Ceci est ton jugement, et tu sauras à présent que d'autres sauront ce que nous savons tous deux. Ils connaîtront la souffrance que tu m'as infligée, et le bonheur duquel tu m'as pendant si longtemps privée.
À toi.Voilà donc ce que je n'ai qu'été pendant tout ce temps à ses yeux : un fantasme.
Les fantasmes sont une idée, une représentation imaginaire suggérée par l'inconscient.
C'est donc ce que je suis pour lui, ce que j'ai toujours été ; seulement un fantasme, rien qu'une idée, une utopie.
Je ne suis qu'une idée. Je représente l'impossible, un but jamais atteint, une chose précieuse et intouchable.
Il n'était donc qu'un lâche, incapable de se battre pour moi.
Je n'étais qu'une sorte de trophée qu'il rêvait de posséder, un objet de convoitise dont il se languissait lorsque je lui étais hors de portée.
Et il a fini par avoir ce qu'il voulait. Ou plutôt, ce qu'il désirait. Il m'a eue. Il m'a possédée. Il m'a utilisée autant de fois que nécessaire, pour le satisfaire, le contenter.
Ensuite, je suis devenue un peu trop encombrante - les défauts de l'amour aveugle et sans limites, me direz-vous - alors, il m'a évincée. Peut-être était-ce par souci de changement, ou était-il las de mon excentricité et de mes peurs qui devenaient phobies à mesure que le temps passait.
Je l'aimais. Je l'aimais plus que tout, plus que la vie elle-même.
Seulement, je n'étais rien de plus à ses yeux qu'un vulgaire objet, dont on se débarasse lorsqu'il complique les situations, ou qu'il devient inutile.Tu m'as souvent répété que tes sentiments n'avaient jamais été aussi puissants que ceux que tu avais pu éprouver pour moi. Je pense que tu te trompais ; je n'étais pas un amour potentiel, mais un fantasme. Oui, ce que tu t'étais donné pour mission de posséder afin de le rendre réel, de me rendre réelle.
J'ai pensé à lui.
J'ai pensé au cancer de sa mère, à la mort de mon grand-père, au divorce de ses parents et à mon besoin maladif d'attention que je n'arrivais pas à combler.
J'ai en fait pensé à tout ce que nous avions traversé.
Et je regardais ces souvenirs s'émietter et disparaître petit à petit, sans vraiment pouvoir y faire quelque chose.
J'ai pensé à nous. J'ai pensé que trois ans, c'était beaucoup. J'ai pensé qu'il ne m'avait apporté ni la sécurité, ni le respect que je méritais pendant tout ce temps passé à se malmener mutuellement et à se déchirer.
J'ai pensé à lui, surtout. Je me suis dite qu'il était quelqu'un de bien, malgré tout.Tout me semble insurmontable depuis ton départ. Je t'ai donné tout l'amour qu'il m'était possible de donner, et j'ai peur qu'il ne m'en reste plus assez.
Et j'ai arrêté d'y penser. Petit à petit. J'ai cessé de penser à lui la nuit, puis essayé de ne plus en faire quelqu'un d'indispensable.
Je pensais tout cela insurmontable, et pourtant ; après tant de temps passé à l'aduler, je m'en voyais débarassée.Je t'aimais. Je t'aimais tant. Et nous voilà maintenant, séparés, et heureux, chacun de notre côté.
Je te dis merci, merci pour tout. Pour le chagrin, pour la sueur, et pour m'avoir rendue un peu meilleure. Merci pour cette dernière soirée de sérénité que tu m'as offerte où nous avons dansé alors que Still Loving you passait, avant le déluge. Merci pour ces nuits que tu as passé à essayer de me sauver la vie, en tentant de me convaincre que tout irait mieux, un jour.
Et tu vois, tu avais raison ; tout va mieux aujourd'hui. Tu n'es plus là pour le savoir, mais tout va mieux.
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Nous En Parlerons Un Jour
Non-FictionRecueil de quelques indices semés un peu partout dans la nature qui m'aideront probablement à découvrir qui je suis vraiment, un jour. "L'amour, c'est une chance, un voyage, et parfois même, une trahison. C'est beau et en même temps, si fragile."