30 - Ici et maintenant

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Jasper ne pût prononcer un mot de plus : la bouche de Markus s'écrasait sur la sienne. Les bras de l'Oméga s'enroulèrent à son cou, paumes ouvertes, loin de l'eau dans laquelle l'Alpha était sur le point de basculer. Il se redressa lentement, extirpant son... ami ? amant ? il ne savait plus très bien – de l'eau. Debout sur le tapis épais, en équilibre sur un pied, le jeune homme à la peau pâle malgré l'été dardait sur lui un regard d'une intensité qu'il ne lui connaissait pas encore. Il en bégaya.

— Je... Je... Ne bouge pas.

— Je ne vois pas comment je pourrais.

Une moue amusée fleurit sur le visage de Markus. Jasper retint l'impulsion qu'il avait de l'embrasser encore, et l'enroula dans un grand peignoir.

— Je peux te porter ?

— Je... vais marcher. Doucement.

Clopinant, Markus accepta tout de même de s'appuyer sur le bras de Jasper pour aller s'assoir au bord du lit. L'Alpha s'installa près de lui, hésitant. Son cœur battait si fort qu'il avait l'impression que ce dernier allait sauter hors de sa poitrine. Du bout des doigts, il repoussa une mèche brune derrière l'oreille de son Oméga, qui tourna les yeux vers lui.

— Est-ce que je peux... t'embrasser encore, Markus ?

— Ben... oui ?

Son aîné lui sourit, et lui caressa la joue du dos de la main. Jasper se sentit rougir, et tourna le visage pour embrasser le bout des doigts de Markus, un par un, en prenant soin de ne pas toucher les parties blessées.

Lentement. Lentement, il redressa le nez, et se tourna plus franchement vers l'Oméga. Plus lentement encore, il glissa la pulpe de son index sur les lèvres de son amant, puis sur sa joue, jusqu'à perdre sa main au creux de son cou. Il était si près de lui qu'il pouvait sentir son haleine frôler sa bouche. Son sang battait si fort à ses oreilles qu'il n'était pas certain de s'entendre penser. Jamais il n'avait été aussi intimidé par un baiser. Markus ne bougeait pas. Il l'attendait. Ses yeux étaient fermés, alors qu'un instant plus tôt il le dévorait du regard. Le souffle court, Jasper ferma les siens, et apposa ses lèvres sur celles, entrouvertes, de l'Oméga immobile.

C'est à cet instant seulement que Markus remua. C'est lui le premier qui se rapprocha. Tout brouillon qu'il fût dans ses mouvements, c'est lui qui entrouvrit les lèvres, pour inviter l'Alpha à l'embrasser plus, plus encore. Ce sont les mains blessées qui se glissèrent dans les mèches châtaines.

Jasper frémit. Sur sa langue, celle de Markus avait le goût un peu âcre de l'antidouleur qu'il avait avalé juste avant d'entrer dans son bain. Sur sa langue. Celle de Markus. Qui n'était pas en chaleurs. Le cerveau de l'Alpha essayait très fort d'intégrer tous les paramètres, de chercher à savoir si oui ou non Markus était conscient de ce qu'il faisait, s'il fallait qu'il s'arrête, qu'il réfléchisse, qu'il parle. Mais sur sa langue, celle de Markus. Jusque dans sa bouche. Et leurs souffles, entremêlés.

Et là, entre eux, deux pulsations.

Inspirer.

Les lèvres de Jasper glissèrent sur la joue de Markus en même temps que sa main allait vers la ceinture du peignoir.

— Markus...

Il embrassa sa pommette.

— Est-ce que...

Ses lèvres glissèrent à nouveau vers la joue, et Markus arqua le cou, comme une invitation.

— est-ce que je peux ?

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