Le parfum de la réussite

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J'ouvre les yeux doucement. Une légère odeur fleurie parvient à mon nez, et j'identifie rapidement sa source.

Muichiro est allongé à côté de moi, les cheveux dans le vent, même s'il les avait préalablement attaché. Je l'ai rejoint hier tandis qu'il fixait la lune. Nous sommes restés silencieux, scrutant le ciel obscur, avant de nous endormir sur la toiture froide. Il devrait y construire une terrasse. C'est super dangereux, on aurait pu tomber pendant notre sommeil. J'essaie de me lever avant de m'apercevoir qu'il a un bras sur moi, comme s'il me faisait un câlin.

Ne te laisse pas attendrir.

Je retire son bras et le rabat sur lui, en me remettant le programme en tête.

Petit déjeuner, retranscription des combats de la veille, entraînement au katana et au corps à corps, PEUT-ÊTRE déjeuner, étude sur les démons. Après cela, on a une heure de temps libre, le dîner avec les autres pilier, puis on enchaîne avec la tournée nocturne. Tout cela avec un sommeil restreint. C'est dur, mais nécessaire.

Pendant l'heure libre, j'ai prévu de m'exercer sur la dissimulation de mes émotions, car mes traits sont un peu trop expressif, selon le pilier.

Voilà un an que je vis au domaine de la brume, et je peux presque humer le parfum de la réussite. Ces derniers mois, je me suis entraînée sans relâche jusqu'à être capable de maîtriser entièrement le souffle de la brume officiel, sans compter le mouvement inventé par Muichiro. J'ai dû me priver de voir ma famille et mes amis, mais, en voyant les progrès que j'ai fait, je me dit que ça en vaut la peine.

La voix rauque et ensommeillée de ce dernier interrompt le fil de mes pensées.

Muichiro: Bonjour.

Akari: Bonjour.

Il se redresse et remet en place ses cheveux, estompant leur parfum odorant. On se regarde silencieusement, sans savoir quoi dire.

Finalement, il me sourit et descend l'échelle qui nous a permit d'accéder au toit. Je le suis.

Muichiro: On mange quoi ?

Il est con ?

Akari: Bah, c'est toi qui cuisine.

Muichiro: Ah, oui.

Je savais pas que c'était possible d'oublier un truc qu'on fait tous les jours.

Muichiro: Euh... On peut manger le riz d'hier... avec... des carottes.

Akari: Ça fait trois jours qu'on mange des carottes, Muichiro.

Muichiro: Je crois qu'on a rien d'autre.

Ah.

Ellipse

Je me dirige en courant vers le réfectoire avec Mitsuri.

Celle-ci m'a demandé de faire l'entraînement au corps à corps avec elle pour affiner ses réflexes, alors j'ai accepté.

Grave erreur.

Elle m'a écrasé. Même si c'est un pilier, je ne m'attendais pas à ce qu'elle est une force physique aussi impressionnante. Sûrement parce que c'est Mitsuri Kanroji, un bébé dans un corps adulte. J'aurai dû me méfier.

Mitsuri: Au fait, la dernière fois j'étais avec Natsuko, et on a mangé des daifuku. C'était in-cro-yable. J'étais surprise par la douceur de la pâte...

Elle continue, passionnée par ses daifuku, jusqu'à ce qu'on arrive.

Je remarque directement que Muichiro n'est pas là; il doit s'être perdu. Je m'asseois à côté de Gen'ya. J'ai réussi à l'ouvrir un peu: il est plus loquace qu'avant, et il sourit plus.

Aoi prend place à côté de moi, et Kanao en face de l'adolescente, à côté de Kocho.

Une heure plus tard, alors que nous avons déjà entamé le repas (embelli par les exclamations de Rengoku devant ses yakitori), le pilier de la brume n'est toujours pas là. Peut-être qu'il n'a pas faim.

N'empêche que je n'arrive pas à ignorer son absence. J'ai besoin de lui, en quelque sorte.

BrouillardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant