Eliott
Le tendre sourire qui se dessine sur ses lèvres à mes mots me rassure, signe qu'il s'ouvre à l'idée de se libérer de ses peurs.
Je n'ai jamais eu de mal à accepter qui je suis. Aimer les hommes a toujours été une évidence pour moi, ce qui est assez surprenant quand on considère mon père. Pourtant, sur ce point, je n'ai jamais douté. Quand j'ai embrassé le bel Yvan, derrière les toilettes du collège, à 13 ans, ça m'a semblé naturel, presque une formalité. Mais Eydan semble à des années-lumière de moi sur cette question. J'aimerais bien savoir pourquoi.
- Rappelle-moi de leur dire combien je les aime quand on rentre, répond-il, me sortant de mes pensées, m'obligeant à réfléchir quelques secondes avant de comprendre qu'il parle de Matteo et Elys.
- Ils te supportent depuis si longtemps que tu devrais leur dire que tu les aimes à chaque seconde de chaque jour, je ricane en déposant un baiser sur l'angle de sa mâchoire, savourant son parfum et le frisson qui parcourt son corps à chacun de mes effleurements.
- Elys n'accepterait pas plus d'affection. Il a un quota de cinq câlins maximum par jour. Matteo, en revanche, serait peut-être partant, on peut toujours voir, dit-il sérieusement, me faisant sourire de plus belle.
- D'où te vient cette passion des câlins ? je demande en riant. Désolé, mais... tu es à la limite de l'obsession.
Sa réaction outrée me fait éclater de rire.
- Obsession ? Mais pas du tout ! Dis-moi, Eliott, tu n'as jamais envisagé la chose dans l'autre sens ? Si c'était ceux qui n'aimaient pas les câlins qui avaient un problème ? Aimer les gens et partager la joie ne devrait jamais avoir de limite, bien au contraire. Regarde, quand tu as un premier enfant puis un second, l'amour que tu ressens ne se divise pas, il grandit. C'est pareil pour moi. J'ai besoin d'exprimer cet amour en faisant des câlins, en donnant des bisous, et en disant aux gens que j'aime... que je les aime, tout simplement, m'explique-t-il avec passion, me faisant comprendre qu'il a déjà dû défendre cette idée plus d'une fois.
- Ou alors, dis-je en réfléchissant à voix haute, durant votre développement, tu as pris une telle part affective qu'il ne restait pratiquement rien pour Elys. Ce qui expliquerait pourquoi tu es peut-être un peu trop affectueux, tandis qu'Elys, lui, ne l'est pas assez. Mais sinon, ta réflexion est plutôt intéressante, je conclus avec sérieux, touché par son enthousiasme.
- C'est marrant, ma mère a émis exactement la même hypothèse. Mais... je reste dubitatif, dit-il en souriant légèrement. Sinon pas d'autres questions ?enchaîne-t-il, attrapant son t-shirt que j'avais balancé un peu plus loin dans mon empressement à vouloir embrasser chaque centimètre de sa peau.
C'est la première fois que je ressens une telle passion pour quelqu'un. Dans ma courte vie, je n'ai eu que deux partenaires, et si je préfère ne pas penser à l'un, l'autre ne m'a jamais fait ressentir le centième de ce que je vis avec Eydan. Je n'aurais jamais imaginé qu'un simple baiser pourrait un jour provoquer une telle vague de sensations. Et cette intensité me terrifie... parce que je ne sais pas ce qui arrivera quand tout ça prendra fin.
- J'en ai encore des dizaines de questions, au bas mot. En tout premier... euh, qui est Eva ? je demande, hésitant.
Son sourire s'éteint presque instantanément, me faisant regretter ma question.
- Oh... euh... c'était notre tante, la femme de Klaus, dit-il d'une voix calme.
- Elle est...
- Morte... finit-il à ma place, la voix rauque d'émotion. C'était il y a cinq ans, une semaine après la naissance d'Enya. Elle se rendait à la maternité pour accoucher de leur fille quand un camion a percuté sa voiture et l'a fait basculer dans un ravin. Le temps que les pompiers arrivent... elles étaient déjà mortes, toutes les deux.
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One day, Day one #1
Roman d'amourElystair et Eydan Deaglan, des jumeaux autrefois siamois, semblent s'opposer en tout à l'aube de leurs 17 ans : leurs amis, leurs ambitions, et même leurs visions de l'avenir. Mais l'arrivée d'Amber et Eliott, un frère et une sœur venus de New York...