Chapitre 30 : Souvenir maudits

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Du sang dégoulina doucement de la bouche de Paya, inondant sa bouche d'un immonde goût de fer auquel elle avait fini par s'habituer avec le temps. Son regard affaibli scrutait le ciel étoilé, sa respiration était difficile de part les blessures que le Héros lui avait infligé.
Du sang commençait à s'agglutiner au fond de sa gorge, rendant le passage de l'air difficile. Elle allait finir étouffé si elle ne bougeait pas.
La jeune Sheikah plissa les yeux, son visage n'exprimait rien, rien sinon l'attente inéluctable de la mort. Pourquoi vouloir survivre dans ce genre de situation, après tout ce qu'elle avait fait ?

"Forcer à faire" avait beau être plus juste, cela n'empêchait pas la blanche d'éprouver d'immenses remords pour ces actes, en témoignes les larmes qui n'avait de cesse de dégouliné de ses yeux. Elle revoyait très clairement certains des corps qu'elle avait impitoyablement poignardé. Elle revoyait le fermier de carottes, la petite fille qui aimait observer les Rumy en haut du village en pensant à sa défunte mère. La vendeuse de vêtements, qui s'était vu poignardé au ventre avant même de pouvoir réagir, tout les pauvres enfants qu'elle avait fauché et surtout....et surtout la femme qu'elle avait poignardé en plein cœur...Lucy.
Cela avait été le pire choc de toute sa maudite vie. Sentir sa lame pénétrer le corps de la Constellationiste pendant que son visage se tordait de surprise et d'incompréhension avait vraiment été une expérience horrible, encore plus de la voir chuter après dans un cour d'eau. Paya ne pourra même pas retrouvé son corps et l'enterrer, sa carcasse avait déjà dû se faire déchiqueté par des Lezalfos, la blanche n'avais pour dernière trace de la jeune femme que ses souvenirs. Pas un seul objet. Rien de matériel.

Et la voila cloué au sol, avec une blessures mortels et entrain de se vider de son sang et de ses larmes. La tête plein de regrets et d'Injustice.
Les événements l'ayant conduit à cette situation lui revinrent en tête, son visage se déforma en un grimace triste. Quelle idiote elle avait été ce jour là.
Ce foutu jour où elle avait voulu revoir sa mère, qui avait pourtant disparu en l'abandonnant au village. Sa grand mère avait beau l'avoir aussitôt prise en charge, cela n'enlevait en rien la douleur qu'elle avait pu éprouvé du haut de ses quatres années et toutes les larmes qu'elle avait pu déversé.
La jeune femme avait passé des soirées entières sous la pluie à l'attendre, espérant plus que tout son retour. Les gouttes d'eau incessantes lui avait rappeler ses propres pleurs, cela avait beau être bête, ça lui permit de ne plus se sentir seule.
Les années ont passé, Paya s'en est remis et à finalement abandonner l'idée de revoir sa génitrice. Impa s'était chargé de son éducation et fit d'elle une merveilleuse jeune fille qui se mit à participer corps et âme aux activités du village. Pour oublié un peu le manque laissé par sa mère.

Et puis, quelques jours à peine avant la victoire de Link et Zelda sur le fléau Ganon, un Yigas sous déguisement l'approcha. Paya avait beau l'avoir aussitôt compris, quelques éléments lui était plus que familier dans cette personne. Quand la jeune femme compris à qui elle avait à faire, elle ne pût retenir ses larmes et ne la dénonça pas à Impa. Mère et fille passèrent un moment ensemble, à l'abri des regards. La conversation ne fût hélas pas bien passionnante, Paya compris avec horreur que sa mère l'avait abandonné pour se joindre aux traîtres Yigas. Sa mère confirma sans une seule once de regret, et le pire c'est qu'elle était venu pour la recruter elle. Pour qu'elle trahisse les Sheikahs, le culte des Déesses, sa Grand Mère, Link et même la Princesse. Pour elle la réponse avait été immédiate, Cocorico et ses habitants étaient toutes sa vie, hors de question de le trahir à rejoindre des assassins doublés de voleurs, qui plus est si leurs buts est la résurrection complète de Ganon.
Avait suivi l'un des pires instant de sa vie. Le visage de sa mère s'était déformé de dégoût et de déception, et l'instant suivant, Paya s'était retrouvé plaqué au sol, le haut du kimono arraché par sa propre génitrice.
Sa mère l'avait immobiliser grâce à des attaches et avait passé de longues minutes à effectuer une multitude de symboles qui rendirent ses mains rouges, car recouverte de corruption et cela sous les supplications de sa fille qui se débattait en vain.
Et l'enfer commença lorsqu'elle appliqua les mains sur le thorax de Paya qui hurla à la mort tandis que la corruption se gravait dans sa chair et se répandait comme une traînée de poudre dans ses muscles, ses organes et son système nerveux, lui donnant l'horrible sensation de brûler de l'intérieur. L'inconscience ne tarda pas à suivre, la dernière image qui s'imposa à son esprit fut le visage étiré en une expression démente et avec un sourire complètement fou.
La marque maudite de la corruption, surnommé le Voleur de Volonté par les Anciens Sheikah, dès son réveil Paya avait parfaitement compris que ce surnom était très loin d'être une simple prétention. Elle n'était plus seul dans son être, une entité maléfique avait élu domicile dans ses veines, dans ses muscles, dans sa chair et dans ses os. Maintenant encore, elle pouvait l'entendre ricaner de son propre malheur, caché au plus profond de son être. Elle était plus qu'heureuse de toutes la douleur et des regrets que Paya ressentaient et plus encore de pouvoir la privé de sa liberté motrice.

Les Paroles du Cœur (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant