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Jeudi 19 mai. C'était ce jour où Victoire avait réalisé qu'elle était belle, et qu'elle l'était devenue encore plus.

Cela faisait maintenant un mois qu'elle vivait une passion avec Victor. Ils se baladaient, les gens se retournaient sur elle, observant cette femme a la prestance peu commune. Certains l'abordaient alors même qu'elle tenait le bras de son compagnon. Dans les restaurants de luxes, dès qu'ils entraient, on ne remarquait que cette belle et grande muse aux cheveux noirs.

Dimanche 19 juin. En un mois, sa vie avait changée. Devenue nonchalante, suffisante, elle s'était imbue d'elle même, de son physique. Elle ne faisait plus aucun effort pour la moindre chose, pourtant, tout semblait toujours venir à elle. Elle avait quitté son travail de serveuse, et décidé d'emménager chez Victor dans les semaines qui allaient venir. Pendant des heures, il la peignait dans toutes sortes de paysages, positions, avant de faire l'amour passionnément.

Dans son entourage, on avait remarqué son changement radical. Elle parlait moins, se regardait des heures devant la glace. Certaines fois, elle s'entretenait avec sa petite sœur, Jana, 18 ans, qui l'écoutait, silencieuse.

Jana ressemblait un peu à sa grande sœur. Elles avaient les mêmes lèvres, le même teint chocolat, mais celle ci avait des gens plus en amande, et ses pompettes moins saillantes. Elle n'avait pas des cheveux noirs profond comme sa grande sœur, les siens étaient marrons foncé. Elle était fine, n'avait pas la taille très marquée, et plus grande. On lui disait qu'elle avait la morphologie des mannequins de Victoria's secret.

Victoire partageait sa chambre avec elle. Deux lits étaient amassés dans la petite pièce, un seul bureau pour les deux. L'armoire était trop petite pour deux gardes robes, les vêtements débordaient, d'autres étaient sur le sol. La fenêtre éclairait mal. La pièce n'était pas très lumineuse, petite. Cela n'avait absolument rien à voir avec l'appartement luxueux de Victor.

Près du bureau, avec ce qui restait de son salaire, Victoire s'était achetée une coiffeuse devant laquelle elle passait des heures.

-La beauté est dans l'œil de celui qui regarde, dit Oscar Wilde. Qu'en penses-tu, Jana ?

Assise sur son lit, Jana observait sa grande sœur qui, dos à elle, se caressait les cheveux, et se regardait avec tendresse.

-Cela est en accord avec la subjectivité de la beauté.

Jana était une littéraire, surdouée. Elle ne parlait pas  trop, mais lisait beaucoup. Quand elle ne lisait pas, elle observait, analysait. Elle allait entrer à la fac en 1ere année de licence de psychologie, passionnée par le sujet.

Victoire se fit un tendre sourire. Ses yeux se plissèrent et ses lèvres se retroussèrent légèrement. Elle continua :

-La beauté est ce qu'il y a de plus subjectif. Elle n'a pas de visage, en même temps, elle possède tous les visages.

-Qu'est ce que tu veux dire ?

La jeune femme balança ses cheveux en arrière et fixa son visage dégagé pendant quelques secondes, sans aucune expression.

-Ce que je veux dire c'est que la beauté appartient à tout le monde. Elle apparaît lorsqu'on la voit.

Le comportement de Victoire inquiétait sa jeune sœur ; en même temps, dans son idéal de psychologue, elle s'était donné pour objectif de la comprendre, et elle cru comprendre.

-Donc tout dépend de comment la personne se voit, c'est ça ?

Pour la première fois depuis plusieurs minutes, Victoire se retourna et sourit à sa petite sœur, sans répondre. Jana constata qu'elle était  devenue très belle alors que rien du tout n'avait changé sur elle. C'était étrange, mais intéressant.

Le culte de la beauté et de l'artOù les histoires vivent. Découvrez maintenant