Chapitre 27 : Dans ses yeux.

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C H A P I T R E 27
DANS SES YEUX






















KATARINA

La voiture s'immobilisa devant le magasin de vêtements pour femmes.

Depuis quelques temps les vêtements de Calista ne me suffisaient plus. Ils étaient sincèrement dans un sale état après en avoir vu de toutes les couleurs. Kalen avait accepté de m'emmener en acheter de nouveaux, agacé que je doive mettre les siens à chaque fois.

Il balança sur mes genoux une épaisse liasse de billets enroulés et retenus par un élastique. C'était la première fois que je tenais autant d'argent entre mes mains. Je fourrai les billets dans ma poche et tirai la poignée pour ouvrir la porte.

Elle ne s'ouvrit pas. Évidemment.

Kalen remonta ses lunettes de soleil sur ses cheveux pour me menacer de regard. Je me demandais ce que j'avais encore fait pour qu'il m'observe comme ça.

— Règle numéro une, tu ne parles à personne. Règle numéro deux, tu ne parles à personne. Règle numéro trois, tu ne parles à personne. J'espère que c'est assez clair ?

— C'est-

— Parfait. Tu peux y aller.

Les portes se déverrouillèrent lorsqu'il appuya sur le bouton, et sans perde une seconde, je sortis du véhicule.

Une dose d'adrénaline s'infiltra presque instantanément dans mes veines. C'était la première fois en trois mois que je mettais les pieds dehors seule. Ou presque. Je savais pertinemment que Kalen m'observait de là où il était alors m'enfuir n'était même pas une option. Pas encore.

Je poussai les portes du magasin, soudain revigorée d'une euphorie sans nom. Je savourais chaque seconde que je passais seule, parce que ces trois derniers mois entourée de gens aussi cinglés les uns que les autres avait déteint sur mon esprit. Je ne pouvais même plus me souvenir de la dernière fois que j'avais ri d'un rire sincère et non pas feint, ou triste.

Flânant dans les rayons, je posai dans mon panier accroché à mon bras les vêtements qui me plaisaient. Je profitais de l'argent que Kalen m'avait confié pour me faire plaisir. Si c'était lui qui payait, je n'allais pas me gêner pour tout dépenser. Je méritais bien ça, après tout.

Tout ces vêtements étaient aussi beaux les uns que les autres. J'attrapai une robe couleur vert émeraude qui m'irait parfaitement au teint. Elle était absolument magnifique. On aurait dit une robe de soirée, mais aujourd'hui j'avais décidé de me faire plaisir. Même si je ne porterais probablement jamais cette robe, je voulais pouvoir l'admirer tout les jours.

Je continuais mes emplettes en prenant tout mon temps pour faire durer le plaisir. Les vendeuses me regardaient de l'autre côté du magasin, se demandant sûrement comment une fille habillée aussi pauvrement que moi allait pouvoir s'offrir tout ça.

En les entendant glousser dans mon dos, toute ma confiance s'évanouit. Je me rendis compte que rien n'avait changé. Peu importe où j'allais, j'étais toujours trop pauvre, habillée trop modestement, trop sobrement. Les gens des villes comme Armenia qui abritaient les quartiers plus favorisés se permettaient toujours de juger et de rabaisser les autres. La Colombie n'était pas un pays riche, loin de là. La nation croulait sous les dettes et la criminalité, alors lorsqu'on sortait du lot, on n'hésitait pas à le montrer.

Quitte à ce que les autres en payent les pots cassés.

Je me crispai alors, plus réticente a l'idée d'acheter cette robe verte. Je la regardais d'un œil nouveau, posée soigneusement dans le fond de mon panier. Avais-je vraiment besoin d'une robe ? Avais-je même le corps pour ? N'étais-je pas d'une classe sociale trop basse pour porter ce genre de robes luxueuses ?

𝐏𝐑𝐈𝐌𝐀𝐕𝐄𝐑𝐀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant