Chapitre 8 - Silence radio PARTIE II

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Eydan

Je commençais à sombrer dans le sommeil après cette longue soirée en famille, quand un bruit strident provenant de mon téléphone posé sur la table de chevet me ramena brutalement à la réalité : un SMS venait d'arriver. Je grogne face à cette agression sonore. Il va vraiment falloir que je reprenne l'habitude de le mettre en mode silencieux, ou mieux, de l'éteindre la nuit.

Malgré mon envie de me rendormir et d'ignorer le message, je tends le bras et attrape mon téléphone, reconnaissant la sonnerie que j'avais attribuée à Matteo. En le déverrouillant, bien que la lumière me brûle les yeux, je me fige, manquant de me lâcher l'appareil sur le visage. Le message ne contient qu'une seule photo, mais elle suffit à me bouleverser. Elle n'a clairement pas été prise par Matteo lui-même, car il en est l'un des principaux intéressés... avec Eliott. Tous deux sont à seulement quelques centimètres l'un de l'autre.

Sans m'en rendre compte, je me retrouve assis sur le bord du lit d'Elys, qui dort encore paisiblement derrière moi. Lui tournant le dos, je continue de fixer la photo tentant en vain de remettre de l'ordre dans mes pensées et mes émotions.Mais rien n'y fait. Les larmes commencent à couler silencieusement le long de mes joues, tandis que mon cœur se serre davantage à mesure que la tristesse m'envahit. Je réprime un sanglot quand je sens Elys bouger derrière moi, juste avant qu'il ne pose une main réconfortante sur mon dos.

- Eydan... qu'est-ce qui se passe ? me demande-t-il en se redressant pour s'asseoir derrière moi, posant doucement sa tête sur mon épaule.

Incapable de répondre, je tends simplement mon téléphone vers lui. Sans un mot, il verrouille l'écran et repose l'appareil sur la table de chevet, loin de nous. Sa main reste posée sur mon dos, réconfortante, me soutenant silencieusement dans ce moment difficile.

Je le sens souffler doucement avant de m'attirer en arrière pour qu'on s'allonge, m'incitant à me tourner vers lui. Je niche mon visage au creux de son cou, trouvant dans la chaleur de son étreinte une sensation de sécurité. Ses bras se referment autour de moi, me serrant fermement contre lui, comme pour empêcher mes émotions de s'éparpiller. Finalement, je me laisse complètement aller, laissant les larmes que je retenais jusqu'à présent couler librement. Je pleure, espérant que ces larmes m'apporteront un peu de répit, assez pour mettre de l'ordre dans le chaos de sentiments qui m'envahit, allant de la colère à la tristesse, avec ce fond amer de trahison.

Je ne saurais dire combien de temps on reste ainsi. Mes larmes coulent en silence, trempant son t-shirt. Mais un bruit finit par attirer mon attention, me faisant lever la tête. Je suis le regard d'Elys, qui fixe la porte de ma chambre avec une hostilité palpable. À ma grande surprise, j'aperçois notre père, soutenant un Eliott visiblement ivre par la taille.

- Je mets votre pote au lit et j'arrive, dit-il en remarquant mon visage marqué par les larmes, avant de disparaître avec Eliott hors de notre champ de vision.

Je me redresse rapidement, essuyant mes yeux et mes joues. Puis, sans un mot, je dépose un baiser sur la tempe d'Elys, qui m'offre un sourire en coin. Peu après, notre père revient, prenant soin de refermer derrière lui les portes de la salle de bain qui séparent nos chambres.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? me demande-t-il en s'asseyant au bord du lit, posant une main rassurante sur ma cuisse.

- Il n'a pas trop le moral, c'est tout, répond Elys à ma place. Tu nous as manqué... et Enya aussi, ajoute-t-il dans une tentative habile pour l'amadouer.

Cela fonctionne à merveille. Un petit sourire éclaire son visage, et ses yeux s'illuminent d'une tendresse familière.

- Vous m'avez manqué aussi. Je suis content d'être rentré plus tôt que prévu, dit-il avant de se pencher pour nous prendre tous les deux dans ses bras.

Nous nous rapprochons instinctivement, répondant à son étreinte. Elys n'avait pas menti ; il nous avait vraiment manqué, même si ce n'était pas la cause de mes larmes. Être le sensible de la famille a parfois ses avantages.

- Tu vas dormir avec Eliott ? me demande-t-il, sur un ton plus proche de l'ordre que de la question. Il est dans un sale état, j'ai peur qu'il ne soit malade pendant la nuit, ajoute-t-il pour adoucir sa demande.

Je me contente d'hocher la tête. Il nous serre une dernière fois dans ses bras avant de quitter la chambre, nous laissant seuls avec nos pensées.

- Je peux aller dormir avec lui si tu veux ? propose Elys en se dégageant doucement des draps, alors que Wood bondit sur le lit, suivi de Leaf qui vient immédiatement se blottir contre moi.

- Non, c'est bon, je marmonne avant de déposer un baiser sur son front et de récupérer mon téléphone.

Je me lève, quittant la chambre d'un pas traînant, avec Leaf sur mes talons. Il saute sur mon lit dès que j'entre, se couchant tout contre les jambes d'Eliott, qui est encore parfaitement éveillé. Il me regarde sans détourner les yeux alors que je rejoins l'autre côté du lit et me couche, dos à lui.

- Réveille-moi si tu te sens malade, lui dis-je en fermant les yeux, essayant d'ignorer sa présence juste derrière moi et le poids de son regard sur ma nuque.

- Eydan... souffle-t-il en se rapprochant lentement sur le lit. Je suis désolé, ajoute-t-il d'une voix douce, l'alcool ne semblant pas altérer ses paroles.

- Désolé ? Pourquoi ? je demande en tournant légèrement la tête, sur la défensive.

- Pour ce que mon père a dit. J'aurais dû m'interposer, m'explique-t-il en se rapprochant encore, sa main venant se poser doucement sur mon dos.

Il s'arrête là, se figeant quand il me sent me tendre.

- Dors, je lui ordonne sèchement, tendant le bras pour éteindre définitivement mon téléphone..

- Mais...

- Je suis crevé, j'ai juste envie de dormir, je le coupe en bougeant de manière à retirer sa main de mon dos.

- Je n'ai pas envie de te perdre, murmure-t-il malgré tout.

Sa respiration effleure doucement ma nuque, me faisant frissonner de la tête aux pieds.

- Je sais que tu ne ressens pas la même chose que moi, mais... je tiens vraiment à toi, Eydan. Je ne veux pas te faire de mal, continue-t-il, ignorant mon silence.

Il reste immobile, sans un mot, tellement longtemps que je pense qu'il s'est finalement endormi. Mais alors, je l'entends prendre une grande inspiration, comme pour parler à nouveau.

- Tu sens tellement bon... Un mélange... de fleurs et... de sapin, j'adore ça, murmure-t-il.

Mon cœur s'emballe à sa confidence, mais je reste silencieux. J'écoute sa respiration devenir de plus en plus régulière à mesure qu'il sombre dans le sommeil. De mon côté, la photo continue de tourner en boucle dans mon esprit, me tenant éveillée de longues heures.

One day, Day one #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant