alunissons

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« J'ai pas les pieds sur terre.
J'ai besoin d'espace. »


Dès leur sortie du vestiaire, Mason avait rejoint le binôme avant de regagner le parking souterrain en empruntant des chemins peu fréquentés. Le trajet jusqu'à la maison de l'anglais s'était déroulé dans un silence absolu. Le revêtement de l'habitacle métallique avait surchauffé, imprégné par les pensées ardentes des passagers. Tous occupés à ressasser les événements de la soirée.

Le seul moment où le son d'une voix s'était fait entendre dans le véhicule, était lorsque Kai avait remercié Mason d'être réapparu sur le terrain.

Après cette unique parole, l'allemand s'était à nouveau tourné vers la vitre et avait inspiré profondément. L'air saturé d'un mélange de parfums familiers emplissait ses narines ; le cuir neuf des sièges de la berline, l'arôme de café que l'anglais renversait quotidiennement sur les tapis, l'odeur de gel douche et celui que Kai préférait, un nuage de vanille flottant au-dessus de la banquette arrière.


À leur arrivée dans la demeure de son coéquipier, les pas de Kai le mènent vers le salon, sans daigner illuminer la pièce.

Dans cette obscurité tamisée, le silence enveloppe son âme tourmentée. Les ombres de ses amis dansent sur les murs alors qu'ils rangent encore leurs affaires dans l'entrée. Épuisé par les émotions qui l'ont assailli, l'allemand s'effondre sur le canapé, laissant sa tête s'enfoncer dans les coussins moelleux.

Les souvenirs de cette soirée virevoltent dans son esprit, tels des spectres qui persistent à le tourmenter. Les paroles blessantes résonnent encore à ses oreilles. Et les regards accusateurs le hantent.

Mais, dans l'obscurité réconfortante de ce salon, il trouve un refuge.

Un havre de paix où il peut enfin baisser sa garde.

Ses paupières lourdes se ferment lentement tandis que Morphée l'accueille de ses bras apaisants. Les tensions de la soirée s'évanouissent peu à peu, laissant place à un calme bienvenu.

Mason et sa cadette le découvrent assoupi à leur entrée dans la pièce, seulement cinq minutes plus tard. Son hôte prend soin de fermer toutes les tentures pour lui éviter un pénible réveil à l'aube, alors que Sophia dépose une couverture sur le corps endormi du footballeur.

La fratrie regarde une dernière fois leur visiteur pour la nuit, afin de s'assurer qu'il ne manque de rien.

- Merci de m'avoir prévenu, dit Mason en brisant le silence, toujours les yeux rivés sur son ami.

- Pas la peine de me remercier. Si le vigile sur le terrain n'avait pas le physique d'un tank, j'y serais allée moi-même.

Ils quittent silencieusement la pièce et montent les escaliers. Leurs chemins se séparent alors qu'ils se souhaitent une bonne nuit en chuchotant.

En sortant de la salle de bain, l'anglais perçoit un souffle d'air glisser sous la porte de la chambre de Sophia. Il se penche, passe la tête dans l'ouverture et inspecte les lieux. Mason découvre sa sœur sur le balcon, ses yeux parcourant le spectacle céleste au-dessus de sa tête.

- Ça va ?, lui demande-t-il en arrivant au niveau de la fenêtre.

Elle se retourne vivement, surprise de ne plus être seule, et esquisse un petit sourire.

- Je n'arrive pas à dormir, alors je profite de la vue.

Il s'approche et s'appuie sur le garde-corps du balcon en soufflant.

𝘞𝘢𝘯𝘥𝘦𝘳𝘪𝘯𝘨 𝘴𝘵𝘢𝘳  -  ᴋᴀɪ ʜᴀᴠᴇʀᴛᴢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant