Chapitre 19 : Monstrueux, Kalen.

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C H A P I T R E  19
MONSTRUEUX, KALEN






















KATARINA

Je ne savais ni où on allait, ni pourquoi est-ce que j'étais seule avec lui. Il ne m'avait rien dit, mais je n'osai pas parler parce qu'à ses muscles tendus et son air frustré, je savais qu'il ne ferait qu'une bouchée de moi. Alors je m'accrochai à ma ceinture de sécurité de toutes mes forces, parce que la vitesse à laquelle on allait me donnait envie de vomir. Je fermais les yeux et me concentrai sur ma respiration.

« Il n'y a rien que tu ne puisses pas supporter, il n'y a rien que tu ne puisses pas supporter, il n'y a rien que tu ne puisses pas supporter. »

Je me répétais cette phrase inlassablement parce que c'était la phrase qu'Enzo m'avait apprise. D'une certaine façon, je me sentais encore liée à lui par les petites choses qu'il m'avait laissé à travers ma vie, par les petites phrases qui me réconfortaient, par les petites habitudes du quotidien. Des petits détails qui me permettaient de ne pas l'oublier, malgré la colère que je ressentais envers lui. C'était mon frère, celui qui m'avait élevée, écoutée, rassurée, protégée. Et peu importe les conditions actuelles, c'était lui, mon tout.

Je respirais comme je pouvais, mais mon cœur battait bien trop vite pour me raccrocher à ses battements. D'un côté, j'espérais profondément que cette voiture tombe de la falaise et qu'on meure tout les deux. Ça signerait la fin du règne d'un narcotrafiquant ayant la main mise sur plusieurs pays, mais aussi ma fin à moi, Katarina Esperanza Vasquez, qui me serait retrouvée mêlée à lui contre mon gré. De l'autre côté, je voulais vivre désespérément. Mourir me faisait peur. Étai-je prête à quitter ce monde sans avoir levé le voile sur tout ces secrets qui entouraient moi et ma famille ? La réponse était non.

Je voulais savoir pourquoi est-ce que tout cela était tombé sur moi, pourquoi est-ce que tout les Cartels du pays me cherchaient, pourquoi étais-je aussi importante alors que jamais auparavant je n'étais entrée en contact avec les Manadez ? Tout ça, toute cette situation me dépassait. Et rien de ce que je pourrais dire ou faire ne changera la donne, parce que mon avenir n'était tout simplement pas entre mes mains. Il ne l'avait jamais été, en fait.

Je voulais savoir pourquoi j'étais dans une voiture aussi chère, à côté de cet homme dangereux, élancés à toute vitesse sur une route de montagne ? Mais plus grave encore, je voulais savoir pourquoi est-ce que Kalen conduisait comme si il avait plusieurs vies ? Il dépassait, zigzaguait, freinait sèchement, collait presque les autres automobilistes ! Et le son des klaxons qui s'élevaient dans le ciel n'avait pas l'air de le déranger. Il se contentait de passer sa main par la vitre baissée et de faire des doigts d'honneur à tout le monde.

Je voulais me faire toute petite, me cacher pour qu'on ne croie pas que j'étais la copine ou la femme de ce truc ! J'observai le paysage, les voitures qui passaient à côté de la nôtre, et même une moto qui se cabrait de mon côté de la route. Ça avait l'air à la fois technique et dangereux. Les gens mettaient leur vie en danger pour très peu, de nos jours.

Mais soudain, une voiture nous dépassa et Kalen dut freiner pour ne pas lui rentrer dedans, il s'est arrêté en plein milieu de la route, a défait sa ceinture, et a ouvert la porte.

— Non, non non laissez-le ! Crié-je, effrayée par ce qu'il était capable de faire.

Il ne m'a bien-sûr pas écoutée, et je l'ai vu s'approcher de la voiture devant. Il a ouvert la portière, et la seule chose que j'ai vue, c'est son poing s'abattre sur le visage de l'homme à l'intérieur, parce que je me suis couverte le visage de mes mains. Je ne voulais pas voir ça... La facilité avec laquelle il arrivait à faire du mal aux gens me dépassait complètement !

𝐏𝐑𝐈𝐌𝐀𝐕𝐄𝐑𝐀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant