28 - Abruti !

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Jasper paniquait. Il appela Julie, puis Juan, puis le fixe de la maison, et encore Julie, qui finit par décrocher. Markus, lui, semblait prêt à se jeter à la mer, ou à aller s'y vider de son sang, enfin il se passait quelque chose qu'il ne maîtrisait pas et pour la première fois depuis longtemps il perdait son flegme. Il cria, et Markus s'immobilisa. Il en profita pour le soulever et l'emporter hors de l'eau, tout en vociférant au téléphone.

Bientôt Julie les rejoignit, courant dans le sentier. Dans les bras de Jasper, Markus n'avait pas bougé. Julie l'en extirpa avec une force surprenante et gifla l'Alpha à la volée.

— Tu n'as pas honte ?! Contrôle tes phéromones ! Abruti !

Elle traîna Markus à quelques mètres et l'aida à s'adosser à un rocher. Le jeune homme était plus pâle encore qu'à l'accoutumée et surtout il semblait tétanisé. Elle diffusa des phéromones apaisantes, mais en vain, Markus n'y réagissant qu'à peine.

Elle lança un regard noir à l'Alpha, qui semblait avoir repris ses esprits grâce à la gifle magistrale de son amie et affichait une mine mortifiée. La jeune Oméga n'y alla pas par quatre chemins et désigna leur aîné blessé.

— T'as vu ce que tu lui as fait ? Qu'est-ce que t'as foutu, putain ?

Ce faisant, elle avait regardé les mains ensanglantées du jeune homme et lui parlait, d'une voix rassurante.

— Markus, Jasper ne voulait pas te faire de mal, je crois qu'il a juste eu très peur pour toi et qu'il a perdu le contrôle de ses phéromones. Est-ce que ça va mieux maintenant ?

La brise marine avait en effet vite dissipé les phéromones rageuses qui avaient pétrifié l'Oméga. Il hocha la tête, reprenant peu à peu ses esprits.

— Bien, alors en route. C'est Jasper qui va te porter dans le chemin, moi je n'ai pas la force nécessaire. C'est bon pour toi, est-ce qu'il peut s'approcher ? Juan nous attend juste en haut pour te conduire à l'hôpital, je crois que tu as besoin de sutures.

Markus murmura son assentiment et Jasper le souleva pour l'emporter, se confondant en excuses tout le long du chemin. L'Oméga passa les bras autour du cou de son camarade en enfouit son visage au creux de son cou.

— Phéromones. S'il te plait.

Jasper s'exécuta, quoi que plus malhabilement qu'à l'accoutumée. Markus s'en moquait. Il ferma les yeux et inspira, oubliant quelques instants ses mains blessées qui le lançaient douloureusement.

Ils furent à l'hôpital en un rien de temps, et une fois encore ce fût Julie qui prit les choses en main. Elle se présenta comme la sœur de Markus, précisa qu'il se nommait Marc, et que partis en urgence ils n'avaient pas leur carte d'assurance maladie avec eux, aussi allaient-ils payer les soins et se faire rembourser par leur assurance après.

Bien sûr, il n'était pas question de le faire et toutes les informations qu'elle fournit étaient erronées, de manière à ce que personne ne puisse identifier un fils de ministre dans un hôpital de campagne. Markus était subjugué par sa capacité à mentir, et son assurance. Jasper n'écoutait qu'à moitié, toute son attention concentrée sur Markus... et sur ce qui avait pu se produire pour que lui-même perde tous ses moyens en voyant son Oméga blessé. Il n'aurait pas dû. Il avait pétrifié son amant et brisé le lien ténu de confiance qu'il avait réussi à tisser avec son aîné. Il n'en revenait pas. Il n'arrivait pas à le croire. Il se sentait idiot, coupable, et incapable.

C'est une tape de Markus sur sa main qui le tira de sa torpeur. Le même Markus qui saignait abondamment des deux paumes.

— Cesse de te ronger les ongles. Tu as eu peur, tu as surréagi, c'est pas la fin du monde. Je vais bien.

Et de fait, il allait bien. Sa main gauche était couverte d'un pansement et ne saignait plus, une soignante posait des sutures dans sa paume droite, les deux blessures étaient relativement superficielles, et une dose d'anesthésiant dans chaque main avait endormi la douleur. Il posa sa tête sur l'épaule de l'Alpha, dans un geste familier que ce dernier n'attendait pas, et ajouta, souriant presque :

— Si vraiment tu veux te rendre utile, donne-moi encore des phéromones. Ça me détend.

Julie haussa un sourcil amusé vers Juan, qui sourit malicieusement à son tour. Puis ils détournèrent le regard en prétextant devoir remplir les documents pour l'assurance de « Marc ».

Jasper s'exécuta bien volontiers, et plongea le nez vers le cou du brun, qu'il enlaça d'un bras. Il diffusa des phéromones faiblement, pour ne pas déranger les soignants et les patients, mais constamment, pour que Markus n'en manque pas.


***


— J'aurais pu monter tout seul tu sais ?

— J'me demande bien comment, Markus. Tu ne peux pas tenir la rampe de l'escalier avec tes mains et on t'a déconseillé de poser ton pied pour au moins deux jours.

Markus soupira, agacé, alors que Jasper l'aidait à s'assoir sur leur lit. Ils étaient de retour à la villa Tahéal après plusieurs heures aux Urgences.

— Repose-toi un instant, je vais te chercher à boire. Après je te laverai.

— Pardon ? Je peux très bien prendre ma douche tout seul !

— Markus... Tu ne peux pas utiliser tes mains, ni tenir debout. Je vais te faire couler un bain. Tu es couvert de vase, de sable, de sel et de sueur. Et puis c'est pas comme si je t'avais jamais vu nu.

— Mais... Je...

L'Oméga rendit finalement les armes, le besoin de se sentir propre après cette journée chaotique l'emportant haut la main sur la pudeur.


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