Chapitre 26 : Foutue spirale infernale !

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Amélia se réveilla, alors que le soleil se levait à peine, visiblement. Sa nuit avait été cauchemardesque.
Celle-ci n'avait pas fait exception aux précédentes. Toutes plus affreuses les unes que les autres. Son calvaire n'en finissait pas.

Elle avait à  nouveau la vessie pleine.
Elle se retenait toujours du mieux qu'elle pouvait.
Elle ne lutterait pas longtemps, si on voulait la torturer moralement, elle ne se retiendrait plus. Cela n'avait plus aucune importance.
Elle ne voulait plus qu'une chose, s'en sortir. La déshumanisation ne fonctionnerait pas. Elle ferait ce qu'il  faut pour survivre, un point c'est tout !

Pourtant, elle se sentait tendue, en proie à une frénésie qui ne la quittait plus.
Elle espérait pouvoir s'en aller de là.
Elle voulait retrouver l'amour de sa vie et le chérir, ainsi que tous les êtres qu'elle aimait.

*

Tamara avait passé une affreuse nuit. À son reveil, elle avait les traits tirés. Son mari, lorsqu'elle était rentrée, lui avait expliqué que leur nounou n'était pas disponible.

Donc il avait préféré rester avec les enfants, il resterait travailler à la maison, pour lui permettre de se rendre à l'hôpital tous les jours, pendant le reste de la semaine. Elle lui en était reconnaissante. Il était son amour. Elle prendrait des jours de congés, pour pouvoir affronter cette situation.

*

Marline, refusait tout net d'envisager le pire. Elle ne pensait qu'à une chose, deux plutôt. À savoir, pour la première que Richard se réveille sain et sauf, pour la deuxième qu'Amélia leur revienne elle aussi en parfaite santé.
Elle souhaitait tellement que ces deux-là vivent enfin d'amour et d'eau fraîche. C'était tout ce qu'elle souhaitait et rien ne saurait lui faire plus plaisir dans l'immédiat.

*

Pénéloppe se leva et se prépara pour passer vite fait au travail, donner des infos à Maryse et à Martin, ainsi qu'à Zoé. Elle avait pris sa journée, pour pouvoir soutenir la famille de Richard et Kendra. Pierre lui, l'accompagnerait jusque chez Tamara.

Il pourrait toujours revenir vers elle, si elle en avait besoin. Il restait d'un calme olympien.
Il ne parlait pas beaucoup, mais restait son soutien indéfectible, son roc bien à elle.

Il l'avait prise dans ses bras toute la nuit.
Elle avait sangloté et parlé dans son sommeil.
Il ne l'avait plus vue aussi perturbée, depuis leur rencontre.
Elle était sous pression. Cette situation semblait faire écho en elle. Il ne voulait pas qu'elle soit  plongée dans l'horreur, l'enfer des hommes. Mais il ne fallait pas se leurrer, le mal était en leur sein et les nourrissait sans discontinuer. Eux-mêmes, ne se résolvant pas à le laisser derrière eux, une bonne fois pour toute. Ils semblaient toujours grimper cette échelle, toujours plus haut, dans les méandres de leur perdition. Leur âme, le plus précieux joyau, était un trophée requis par la Destruction ! Ils ne se rendaient compte de sa valeur inestimable qu'une fois que les flammes de l'enfer se resserreraient sur eux avec fermeté. Ils ne résisteraient jamais à la tentation du mal.

*

Kendra, elle, se réveilla, le moral dans les chaussettes. Elle s'était endormie, en échangeant avec Maverick, au sujet de Richard et Amélia. Il lui avait posé des questions sur leur relation naissante. Et celle-ci avait justement débutée, ce week-end. 

Il ne lui avait pas dit qu'ils avaient trouvé des traces de sperme, mais le fait qu'il lui demande si Amélia était chez Richard ce week-end, avait mis Kendra sur la voix.

Il pensait qu'il pouvait y avoir un lien, mais préférait ne pas s'avancer, pour le moment. Elle lui avait annoncé le coma dans lequel était plongé Richard.

Il répondait toujours avec un certain laps de temps, la fatigue aidant, elle avait finit par s'endormir le téléphone en mains. Il était plus d'une heure du matin, quand elle avait répondu au dernier message.

*

Maverick, lui, n'avait pas dormi de la nuit. Il était sur le pied de guerre. Cette journée, il la commença, en passant vite fait chez lui, afin de prendre une douche. Il était alors 4h du matin.
Cela, plus des dizaines de doses de caféine ingurgitées, le maintiendraient bien éveillé, il en était certain.

Il allait s'attaquer à ses interrogatoires, le voisin avait bien fait sa déposition, car il était venu plus tôt. 

La bureaucratie avait pris le temps, mais il avait eu toutes les autorisations qu'il lui fallait. Le briefing de son équipe allait bientôt commencer. Pour le moment, ils pouvaient tous prendre leur petit déjeuner, dans la bonne humeur. Il leur avait pris des viennoiseries en revenant au commissariat. Ils allaient avoir besoin de douceur, de camaraderie. Il savait bien ce que ce moment leur apporterait avant le chaos imminent, car la journée allait être fort longue. 

Pendant ce temps, il repensa à son échange avec Kendra. Elle lui avait fourni les informations qui lui manquaient. Et il sourit en pensant au dernier sms, où il était noté « je m'enddddddddd ».
Il avait supposé alors, qu'elle voulait le prévenir qu'elle s'endormait.

Et qu'est-ce qu'il aurait aimé se tenir à ses côtés ! Il revoyait encore son expression pleine de colère, puis son regard complice pour lui dire, sans aucune appréhension qu'elle comptait sur lui pour qu'elle règle son compte à celui qui avait fait disparaître  Amélia...
Il repensa à son physique musclé.
Elle était élancée et sportive.
Elle avait les cheveux coupés à la garçonne, des yeux noirs, profondément expressifs. Ils semblaient toujours lire en lui.
Sa peau couleur chocolat était une véritable invite.

Il rêverait de se tenir à ses côtés. Pour ce qui était de dormir, c'était une autre histoire, mais être avec elle ... Ça oui !

*

Richard, était relié à tout un tas de machines. Ses constantes étaient stables. Il n'avait pas fait de nouvelle crise cardiaque pendant la nuit. Cela semblait rassurer le personnel soignant. 

Pourtant, il était perdu dans les méandres de l'inconscient. Etre là, sans pouvoir savoir ce qu'était ce « là ». Il n'y avait aucun fil conducteur. Il cherchait le moyen de se retrouver, de revenir à la surface, car il se sentait perdu dans les profondeurs du néant. Il était seul, il avait beau essayer de hurler "Amélia", seul l'écho de sa propre voix lui répondait. 

Amélia, sa douceur caramélisée, il voulait à tout prix la retrouver. La serrer à nouveau contre lui, mais elle n'était pas à ses côtés. Il ne savait même plus, comment il avait fait pour en arriver là. Pourtant, il savait qu'il connaissait la vérité, ce qui s'était produit. Mais son esprit s'embrumait de plus en plus, à  chaque fois qu'il  mettait le doigt dessus. 

C'était une sensation unique, inexpérimentée, inexprimable. Il sentait sa mémoire s'effacer de plus en plus, comme si elle se perdait dans cette immensité de vide. Il ne savait plus comment, il en était arrivé là...Ne venait-il pas de penser cela ? Non, c'était la première fois. En était-il certain ? Tout se rassemblait et s'assemblait. Il n'y avait ni début, ni fin.
Toutes ses pensées se confondaient, fusionnaient et ne cessaient de se réitérer...Foutue spirale infernale !

La même boucle se répétait sans cesse, il pensait même avoir sombré dans la folie. Quand il crut entendre son propre prénom, comme chuchoté, murmuré. Il se figea dans l'expectative. Mais rien. Seuls les ténèbres affluaient et l'encerclaient.

Moi...Pleurnicheuse? Jamais!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant