Chapitre 14 : Incandescence.

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C H A P I T R E 14
INCANDESCENCE

























KATARINA

Le reste du trajet s'était déroulé dans le calme le plus pesant. Et lorsque la voiture s'était enfin immobilisée, j'en étais sortie pour respirer et prendre un bol d'air frais, sûrement le dernier avant un bon moment. J'avais vite été rattrapée par la situation quand Kalen m'avait attrapé les poignets et m'avais tirée jusqu'à l'entrée de la maison.

C'était une grande maison, sûrement plus grande que l'autre. Les murs de la façade étaient blanc cassé, et y retombaient en cascade du lierre qui pendait depuis le toit. Cette luxueuse maison avait un perron en marbre blanc, et des arches en guise d'entrée. Des palmiers parsemaient la cour du manoir, rendant le lieu plus attirant et charmant. Quelques cascades étaient allumées, laissant l'eau retomber dans un doux bruit apaisant.

Kalen me força à le suivre. Sans jamais me lâcher, il sortit une clé de sa poche, qu'il inséra dans la serrure, avant de pousser la porte de son pied. En d'autres circonstances, j'aurais admiré chaque parcelle de ce manoir. J'aurais touché chaque moulure qui recouvrait les murs, chaque meuble qui trônait dans cette pièce, chaque tableau de valeur aurait attiré mon attention, perchés sur ces murs. Mais aujourd'hui, dans ces circonstances, je me demandais simplement, si cette maison aussi allait être ma nouvelle prison ?

On traversa un salon blanc, moderne, qui paraissait inhabité depuis quelques années déjà, avant d'arriver dans un long couloir. Au bout, des escaliers. On monta aussi ces escaliers. Et plus on avançait et plus mon cœur de comprimait. Et plus il se comprimait et moins j'étais sereine. D'ailleurs, je ne l'avais jamais été.

Mais on arriva ensuite devant une porte. Kalen la poussa, et on entra dans la pièce. C'était une immense chambre à coucher, avec un lit tout aussi immense que cette pièce. On se croirait dans un décor de cinéma du vingtième siècle. Kalen lâcha mes poignets, et j'entrai, dirigée par mes pas. J'étais à la fois attirée par tout ce luxe, et répugnée par la somme astronomique d'argent sale que cette propriété représentait.

Au toucher des draps qui tapissaient le lit, mes doigt frémissaient. Jamais j'avais approché de près ou de loin quelque chose d'aussi cher. Cette chambre, c'était une fortune à elle seule. Ce lit immense à la literie blanche et rose pâle, ces meubles incrustés dans les murs blancs, eux même recouverts de moulures, ces vases en cristal posés sur des étagères, ce tapis beige au sol, qui chatouillait mes pieds nus. Tout ça valait bien plus que jamais dans ma vie je ne pourrais posséder.

La salle de bain en marbre blanc, collée à la chambre était elle aussi d'un luxe aberrant. Un miroir allant du sol au plafond en recouvrant un mur entier, une baignoire pouvant accueillir deux voire trois personnes, une vaste douche à l'italienne, entourée de délicats parois de verre si propre qu'ils étaient presque invisibles.

Kalen, accoudé à la porte de la chambre la referma derrière lui. Il entra dans la pièce, et s'approcha lentement de moi.

— Considère cette chambre comme ta nouvelle cellule.

A peine ces mots prononcés, que toute la richesse rassemblée autour de moi me répugnait. Et je me demandais sincèrement comment tout cet argent pouvait me dégoûter à ce point, moi qui n'avais toujours rêvé que d'une chose : pouvoir vivre paisiblement, sans avoir à me soucier de l'argent, ou sans avoir à vivre dans le besoin.

Mais cette pièce allait devenir ma prison dorée. Et je savais que même faire d'or, une prison restait une prison.

Kalen sortit de sa poche son téléphone, et l'approcha de son oreille.

𝐏𝐑𝐈𝐌𝐀𝐕𝐄𝐑𝐀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant