Ces mots sont douloureux à poser, mais j'espère qu'ils te, qu'ils nous rendront justice. Tu mérites bien ça. J'espère qu'un jour tu me pardonneras. Prends soin de toi.
Tout commença un après-midi de décembre. Il était beau. Moi, j'étais triste. Il avait cet éclat dans le regard, cette lueur de volupté que je ne connaissais à personne d'autre. Il a compté pour moi à la seconde où je l'ai rencontré. Nous discutions peu, rigolions beaucoup. Il savait me faire rire. Les "pourquoi" n'avaient pas leur place entre nous, les "comment" non plus. Je crois que je suis tombée sous son charme dès la première fois que je l'ai vu. Et cet amour fraternel qu'on partageait m'était précieux. Et je pense que j'aurais pu faire n'importe quoi pour que ce soit moi qu'il veuille rendre heureuse. Je tombai amoureuse ; mais il ne le remarqua jamais, ou trop tard, sans doute.
Tu sais bien qu'elle se mettra toujours entre nous, mais c'est pas grave ; je peux accepter de vivre sans toi. Toi, tu ne peux pas accepter de vivre sans elle.
Je n'ai jamais vraiment compris dans quoi je m'embarquais. Je suppose qu'elle non plus. Il souffrit beaucoup ; et moi, j'étais là.
J'écrivis des chansons sur lui, il écrivit des chansons pour moi. Nous passâmes des heures à fumer, nous abimer la santé, et d'une certaine façon, nous aimer.
Il y a eu la patinoire, et il y a eu l'hiver. Il y a eu le chat au micro-ondes, et il y a eu le Loops. Il y a eu les soirées, puis il y a eu les nuits. Il y a eu cette journée où tout a commencé ; la glace, l'iconique bouteille de Jack, et ses mots. Ses mots qui m'ont apaisé, qui m'ont permis pendant un court instant d'aller mieux.
Je n'ai pas souvenir de l'avoir vu sobre depuis que nous nous connaissons. Non, il était plutôt mystérieux et téméraire, mais ça me plaisait. Je trouvais ma vie insipide ; lui y ajoutait de la substance, de la profondeur.
On avait l'impression que la vie nous chiait à la gueule. Et, malgré nos cœurs remplis de bonnes intentions, on a fini par se détruire mutuellement.
Sa présence m'était indispensable, et réciproquement.Il essayait de me rendre heureuse, de me faire sourire, mais il s'y est mal pris ; et et je lui répétais trop souvent qu'il ne serait jamais quelqu'un de bien, alors qu'il faisait tous les efforts possibles pour tenter de me prouver le contraire.
On a tout gâché parce qu'on a rien fait correctement. Et, avec le recul, comment aurait-il pu en être autrement ? J'étais perdue et toi, désespéré.
Parfois, je l'aimais trop ; et lui, pas assez.
Je t'ai dit que je voulais aller mieux. Et quand ça s'est enfin présenté, j'ai pris conscience que je n'avais pas besoin de toi pour y arriver.
Et je suis infiniment désolée de t'avoir autant blessé.
Mais je sais que si je m'excusais auprès de toi, tu me pardonnerais. Et c'est ça, le truc : je ne peux pas te laisser me pardonner et te laisser faire ton come-back dans ma vie, parce que tu risquerais, même sans le vouloir, de tout gâcher.
Et je ne peux pas te laisser gâcher ma vie à essayer de me prouver qu'on pourrait vivre quelque chose de beau, plus maintenant.
Maintenant j'ai une vie tu sais. Une vie à laquelle je tiens.
Et je suis tellement désolée de refuser que tu en fasses partie.Il y a eu le pot de glace, la bouteille de Jack ; il y a eu Montréal, ton retour, le studio, la musique. Il y a eu nos soirées, nos baisers. Il y a eu elle, il y a eu lui, et nos esprits embrumés par toute cette fumée. Et puis, il y a eu nous, piégés au milieu de tout ce bazar.
On s'est retrouvés empêtrés ensemble dans quelque chose qui nous dépassait, et ça nous a pas fait de bien. Je sais que tu dirais sûrement que "non, on a juste essayé d'aller mieux ensemble, on s'y est simplement pas pris de la bonne façon". Mais non, je pense que tu as tort. On s'est tirés vers le bas en prétextant des excuses. On s'est dit que, parce qu'on se marrait, ou qu'on appréciait ces moments ensemble, ça devait bien nous apporter quelque chose de positif. Mais la réalité, Maxi-Moi, c'est qu'on s'aimait tellement qu'on a tout fait de travers pour ne pas avoir à l'assumer.
Et même si une part de moi t'aimera toujours un peu au fond, ou que ça m'a déchiré le cœur de t'avoir revu ce soir-là au bar et de ne pas avoir cherché à discuter, je crois qu'on sait tous les deux que le mieux à faire pour nous, c'est d'essayer de s'oublier.Et c'est ainsi que j'ai gâché ce qui aurait pu être l'histoire la plus palpitante et inconsciente de toute ma vie.
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Nous En Parlerons Un Jour
Non-FictionRecueil de quelques indices semés un peu partout dans la nature qui m'aideront probablement à découvrir qui je suis vraiment, un jour. "L'amour, c'est une chance, un voyage, et parfois même, une trahison. C'est beau et en même temps, si fragile."