17 - If I only could...

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Jasper s'assit au bord du lit. Il savait le rapport compliqué que Markus entretenait avec son corps et avec le sexe, aussi resta-t-il concentré pour n'émettre aucune phéromone. Il ne voulait pas accélérer le processus, il ne voulait pas être responsable de la perte de moyens dont Markus serait victime. Il se contenta de repousser une mèche brune derrière l'oreille de son Oméga, d'une main qui tremblait légèrement.

C'était si difficile de garder le contrôle. L'odeur de son amant emplissait la chambre, dont les fenêtres étaient closes. Et jamais, jamais l'Alpha n'avait répondu aussi fort à une fragrance phéromonale. C'était comme s'il respirait les phéromones du jeune homme par tous les pores de sa peau. Cela lui vrillait les nerfs. Parce que Markus avait une vision du sexe purement reproductive, ou dégradante pour les Omégas, parce qu'il avait peur de ses propres réactions et angoissait à l'idée de perdre toute maîtrise sur lui-même, Jasper s'efforçait de ne considérer ce qui allait advenir que comme une thérapie.

Après tout, l'orgasme n'aidait pas uniquement lors des chaleurs ou des ruts, il avait également une excellente influence sur toutes les douleurs. Voilà. Donc Markus avait la migraine, son Alpha fou d'amour allait prendre soin de lui, c'était ce que devaient absolument penser leurs camarades. C'était aussi ce dont Jasper tentait de se convaincre, même s'il était tout à fait conscient de se leurrer et qu'au fond de lui, il était enchanté de ce qui allait se produire.

— Jasper...

— Je suis là.

La voix de Markus était plus rauque, étouffée par l'oreiller où il cachait son visage, mais on y percevait toujours un peu d'anxiété. L'Alpha s'allongea près de lui sans le toucher.

— Tu as pris tes médicaments ?

— Mmmh. Aucun effet pour le moment.

D'où l'angoisse sourde qu'il sentait dans les intonations de son amant. Il réprima un sourire, un soupir, et se demandait encore ce qu'il pouvait faire, ou dire, pour le rassurer.

— Je suis désolé... murmura encore l'Oméga d'une voix étranglée.

Jasper enlaça son ami.

— Tu sais qu'il n'y a aucune raison pour être désolé. C'est normal. Tu es normal.

— Jasper s'il te plaît...

L'Alpha frissonna. Les mains de Markus avaient lâché l'oreiller pour l'envoyer valser plus loin et se cramponnaient maintenant à sa chemise. Les narines du jeune homme frémissaient, comme s'il inspirait trop fort, et il enfouit le visage dans le cou bronzé de son camarade avant de l'appeler d'une voix plus suppliante encore. Il avait perdu pied. Jasper s'autorisa à relâcher les phéromones que l'Oméga cherchait. Une bouche s'écrasa sur la sienne.

***

— Jasper !

— Je suis là, Markus.

— Jasper !

Le second appel était plus angoissé encore que le premier. Jasper s'empara de la gourde qu'il venait de remplir au robinet du lavabo, à trois mètres du lit où l'Oméga dormait profondément à peine quelques secondes plus tôt. Comme s'il avait un détecteur de présence intégré, le jeune homme s'était réveillé presque à l'instant où l'Alpha avait quitté les draps. Jasper s'assit au bord du matelas et un étau se referma immédiatement sur son poignet. Il grimaça, mais ne chercha pas à se libérer de l'emprise de son amant. Lorsqu'un Oméga était en chaleurs, on ne pouvait pas faire appel à sa raison, seulement suivre son rythme et attendre. Celles de Markus semblaient avoir en plus un effet sur son anxiété, Jasper l'avait déjà constaté la fois précédente. Il posa la gourde au pied du lit pour délivrer sa main gauche, qu'il plongea dans les mèches noires et collées de sueur de son camarade. Il se pencha vers lui, libérant une discrète bouffée de phéromones apaisantes.

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