Nous En Parlerons Un Jour

Première Fois, Dernière Fois

Nous avons passé notre dernière soirée ensemble.
Nous avons bu ; assez pour que je ne pense pas à son départ qui devenait certain et imminent.
Nous avons joué aux cartes pendant quelques heures, jusqu'à ce que l'alcool nous fasse oublier la notion de concentration.
J'ai enfoncé ma langue dans sa gorge un petit paquet de fois ; juste assez pour qu'il en redemande.
Nous n'étions pas seuls, mais cela nous était égal ; les dernières heures qui nous sépareraient bientôt filaient à toute allure.
Nous sommes donc montés dans une chambre après avoir pris un bain, et nous avons fait l'amour ; nous y avons passé du temps, le peu de temps qu'il nous restait.
Je n'ai pas vu les minutes s'envoler les une après les autres, mais cette soirée ne m'aurait jamais paru aussi courte.
Nous n'avons pas pleuré ; nous n'avons pas même évoqué son départ qui pourtant se faisait proche.
Je pense que son voyage qui paraîssait si prématuré nous a permis de nous avouer des choses que nous n'aurions probablement pas eu la délicatesse d'évoquer si nous n'avions pas eu à nous séparer si vite.
L'imminence de la perte presse la sincérité, d'habitude si rare, mais si belle.
Nous nous sommes donc livrés l'un à l'autre, tous deux mis à nu par la parole et par les gestes.
J'avais peur que cette soirée soit la dernière que je passe en sa douce compagnie ; et je suppose que le creux de mes cuisses lui manque depuis.

Il est donc parti. Je l'ai laissé prendre cet avion, et tout était fini. Je l'ai perdu sans ne pouvoir rien y faire.
Il se tenait là, devant moi ; et la minute d'après, il était déjà si loin.

Je ne sais que dire afin de décrire l'immense chagrin que son départ m'a apporté - la distance n'a pas aidé.

Et je pense qu'au fond de moi, je t'aimerai toujours. Je garderai la cicatrice que ta perte m'a causé, et jamais plus dans les bras d'un autre je ne pourrai me sentir autant en sécurité ;
Tu étais quelqu'un de bon, de généreux,
Et je ne sais dans quel état je te retrouverai ;
Mais, mon amour, sache que jamais plus personne ne m'apportera autant que tu m'as apporté.