Chapitre 22 : T'es moche et Tu pues !

80 14 40
                                    

Sans s'y attendre Amélia reçut un sac sur la tête, en même temps on lui saisit les mains pour les lier.

— Je ne vous ai rien fait. Libérez-moi, dit-elle.

Une voix comme étouffée, lui répondit :

— Tu as cinq minutes pour faire tes besoins et une toilette. Tu pues la pisse ! Je te conseille de ne pas perdre ton temps en conjectures, plutôt d'en profiter pour aller faire ton petit pipi, s'il t'en reste, ma foi ! Et pourquoi pas te refaire une beauté, tant que tu y es ? T'as vraiment mauvaise mine !

Un rire accompagna la dernière phrase.

Ne s'y attendant pas, Amélia ne pipa mot et se laissa détacher, puis emmener docilement. Se concentrant, elle essayait de se repérer dans le noir, attentive à son environnement et à son kidnappeur.

Il ne l'avait pas menacée avec une arme, mais cela ne voulait pas dire qu'il n'en avait pas. Le fait de cacher son visage lui indiquait que c'était quelqu'un qu'elle connaissait. La voix, quoique assourdie, lui semblait vaguement familière. Mais pour le moment, elle n'avait que cinq minutes pour retrouver un semblant de dignité. Elle choisit donc d'obéir docilement.

On l'entraîna en silence dans une pièce attenante, où il n'y avait aucune porte, le sac encore sur la tête. Elle sentit qu'on la retournait et ses pieds butèrent contre un objet solide, qui la fit sursauter. Elle comprit qu'elle était arrivée aux toilettes quand on lui sortit sèchement :

— Baisse ton pantalon ! Je ne vais quand même pas le faire à ta place !

Elle paniqua légèrement. Cela voulait dire : faire ses besoins en présence de cette personne. Mais, en même temps le dégoût qu'elle semblait ressentir à la toucher, ne pouvait être que bénéfique pour elle. Elle le prit très positivement et cela lui donna le courage de se déshabiller, bien que ces liens la ralentissaient grandement.

Après s'être soulagée, elle demanda à avoir du papier et on lui indiqua sa position. Cependant, la voix lui répondait de plus loin, donc elle comprit que le kidnappeur s'était éloigné.

L'esprit d'Amélia fonctionnait à toute allure. Elle souhaitait s'en sortir et pour le moment, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Faire le plein d'informations, lui permettrait peut-être d'échafauder un plan, afin de tenter de se sauver. Personne ne devait savoir où elle se situait.

— Maintenant, voici un lavabo.

On la poussa rudement vers celui-ci, alors qu'elle rajustait ses vêtements. Elle se laissa faire, à nouveau. L'humiliation était gorgée en son sein, mais elle ne pouvait que l'avaler goulument. Elle n'avait aucune perche tendue pour affronter son adversaire. Ce n'était pas encore le moment de lutter, patience.

— Fais-toi donc une beauté ! T'es moche et tu pues, grave ! Arrange-toi, mais tu gardes le sac ! Je t'ai à l'oeil !

Le sarcasme ne lui avait pas échappé, mais elle préféra se taire et ouvrit le robinet, attendant de voir s'il y avait l'eau chaude.

— Hé, Princesse ! On n'a pas toute la journée. Il n'y a pas l'eau chaude, sa majesté. Pardonnez ma modestie de ne pas vous loger au Radisson Blu ! Tu as deux minutes !

Amélia entendit les pas s'éloigner. Elle n'avait qu'une hâte retirer le sac de sa tête, mais elle ne le fit pas. Ne sachant pas si on l'observait de loin, elle préféra jouer la carte de la prudence.

Elle souleva le bas du sac, mais avec les mains attachées c'était très compliqué. Elle essaya de boire un peu d'eau, mais elle réussit plutôt à se mouiller, plutôt qu'à satisfaire sa soif.

Elle put passer un peu d'eau sur son visage et son cou. Son pantalon avait séché. On ne lui avait pas proposé de se changer, elle se refusait à demander quoi que ce soit !
Même si la sensation du pantalon d'urine séchée, était plutôt désagréable, car ça la grattait, elle fit avec. Elle pensait que le fait qu'il soit sale et odorant constituerait une aide. Vu que son kidnappeur avait préféré se tenir éloigné d'elle, cela prouvait bien qu'elle le rebutait quelque peu. Pour le moment, rester entière, sans sévice, représentait ce à quoi elle aspirait.

Moi...Pleurnicheuse? Jamais!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant