Je T'aime / Moi Non Plus

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C'est ça l'amour. Ça se trouve, ça s'apprivoise et ça se consume. C'est volage, l'amour. Terriblement volage. Et décadant aussi. Mais diablement bon. Et tout ça à la fois.
J'aime à dire que l'amour se trouve un peu partout, dans beaucoup de cœurs, et qu'il y a tellement de possibilités de le trouver que c'en deviendrait presque insipide.
J'aime l'amour.
Je pense l'avoir déniché plus d'une fois au cours de ma pitoresque existence, et sous de pourtant très différents aspects.
J'aime ma mère. J'aime mon père. J'aime partager. J'aime la neige. J'aime l'odeur enivrante des fleurs de lys. J'aime le bruit de la pluie qui martelle aux fenêtres lors des nuits orageuses.
J'aimais aussi quand il me faisait rire. J'aimais sentir son parfum sur mon oreiller après son départ. J'aimais la fâcheuse tendance qu'il avait à me contredire sans arrêt. Et s'il était encore là, il vous dirait sûrement qu'il m'aimait aussi. Seulement s'il l'était toujours, je ne le serais pas.
Je ne saurais dire quand j'ai cessé de l'aimer. Peut-être n'est-ce toujours pas le cas.
Seulement, l'amour, bien que naissant pure, peut devenir égoïste. Et nous en avons souffert. Affreusement souffert. Nous étions malheureux. Je le suis toujours. Mais il n'avait pas à supporter ce fardeau. Il était déjà bien trop lourd à porter pour moi.
Je me demande parfois si nous aurions pu venir à bout de la douleur et la noirceur qui m'obsèdaient tant. Je pense que non. Tant pis.

Je l'ai revu quelques temps après. Il n'avait pas changé à mes yeux, tout du moins en apparence.
Nous avons traversé Bellecour dans le brouhaha de la foule qui se dessinait tout autour de nous. Nous avons un peu discuté. De rien. De tout. De nous. J'appris bientôt qu'il cherchait à se recaser avec une nana de sa classe. Je lui ai souhaité bon courage. Il ne m'a pas remercié. Puis il m'a finalement questionnée à mon tour. J'ai dit que je ne voulais pas en parler. Pas maintenant. Il n'a pas plus insisté que ça.
Quelque chose s'était éteint dans son regard. J'appris plus tard que les larmes que j'avais versées plus tôt dans la journée ne seraient pas de peine, et qu'il avait versé les mêmes quelques jours auparavant.
J'eus du mal à le regarder dans les yeux pendant un moment. Je sentais les larmes poindre en moi à chaque fois que son regard venait se poser sur moi. Ce fût long et douloureux. Un peu comme la première fois où nous avons fait l'amour. Pour de vrai. Seulement, à la place de s'étreindre, nous nous éloignions.

Nous En Parlerons Un JourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant