Souvenirs d'Une Nuit

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Ça a été très silencieux.
On a bien dû passer un quart d'heure au lit sans dire un mot... En fait non, la dernière fois que j'ai regardé l'heure, il était onze heures et demi passé.
Je ne comprends pas moi-même ce qui est arrivé.
Il est descendu le long de mon ventre, puis de mes cuisses, pour enfin arriver au mystère encore inassouvi que je lui cachais alors.
Il m'a questionné du regard. Je lui ai répondu que non, je n'en avais aucune envie. J'ai pensé que ça n'avait aucun sens, qu'un homme ne pouvait pas aimer faire ça, que c'était dégueulasse, bizarre, immonde. Je me suis même dégoûtée. J'avais honte pour lui. Et je ne voulais pas que sa langue se faufile dans ma bouche après être passée un peu plus bas.
Il a été doux. Plus doux que la plupart des autres. Je l'ai comparé à eux, je me disais qu'il risquait lui aussi de me comparer à elles. Ça m'a contrarié. Je me suis demandée s'il aimait ce qu'il faisait ou pas du tout, s'il avait déjà vu mieux ou pire ; vu des chattes plus ou moins bien épilées, entendu des cris qui lui avaient donné envie de continuer.
Je me laissai embarquer dans une spirale dont je n'arrivais pas à me dépétrer.
Je lui ai dit d'arrêter. Il l'a fait, mais son regard signifiait que c'était à contrecœur.
Il savait.
Je ne le regardai plus dans les yeux.
Je me dis que sans doûte, il avait compris, ou bien il aurait posé quelques questions hasardeuses d'un air un peu dubitatif.
J'ai versé une larme, il ne s'en est probablement pas aperçu.
J'en ai versé d'autres ; je crois qu'il a détourné son regard.
Je l'aimais. Je l'aimais tant. Je l'aimais parce qu'il était tout ce que je voulais, tout ce que je désirais.
Ça a été une nuit très longue.
Il s'est faufilé à tâtons une fois ou deux contre moi, en moi. Il a joui la première. J'ai interrompu la deuxième tentative. J'ai fumé une blonde entre temps. Comme dans les vieux films.
Il m'a prise dans ses bras. J'ai tapé dans ses poings à plusieurs reprises. J'ai pensé quelques secondes que je ne pourrai pas cesser de ressasser le passé, que j'étais perdue et que je ne me retrouverai jamais. Nous avons pleuré. Il souffrit pour moi, je souffrais pour tout.
Nous nous sommes endormis tard. Il devait être un peu plus de trois heures du matin. J'étais fatiguée. Lui aussi.
Je me suis réveillée un peu plus tard, aux alentours de huit heures et demi. Je l'ai réveillé. On a souri.
Ça a été un doux moment.
J'aurais aimé qu'une bande-son d'un vieux film des 60's tourne toute la nuit, pour l'ambiance, comme les gens le disent souvent.
Mais il n'y eut aucun bruit. Ce fût calme et silencieux. Nous n'avons entendu que certains cris étouffés de plaisir. Ça a été une jolie nuit. Douce et sans bruits.

Nous En Parlerons Un JourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant