One day, Day one #1

Chapitre 6 - La tempête PARTIE III

Elystair

Pendant les quatre heures suivantes, nous avançons côte à côte, tandis que je lui parle des détails sur la faune et la flore que j'ai intégrés dans mon projet de sciences. Je suis sur le point de lui montrer l'entrée d'une tanière de renards quand elle m'arrête en posant une main sur mon bras.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande, curieux, tandis qu'elle ouvre son sac et en sort son carnet.

Tu ne trouves pas qu'il fait de plus en plus froid ?

Je n'y avais pas vraiment prêté attention, mais peut-être qu'elle a raison. Je vérifie la boussole à ma ceinture, équipée d'un petit thermomètre, et constate que la température a chuté.

- Merde, je grogne, en retirant mon sac de mes épaules. Tiens, lui dis-je en sortant une veste, heureusement prise au cas où..

Après une brève hésitation, elle note encore quelques mots sur son carnet avant d'accepter la veste, qu'elle enfile rapidement sans protester.

Pourquoi ?

- Une petite tempête de neige était prévue dans un comté voisin, au nord d'ici. Mais... il semblerait qu'elle ait changé de trajectoire, ça arrive parfois. Ne t'inquiète pas, j'ajoute rapidement en voyant ses yeux s'agrandir. Ce n'est même pas sûr qu'on ait de la neige. Parfois, quand elle passe trop près, la température baisse, mais c'est tout. Et puis, dans cinq minutes, on sera au chalet, si on se dépêche. Je pourrais allumer un feu pour te réchauffer, si tu veux, dis-je avec un petit sourire.

Elle hoche finalement la tête et me fait signe de continuer. Après avoir remis mon sac et jeté un dernier coup d'œil au thermomètre, je préfère ne pas lui dire que la température a encore chuté de deux degrés en quelques minutes.

Quand les cinq minutes promises s'écoulent, je me rends compte qu'Amber, avec ses jambes plus courtes que celles d'Eyd ou les miennes, nous ralentit, et qu'il va nous falloir plus de temps que prévu. Au loin, de petites taches blanches commencent à apparaître sporadiquement dans le ciel, signe que la neige approche.

Je vérifie à nouveau le thermomètre. Nous avons déjà franchi la barre du zéro, et nous sommes encore en pleine forêt. Mais plus pour longtemps : dans quelques mètres, nous atteindrons le début du sommet, et les arbres ne nous offriront plus aucune protection contre le vent et la neige.

- Attends, dis-je en l'arrêtant à quelques pas de la fin des arbres. Il va falloir que tu mettes ta veste.

Elle sort la veste de son sac et commence à retirer la mienne pour me la rendre.

- Non, non. Mets d'abord ta veste, puis remets la mienne par-dessus.

Elle forme silencieusement un "et toi ?" avec ses lèvres.

- Ne t'inquiète pas. Mon pull suffira.

Elle hésite encore, alors je prends sa veste et l'aide à la mettre, remontant la fermeture éclair jusqu'à sa bouche. Ses lèvres sont encore roses, un bon signe. Je replace son sac sur ses épaules, ignorant le regard noir qu'elle me lance.

Lorsque nous atteignons enfin la lisière de la forêt, la neige tombe si drue que j'ai du mal à distinguer le chalet, pourtant à moins d'une centaine de mètres.

- Tu veux bien me donner la main ? je demande en lui tendant la mienne.

Elle lève la tête vers le ciel, partagée entre émerveillement et horreur devant la neige tourbillonnante.

- Amber, s'il te plaît, j'insiste en attirant son attention sur moi. Je n'ai pas envie de te perdre, ou pire, que tu tombes.

Elle hoche la tête après un dernier coup d'œil vers le ciel, puis glisse sa main dans la mienne, me faisant frissonner. Je reprends la marche, vérifiant à chaque pas avec ma boussole que nous restons sur la bonne trajectoire. La dernière chose que je veux, c'est qu'on dérive trop à l'est et qu'on finisse par tomber dans le ravin.