bien avoir vos avis sur les personnages, l'écriture et le scénario assez particulier, je l'admets.Merci énormément pour vos votes et en particulier @dark-pigeon.
Bonne lecture !
Samedi 10 septembre
(Note auteur : j'écris ce chapitre le 10 septembre )
Samedi 10 septembre. Il faisait nuageux, l'air était froid. L'été commençait à laisser sa place à un automne triste et pluvieux.
Victor, n'ayant presque pas dormi, quitta son atelier vers 7 heures. Il avait terminé. La fatigue alourdissait ses yeux ; il n'avait qu'une envie, se réfugier dans ses draps, dans lesquels Victoire dormait paisiblement. Il n'avait pas pu contempler son œuvre, manquant d'énergie.
Il s'éveilla plus tard dans la journée, vers 15 heures, seul dans son lit. Victoire devait être en train de faire du sport.
Étrangement, il se sentait serein. Il regarda par sa grande fenêtre donnant sur la terrasse la tour Effeil, et le 6e arrondissement dans lequel il vivait.
Paris était belle, belle sous le soleil d'été, et aussi belle sous un ciel gris, nuageux, d'une autre humeur. Les toits gris semblaient accepter ce caractère, et se dressaient les uns près des autres. Il regarda aussi la célèbre tour qui, debout, restait forte, bénissant Paris de sa hauteur, se faisant caresser par une brise froide. Cette vue lui plu.
Quelque chose de nouveau, d'excitant habitait en lui. Ce quelque chose, c'était cette œuvre qui l'attendait tapie dans son atelier. Il l'avait peinte sans réellement la regarder, absorbé dans son effort.
Il s'étira puis se rendit au salon, où il trouva Victoire relisant ses cours de la semaine, posée sur la table basse, avec ses lunettes. Il sourit. Elle était mignonne, drapée dans un peignoir crème, les cheveux attachés en arrière, le sourcil légèrement froncé, concentrée sur les lignes de ses notes.
-Bonjour, dit-il, lui posant un baiser sur le front.
Elle sourit et le salua en retour.
-Bonjour.
Il s'assit près d'elle sur le canapé blanc, avant de dire, regardant le parquet droit devant lui :
-J'ai terminé.
Elle tourna son visage vers lui, et le regarda avec ses yeux sombres, dans lesquels on pouvait apercevoir une excitation naissante :
-Tu as terminé ?
Il ne répondit pas tout de suite, extenué. Il avait mit tant d'énergie dans cette œuvre, tant de passion, de sueurs, d'émotions, de jalousie, de peur, de fierté, c'était comme si une partie de son âme s'était arrachée à lui et s'était encrée dans la toile, lui conférant une vie nouvelle, un pouvoir démentiel.
Dans son état de concentration extrême, il n'avait pu contempler son travail achevé. Il estima que c'était le bon moment pour découvrir, avec Victoire, sa muse, le tableau dont il sentait les rayonnements à travers les murs.
Sans un mot, ils se dirigèrent vers l'atelier dont la porte était pudiquement close ; ses mains douces et pâles effleurèrent la poignée dorée, et, lentement, il poussa la porte.
Les volets était ouverts. L'éclairage augmenté par la blancheur des murs les éblouirent un instant. Le tabouret de Victor était posé au sol, sur une cape en plastique ayant pour but de préserver le parquet des éclats de peinture.
Devant eux se dressaient une grande toile d'environs deux mètres de hauteur et d'un mètre 50 de large, qui les dépassait.
Le ciel était calme, un bleu réservé froid, sous teinté de gris, presque brouillardesque. Au loin, au delà de la mer on apercevait un paysage lointain, des montagnes grisâtres, avec une verdoyure timide.
La mer était douce, apaisante mais son eau était prudente, avec des sous tons verts. C'était un magnifique bleu canard qui reflétait parfaitement le ciel avec ses diverses brumes.
C'est alors qu'elle entra en scène, elle, elle et personne d'autre, posée telle une déesse sur un immense coquillage lavande, un violet pâle et chaste.
Elle était nue. Ses jambes étaient fuselées, ses hanches, rondes, légèrement penchées vers la gauche. Sa peau était intacte, uniforme, soyeuse. On pouvait apercevoir son nombril, puis, plus largement, sa taille fine, et sa poitrine dont le sein gauche était cachée par une main modeste.
Son drap de tresses noires était posé derrière elle, mais, on apercevait quelques tresses tomber au niveau de son bassin. Son visage était sublime par cette crinière plate et jais. Son teint ébène, plus lumineux que jamais, captivait toute la lumière, semblait comme chasser la brume imposée par cette mer et ce ciel jaloux, mais à la fois admirateurs.
Son visage, réalisé à la perfection, exprimait un sentiment de suffisance, de paix. Une paix calme, sereine. Ses lèvres étaient, comme à son habitude légèrement entrouvertes, et sa main était posée sur sa joue.
Le tableau était superbe. Victor l'admira pendant de longues minutes, chaque déplacement de son regard se posait sur un détail envoûtant qui le captivait.
Victoire était plus belle, magnifique que jamais. Elle avait l'élégance des statues en marbre, la beauté d'une Venus contemporaine.
Il tourna son visage vers Victoire, qui, silencieusement, se scrutait représentée dans cet doux et placide.
Elle approcha du tableau, et sourit. Elle sourit à cette femme, en face, à son visage, à ses courbes. Elle eu envie de l'embrasser, de poser ses lèvres sur les siennes, ainsi que sur toutes les parcelles de son corps.
Ses yeux brillèrent d'admiration, puis, de désir. Au fond d'elle, elle ressentait cet immense désir, bien plus qu'avec Victor, plus qu'avec Charlotte. Oui, elle se désirait elle même.
Elle n'osa effleurer le tableau, et se contenta de s'imaginer toucher la peau de la femme en face d'elle, qui n'était personne d'autre qu'elle même.
Victor la regardait s'enivrer de sa propre image, et pour lui, ce spectacle était d'un délice rarissime. Seul lui, par son talent, était parvenu à créer un tel intérêt de la part de Victoire, il était parvenu à la faire sombrer dans cette folie amoureuse d'elle même, au risque qu'elle n'en sorte plus jamais.
-Je suis magnifique, susurra-t'elle, se touchant la joue, comme pour s'assurer de sa propre existence.
Victor sourit, calme. Son euphorie artistique, qui autrefois lui avait procuré de l'excitation et une énergie extraordinaire, avait évolué.
Il se sentait paisible. Oui, calme, il était en paix avec lui même, les éléments, les composantes de son entourage. Il se sentait élevé. Tout autour de lui, semblait bas, alors qu'il regardait le monde avec son sang froid, et son recul sans égal.
Il ne pu dire combien de temps ils restèrent dans cette extase ; cependant, quand ils sortirent du laboratoire, la journée avait avancé. Il envoya un message à Günter pour l'informer que le tableau était prêt.
Les jours passèrent, et, dans son entourage, la nouvelle se répandit. Victor allait être exposé au musée du Louvres. Il était fier.
L'exposition commencerait le lundi 26 septembre, et durerait deux semaines. Son but était de mettre en lumière de nouveaux artistes prometteurs.
Marie-Louise Sy fut agréablement surprise, et bien qu'elle travaillait ce jour là, elle décida d'assister à l'inauguration de cette œuvre. A la grande surprise de Victor, Jana, la sœur de Victoire, informa qu'elle aussi souhaitait venir.
Le tableau fut emballé puis livré au musée. Il ne restait plus qu'à attendre. Victor, toujours habité par ce calme, senti qu'il n'avait plus envie de peindre. Soit. Il décida de profiter de ce congé artistique pour lire, et se ressourcer. L'inspiration ayant disparu, son intérêt pour sa muse s'atténua légèrement.
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Le culte de la beauté et de l'art
RomanceVictor, riche héritier orphelin emménage à Paris dans l'objectif d'intégrer une célèbre école d'art. Essuyant de nombreux refus, il se décourage et sombre dans la solitude. La rencontre d'une jeune femme lui fera se découvrir un don exceptionnel p...