4 - Je le déteste !

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Jasper passa une main sur son visage, déjà fatigué du tour que prenait la conversation. Markus était sur la défensive, évidemment. Il s'y attendait, mais il n'avait pas anticipé que cela puisse être si criant. Il se préparait à le voir paniquer, ou se mettre en colère. Cette voix glacée qui offrait de l'argent, il ne l'avait pas vraiment prévue. Il inspira lentement et se composa un air aussi rassurant que possible.

— Markus. Bien que cela puisse te paraître complètement incongru, je te propose vraiment mon aide. Juste ça.

Le visage de l'Oméga ne montrait plus aucune émotion. Il y avait plaqué son habituel masque d'arrogance et l'accompagnait d'une moue ironique. Il ne sembla pas croire un mot de ce qu'énonçait son camarade. Lequel perdit un peu patience.

— Écoute, Markus, si je te voulais du mal, il me suffirait de relâcher des phéromones maintenant. Vu l'instabilité hormonale qui est la tienne, cela pourrait déclencher à nouveau une bouffée de chaleurs et tu serais dans le même état qu'hier soir. Tu sais ? Quand la moitié de l'amphi était sur le point de te toucher et que je t'ai sorti de là pour te conduire à l'abri. Tu te rappelles ce que je t'ai dit quand nous sommes arrivés ici ?

Markus opina. Manifestement, il se souvenait, même si cela lui déplaisait. Jasper saisit l'occasion et lui prit une main, sans le quitter du regard.

— Tu as vraiment besoin d'un suppresseur qui régule ou qui bloque tes chaleurs. Imagine que cela survienne dans la rue ? Ou chez toi ? À un dîner mondain avec ta famille ?

C'était fourbe, mais au moins il avait compris comment marquer des points. Et puisque l'Oméga refusait d'admettre la gravité de la situation, il fallait bien le provoquer un peu, lui mettre le nez devant le pire de ce qui pouvait se produire.

— Je ne serais pas toujours là pour te conduire à l'hôtel le plus proche.

Il fit une pause. Osa un sourire espiègle.

— Même si c'est avec plaisir.

***

Je... Je le déteste ! Il ose en rire ! Il propose de m'aider, puis il se moque. Je ne comprends pas. Enfin si, c'est toujours pareil. Il ne veut que profiter de ma famille et de mon nom. Ou de mon argent ? Pourtant, la sienne est riche, peut-être plus que la mienne. Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il veut ? Vraiment, qu'est-ce qu'il veut de moi ? Il n'a pas lâché ma main, et je ne l'ai pas retiré des siennes non plus. Curieusement, me concentrer sur le contact entre nous me repose. La tiédeur de ses doigts sur les miens me calme. Ça ne devrait même pas être le cas.

Je ne sais pas quoi dire. Je reste silencieux longtemps. Peut-être trop ? Mais vraiment, je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas.

— Viens là, tu veux ?

Avant d'avoir pu protester, je suis de nouveau entre ses bras, et son odeur m'enveloppe. C'est rassurant. Je déteste cela, mais c'est rassurant. Je ne sais pas bien comment décrire cette sensation, à vrai dire. Et je ne parle toujours pas. Je ferme les yeux pour mieux le sentir, me calmer. Respirer. Oublier que c'est Jasper, oublier ce qu'il s'est passé cette nuit, oublier tout ce que je lui dois déjà et juste laisser les phéromones faire leur travail. Je n'aurais jamais cru cela possible pour moi. C'est la première fois que l'odeur de quelqu'un agit ainsi sur moi. C'est... reposant. Agréable. Et donc très perturbant. Pourtant, je parle avant même de m'en rendre compte.

— Appelle-la alors. Ta médecin. Quand puis-je la voir ?

— Je vais prendre rendez-vous à mon nom. Tu la verras aujourd'hui. Je t'y conduirais. Tu ne seras pas obligé de dire qui tu es.

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