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26 septembre.

Il faisait toujours aussi nuageux que la veille.

Le Louvres ouvrait ses portes à 9 heures pour le public. Le tableau de Victor  était exposé dans une des salles d'exposition. Victor avait prévu de se rendre, seul, au musée à 12 heures jusqu'à la fermeture, ayant pour seul objectif de contempler le regard des visiteurs sur sa toile.

Il s'était réveillé tôt. De bonne humeur, il avait couru un peu dehors, avait prit une douche et s'était lavé les cheveux, rasé la barbe, puis avait mit une des crèmes de Victoire sur son visage. Son teint clair était brillant, avait l'air plus lisse, ses pores étaient resserrés. Ses cheveux bruns, étrangement, bouclaient plus que d'habitude, élégamment près de son visage.

Il se regarda. Ses yeux bleus avaient une pointe d'excitation, et surtout, il paraissait en forme. Il enfila un pull en maille brune près du corps, avec un pantalon droit bien coupé de couleur beige. Il mit sa chaîne en or d'enfance et un peu de parfum.

Victoire dormait encore. Son ressenti envers elle avait disparu, masqué par cette excitation. Il se rendit dans sa chambre où, tendrement, il la réveilla en lui baisant le front.

-C'est le grand jour, ma jolie..

Elle lui sourit, comme si elle avait oublié la manière dont il l'avait traité la veille. Il murmura près de son oreille :

-Ne m'en veux pas, ma chérie. Tu es tellement belle, c'est pour ça, j'ai peur que tu voles la vedette à mon œuvre.

Il lui fit une douce étreinte. Elle hesita avant de le serrer dans ses bras à son tour, fermant les yeux, profitant de la chaleur de son corps.

-Je comprend, déclara-t'elle simplement.

Il s'éloignera d'elle avant de retourner se préparer. Elle le taquina :

-Tu es coquette, dis-donc !

Ils rirent ensemble, pour la première fois depuis une éternité.

Vers 11 heures 50, sans même avoir déjeuné, Victor se tenait devant la pyramide en verre, prêt.

Il marchait avec confiance. A défaut d'être LE créateur, c'était un créateur qui reproduisait la beauté avec exactitude dans des paysages paradisiaques. Il savait que son art était beau, envoûtant. Il savait aussi que c'était grâce à Victoire qui l'attendait seule chez eux, docile.

Il entra dans le musée, acheta son ticket et d'un pas calme, marcha vers la salle d'exposition, pressé de voir son objet d'art exposé, grand, et adoré.

La salle était grande, plusieurs mètres de hauts en murs en peinture blanche. Des sculptures étaient abritées derrière le verre et la lumière arrivait du haut de la pièce, créant une atmosphère agréable.

Il marcha quelques mètres sans même observer les autres œuvres. Son objectif était la sienne, car il savait qu'il n'avait aucun rival dans cette pièce.

Elle était là, grande de deux mètres, avec ses tons gris-bleus-verts, accrochée a à peu près un mètre du sol. Quelques personnes étaient devant et regardaient, silencieusement, la femme nue en face d'eux, posée sur son coquillage.

« La Venus moderne ». C'était le titre de son œuvre.

-C'est magnifique, dit une femme en anglais près de lui.

Il sourit. Il pouvait voir l'admiration dans les yeux de cette femme qui était touchée par la grâce ultime de sa réalisation.

Il resta ainsi plusieurs heures à observer les réactions des visiteurs, qui, de plus en plus nombreux, s'arrêtaient devant la Vénus, et fixaient. Il souhaitait pouvoir entendre les pensées de ces gens qui restaient pour la plupart du temps silencieux face à son art. Seuls leurs regards trahissaient ce qu'ils pouvaient alors ressentir.

Le culte de la beauté et de l'artOù les histoires vivent. Découvrez maintenant