40 - Pourquoi ?

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— Bébé, je suis tellement désolé...

— Je sais, Jas. Ça va aller. Tu m'appelles dès que tu es rentré ?

Et moi, je vais omettre de dire à mon père que j'ai un second téléphone. Il pourra toujours me confisquer le mien, celui qu'il connait et qu'il écoute, probablement, l'autre je l'aurais toujours. Il faut juste que je ne le montre pas, jamais, à personne. Personne d'autre que Jasper ne sait qu'il existe. D'ailleurs, il est à son nom. C'est lui qui a eu l'idée.

Je lui caresse la joue et je ravale la supplique qui me vient. Je ne veux pas le quitter. Les dix derniers jours des vacances sont passés bien trop vite. Même en étant restés seuls les derniers jours. Après mon agression – même si moi j'ai toujours du mal à l'appeler comme ça – Jasper a demandé à nos amis d'écourter leur séjour. Seuls Julie et Juan sont restés, et j'ai pu à nouveau être moi-même. Julie a bien essayé de m'apprendre à nouveau à utiliser les phéromones, je n'ai jamais réussi. Et très vite laissé tomber. Je préférais rester collé à Jasper plutôt qu'essayer de le figer avec mes phéromones.

Et la veille de notre retour, Jasper a eu une longue conversation avec sa mère. Il va devoir s'absenter quelques jours dès notre retour. Cela signifie que pour quelques jours, je suis coincé avec mon père. Et mon frère, si j'ai un minimum de chance.

Achille n'ose pas trop aller contre la volonté de notre père, mais il essaiera au moins d'arrondir les angles en cas de conflit. Et du conflit, il risque d'y en avoir. Surtout si je lui dis que son mariage arrangé et ses luttes de pouvoir il peut se les garder.

— Bien sûr que je t'appelle.

Il me caresse la joue et je me tourne vers lui. Ses yeux brillent fort. Je l'embrasse.

Je n'ai pas envie de sortir de cette voiture. De rentrer chez moi.

Je l'embrasse encore, et essuie du pouce la sueur qui a perlé à sa lèvre supérieure. Et je m'arrache, saisissant ma valise dans le coffre avant de m'engouffrer dans l'entrée de l'hôtel particulier où je réside encore officiellement.

Plus pour longtemps, j'espère.

Il est tard, mais toutes les lumières sont allumées.

Il m'attend.

Son visage est fermé, plus encore que d'habitude.

Et Achille n'est pas là.

Je frissonne.

— J'ai eu une discussion intéressante avec ton ami Glenn.

— Bonsoir, Père. Ce n'est pas mon ami.

Il chassa ma remarque d'un geste négligent de la main.

— Il est venu me demander ta main.

Je dois pâlir un peu, parce qu'il reprend, avec un sourire qui n'annonce rien de bon.

— Il a dit que tes phéromones étaient originales, et que vous devriez pouvoir produire de bons petits Alphas dominants pour la gloire de nos deux familles.

— A-t-il également mentionné qu'il a tenté de me violer et que c'est MON Alpha qui l'a battu ?

Au rictus qui déforme brièvement son visage, j'imagine que non, et que j'ai un maigre atout dans ma manche. Je ne suis peut être qu'un Oméga, mais à ses yeux je viens de gagner en valeur en admettant que j'ai des phéromones, et surtout je suis l'Oméga de Dompérain, s'il refuse Jasper Tahéal c'est clairement qu'il vise plus haut que le fils d'un de ses bras droits. Alors il a beau vouloir me vendre, il n'est pas question qu'il laisse n'importe qui poser ses mains sur moi non plus.

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