Chapitre 3 : Souvenirs.

108 11 14
                                    


























C H A P I T R E 3
SOUVENIRS.





















KATARINA

J'avais froid. Très froid.

J'avais faim aussi. Soif. J'avais mal partout.

Je tentai de me redresser mais la douleur me transcenda d'un coup dans l'entièreté de mon corps. Ma main se porta à ma côte. Probablement fêlée. Il n'y était pas allé de main morte cette fois-ci.

Le soleil levant se faufilait à travers les planches de bois miteuses qui recouvraient la seule fenêtre de la pièce. C'était mon unique réconfort. Je passais mes journées à observer les mouvements des ombres au fil du jour.

Je ne savais pas vraiment où j'étais. Mais je savais que j'étais sur une île, sûrement déserte si j'écoutais ce qu'on m'avait dit le premier jour de ma captivité :

« Tu peux hurler autant que tu veux, il n'y a personne à des kilomètres à la ronde. »

J'observais les gravures sur le mur. Je saisis mollement le morceau de métal qui trainait sur le sol sale et marquai avec le peu de forces que j'avais une barre, correspondant au quatre-vingt seizième jour depuis que j'étais arrivée ici, soit trois mois et cinq jours.

On était début mars. Les températures chutaient à cette période de l'année. Vêtue d'un simple débardeur et d'un short tout les deux déchirés par endroits et couverts de suie, l'air gelé me paralysait.

D'ailleurs, la date de mon anniversaire approchait. Rien que d'y penser, un frisson me parcourut. Je ne savais pas pourquoi, il y avait quelque chose de sombre rattaché à cette date pour moi. C'est ce jour-là que tout a basculé. Que mes parents sont morts et que ma vie n'a plus jamais été la même.

Je n'avais pas vraiment de souvenir de ce jour. Seulement des sensations. Je crois que mon cerveau avait oublié ce qu'il s'était passé mais que mon corps s'en souvenait toujours. J'avais toujours cette impression de me noyer, ou d'avoir la tête sous l'eau, et d'être incapable de respirer. Et le seul souvenir réel que j'ai, c'est la police fouillant notre maison de fond en comble. C'est tout ce dont je me souviens.

Il faisait si froid ici que j'éternuais. Je crois que je commençais à attraper froid.

J'y étais habituée maintenant. Je n'attendais pas qu'on vienne me délivrer. Où en tout cas, je n'attendais que la mort et personne d'autre. Au début j'espérais que Dante ou Daemon vienne. Et puis je me suis rappelée qu'à cause de moi leur Jefe était mort. Alors j'avais abandonné l'idée.

Rien que de penser à ce que j'avais fait, mon cœur se serrait. Sans moi, il serait encore vivant. Sans moi, la maison de sa mère n'aurait pas été saccagée.

Étais-je folle si je disais qu'il me manquait par moments ?

Oui, probablement. Je devais sûrement délirer. Le froid me montait au cerveau.

Une chose était certaine, j'ai préféré être la captive des Manadez plutôt que d'eux. Ils sont impitoyables. Ils ne sont pas lui.

Je ne pleurais plus maintenant. J'avais tellement peu d'énergie que même pleurer m'était impossible. Je regardais juste dans le vide, attendant que la nuit se couche et qu'une nouvelle journée s'en suive.

𝐏𝐑𝐈𝐌𝐀𝐕𝐄𝐑𝐀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant