Eydan
- Je ne comprends pas pourquoi tu veux arrêter la natation. Ensemble, nous formons la meilleure équipe de relais. Des recruteurs des universités du pays entier, et même des États-Unis, viennent nous voir nager depuis des années. Et l'an prochain, il y en aura encore plus. Si tu t'arrêtes, tu n'auras pas de bourse universitaire, dis-je à mon jumeau alors qu'il se prépare pour le lycée.
- Tant mieux. Ils offriront ces bourses à quelqu'un qui a vraiment envie d'aller à l'université, me répond-il calmement, comme si ce qu'il disait était parfaitement rationnel.
- Tu ne veux plus aller à l'université ? je m'exclame, désarçonné par son annonce.
- Je n'ai jamais voulu y aller. Je l'envisageais uniquement pour toi. Mais... on sait tous les deux que tu te débrouilleras très bien sans moi, même mieux, m'explique-t-il en haussant nonchalamment les épaules, une habitude qu'il a depuis qu'on est gosse et qui m'a toujours exaspéré.
- Arrête de dire n'importe quoi. C'est avec toi que j'ai envie de partager cette aventure, pas avec de parfaits inconnus ! dis-je, la voix montant sous l'effet de la colère. Tu n'es pas obligé d'aller à l'université, tu peux choisir une école ou une autre voie, j'ajoute, plus calmement, conscient que ma colère ne ferait que le pousser à se refermer davantage, mettant fin à toute possibilité de discussion.
- Maman et tonton m'ont déjà appris tout ce qu'il faut pour reprendre la clinique. Ils m'ont même appris davantage. Aucune université, école ou autre ne pourra m'en apprendre plus. Alors fais-toi une raison, s'il te plaît, Eyd. Je sais que toi, tu as besoin de partir, mais pas moi. Cette ville me convient.
- Tu rigoles j'espère ? Nous sommes à peine plus de mille dans ce fichu village. Et les trois quarts te regardent comme si tu étais bon à enfermé. Alors ne me dit pas que tu es heureux ici ! je m'exclame, m'emportant plus que de raison.
- Eydan... Je n'ai pas dit que j'étais heureux ici. Je te dis juste que je n'ai pas besoin de partir, dit-il toujours aussi serein, en posant son front contre le mien pour m'aider à retrouver mon calme. Ce qu'ils pensent m'importe peu. Ça ne devrait pas t'importer non plus. Ils peuvent bien parler dans mon dos, ils continueront à m'apporter leurs animaux. La nature humaine est comme ça... bizarre. Cette forêt, c'est ma maison. Et oui, je sais qu'il y a plein d'autres forêts, mais elles ne sont pas ma forêt, ajoute-t-il avant de décoller son front du mien et de sortir de sa chambre, prêt pour le lycée.
Bien qu'un vieux denim troué, un t-shirt blanc et sa paire de chaussures de montagne ne soient pas vraiment des vêtements appropriés pour aller en cours, ils conviennent mieux pour une promenade en forêt. Ce qu'il doit sûrement projeter de faire en fin de journée, ayant attaché ses cheveux mi-longs comme les miens, bien que pour moi, c'est davantage pour des raisons esthétiques que pratiques.
En soupirant pour bien lui signaler ma désapprobation, je lui emboîte le pas et rejoins notre famille autour de la table du petit-déjeuner.
- C'était quoi cette dispute, les garçons ? nous demande notre père, Marrec, alors que nous nous installons à table.
- Rien, je marmonne en déposant un baiser sur le front d'Enya, puis en prenant place entre elle et Elys, face à nos parents.
- Eyd ne veut pas que j'abandonne la natation l'année prochaine, sinon je n'aurai pas de bourse pour aller à l'université, lui répond Elys, ayant une aversion, plutôt très prononcée, pour les secrets et les non-dits.
- C'était surtout parce qu'il ne veut pas aller à l'université. Il vous l'avait dit ? je demande en essayant de rester calme, sachant que mes parents refusent toute discussion quand je suis en colère.
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One day, Day one #1
RomanceElystair et Eydan Deaglan, des jumeaux autrefois siamois, semblent s'opposer en tout à l'aube de leurs 17 ans : leurs amis, leurs ambitions, et même leurs visions de l'avenir. Mais l'arrivée d'Amber et Eliott, un frère et une sœur venus de New York...