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Cela faisait plus de deux semaines que Victoire, pendant des heures, posait, nue, dans l'atelier de Victor. Il dessinait, effaçait, crayonnait, gommait, dans l'objectif de représenter à la perfection la silouhette de Victoire, chaque trait, chaque tresse qui tombait, chaque mouvement.

Elle, sans jamais se plaindre, posait, debout, telle une venus naissante, la main sur la joue, l'autre sur ses seins, nue.

Bref, le travail était plus long et compliqué que jamais. La rentrée approchait, et dans quelques jours, elle devrait se remettre dans les études, qu'elle continuait, bien sur.

Victor, se rendant compte de la quantité de travail, était nerveux. Il recommençait à gratter son crâne, a parler sèchement. Ils ne faisaient plus l'amour.
Obsèdé par l'œuvre de Botticelli qu'il scrutait pendant des heures, il ordonnait à Victoire de devenir encore plus belle, de dépasser cette Venus rousse, qui, posée sur son coquillage, était divine sans efforts.

Il haïssait ce tableau, l'adorait, le jalousait. Il mettait tout ses espoirs en Victoire, en sa beauté qu'il se devait connaître à la perfection. Elle, ne faisait rien, sauf être belle et poser.

Quant il eut terminé le dessin au crayon, il se mit à faire le remplissage à la peinture à huile, préparant une immense palette de bleus, de verts. Il voulait un ciel majestueux, sans nuage ni soleil. Ensuite, une mer aimante, douce et suave. Il dessina aux pieds de Victoire un coquillage semblable à celui de la Venus, sauf que le sien était de couleur lavande pâle.

N'ayant plus besoin qu'elle pose, il la chassa, et s'enferma dans son atelier devenu laboratoire, la laissant seule.

-Va t'en, lui ordonna t'il, sans même la regarder.

Étonnée, triste, elle s'en alla, sans répondre. Il s'était enfermé à clef, claquant presque la porte, comme si il lui en voulait.

Il ne s'extasiait plus devant sa beauté, ne la considérait pas comme sa muse, mais comme un travail de beauté infini, il se mettait à douter, et, avait cessé de l'idolâtrer. Elle était seule, sans personne qui vénérait ses traits. C'est alors qu'elle se souvint de Charlotte.

Pendant plus de deux semaines, Victoire n'avait pas reçu de nouvelles de son amie. A vrai dire, elle n'avait pas vraiment fait attention à cette dernière, occupée à poser sur son coquillage imaginaire. Elle prit donc son téléphone et apella  la jolie femme blonde.

Charlotte Morgan était chez elle, seule, triste, pensant à Victoire qu'elle n'avait pas vu depuis deux semaines et demi.

Elle avait décidé d'arrêter de parler à cette femme qui était prise, et surtout, qui était la muse d'un autre. C'est alors que, lorsqu'elle vit que son téléphone sonnait, et que c'était elle, son cœur s'emballât. Elle ne su pas répondre, et timide, elle ne pu décrocher.

Soudainement heureuse, elle vit que son téléphone sonnait une deuxième fois et décrocha d'une voix enjouée :

-Victoire, salut !

Son accent anglais était encore plus fort alors qu'elle s'exclamait. Victoire lui répondit gaiement et, elle décidèrent de se voir, sauf que cette fois ci, Charlotte lui proposa :

-Que dis-tu de prendre le thé chez moi ?

-Avec plaisir !

Elles avaient rendez vous dans une heure et demie.

Charlotte se senti revivre. Elle qui avait vécu une rechute, des qu'elle imagina être au côté de Victoire, ressenti une énergie immense prendre possession de son cœur.

Elle se leva, prit une douche et lava ses longs cheveux blonds pâle, s'habilla en une robe blanche, et se regarda dans le miroir, où elle se trouva jolie.
C'est alors qu'elle se rendit compte.

Le culte de la beauté et de l'artOù les histoires vivent. Découvrez maintenant